Cher Journal,
Aujourd'hui a été la pire journée de toute ma vie. Oui, je sais que j'écris tous les jours cette phrase depuis treize ans, mais aujourd'hui c'est vrai. C'est impossible de faire pire. Mais pour que tu comprennes bien, Journal, revenons un peu en arrière, le jour de notre rencontre. Ce fameux jour où j'ai connu Pauline.
C'était une belle après-midi de printemps, et je jouais dans le sable avec Tristan. Soudain une belle chevelure blond patine s'assit à côté de moi, m'esquissant un sourire à faire pâlir le Soleil, et me demandant de jouer avec nous. Jamais je n'avais vu un visage si rond et si beau dans notre petite école maternelle. Elle était nouvelle.
Bientôt, nous devinrent inséparables. Ensemble, nous réinventions la cour de récréation en champ de bataille d'eau, en circuit de course à vélo ou en plage de sable fin. Ce fut les plus belles années de ma vie, j'en ai encore les yeux qui pétillent lorsque je revois toutes ces belles photos de notre enfance. Mais c'est après que tout s'est gâté.
Lors de notre rentrée en CP, nous avions revêtis nos plus beaux vêtements, que nous avions salit en deux minutes à force de traîner nos pieds dans la gadoue, mais qu'importe. Deux mois venaient de passer sans que l'on se voie, alors ni la boue, ni nos mères nous criant dessus ne pouvait nous arrêter. Ce qui nous a vite refroidies, c'est notre séparation. Lorsque l'on nous a annoncé que nous n'étions pas dans la même classe. Inconcevable. Il a fallu nous le répéter trois fois pour que l'on y croie enfin. Je me rappelle encore de l'amère déception que nous avons eu à ce moment-là. J'ai lutté pour empêcher mes larmes de couler.
Nos années de primaire ont toutes été semblables : nous n'avons jamais été dans la même classe, et, chaque fois, nous nous demandions qui nous en voulait à ce point pour avoir osé nous séparer toutes ces années d'affilées. Malgré cela, nous sommes plus que jamais restées proches, unies dans la bataille.
En 6ème, je n'ai pas non plus été dans la classe de Pauline. Mais nous avions l'habitude, ce n'était pas ça qui allait nous arrêter. Non. Pas ça. Mais le fait que nous n'ayons jamais nos récréations en même temps a bien failli arriver à achever notre amitié. Heureusement que nous habitions le même quartier et que nous pouvions nous voir le week-end...
Tout le collège s'est déroulé ainsi : ne pas se voir pendant la semaine et rattraper le temps perdu le week-end, au risque de n'avoir pas fait tous nos devoirs.
C'est la 2de qui nous a achevé et qui a réussi à nous séparer. Pas à cause du fait que nous ne soyons pas dans la même classe, nous avions trop l'habitude pour ça. Pas non plus à cause de nos emplois du temps, ils étaient parfaits de ce côté-là. Non. A cause la seule chose capable de mettre en désaccord deux filles.
Un garçon.
Te rappelles-tu de Tristan, Journal ? Même si je n'en ai pas parlé, il continuait de rester avec nous et d'être dans la classe de l'une ou de l'autre. Cette année, la première de notre lycée, il était avec Pauline. Cela faisait un bon bout de temps que je sortais avec lui, depuis la 4ème pour être précise. Mais je n'avais rien à craindre du fait qu'il ne soit pas dans ma classe. Du moins, c'est ce que je croyais.
Pauline est tombée amoureuse de lui, en milieu d'année. Mais elle m'avait assurée qu'elle ne toucherait pas à un seul de ses cheveux tant que je l'aimais encore. Je croyais pouvoir compter sur sa parole, que je n'avais jamais remise en doute durant toutes ces années. Hélas, je me suis trompée.
En allant chercher du pain, je les ai trouvés tous les deux en train de s'enlacer dans la rue, il y a maintenant deux heures. Après avoir passé dix minutes à me faire croire que j'avais mal vu, que ce n'était pas ce que je croyais et à tout nier en bloc, Tristan a avoué. Ils sortent ensemble depuis deux semaines en cachette. Il m'a trompée pendant tout ce temps, sans aucun remords !
Sachant cela, j'ai coupé tous les liens que j'avais tissés avec eux depuis toutes ces années en deux secondes. Les seuls liens... Mais comment rester amie avec des gens pareils ? Des personnes sur qui je croyais tout savoir, même les secrets les plus intimes, sur qui je croyais pouvoir compter toutes ma vie et qui me plantent un poignard dans le dos ?!
Tu vois Journal, depuis deux heures, je me sens vide, creuse, et complètement conne (tu m'excuseras les gros mots hein).
Je me dis qu'avec toutes ces galères depuis treize ans, et la cerise sur le gâteau d'il y a deux heures, ils auront mis le temps, mais ils auront réussi.
Réussi à détruire ma vie, à la réduire en miettes, en cendres.
(Merci à @MissAquali40 pour sa super idée, que j'ai un peu modifiée... J'espère que ça te plaira, et si tu passes par là, sache que je t'aime ! :))
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Recueil de textes [En pause]
RandomVoici un recueil de textes sur des thèmes multiples, et tous différents les uns des autres. Qu'ils soient sombres (handicap, maladie, alcoolisme, mort, trahison, ...), ou plutôt joyeux (amour, amitié, partage, fantaisie, ...), je vous remercie infin...