Freedom

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POV Demi

La tête enfouie dans l'oreiller, le soleil caressant chaleureusement ma joue, je réfléchie à mon choix qu'a été de vivre sur les routes. Tout ça m'apparaissait tellement idéal avant, mais aujourd'hui le poids de la solitude prend le pas sur ma liberté et je me sens étrangement oppressée. Je regrette presque le temps où ma mère me couvrait un peu trop, où elle ne me laissait jamais seule. J'idéalisais tellement la solitude, l'associant à la liberté, mais maintenant je sais que ce sont deux choses qui ne sont pas nécessairement liées.

Mes poumons se gonflent avant de se relâcher en un soupire pesant mais libérateur.

Doucement, je me lève et décide de sortir prendre l'air.

Il n'est pas décent de se morfondre dans son lit comme je l'ai fais, ça n'apporte rien de bon.

Un pied, puis deux, accueillit dans cette herbe si verdoyante, comme-ci cette colline n'avait jamais connu l'humain. La mer en contrebas, l'air marin s'infiltre en moi comme pour m'habiter le temps d'un instant. Les yeux fermés je savoure cette tendresse presque maternelle. Le soleil, lui, continu de caresser ma joue tel une mère aimante et pour ces quelques minutes je me sens bien, je me sens libre, loin de moi la solitude.

- C'est appréciable n'est ce pas?

Surprise, je rouvre les yeux pour découvrir une jeune femme brune dos à moi. Je ne l'ai pas entendue arriver, sûrement bien trop éprise par tout ce bien-être.

- Pardonnez-moi, je ne voulais pas vous déranger, simplement je sais ce que cet endroit apporte, dit-elle en se tournant vers moi.

- Vraiment? Vous ressentez toutes ces sensations vous aussi?

Elle ne répond pas et se contente d'un simple hochement de tête, ses yeux commençant un voyage de mes chevilles jusqu'à mes iris noisette, en passant par mes joues empourprées. Son regard me brûle la peau et je ne peux m'empêcher de me perdre dedans, envoûtée par ses yeux bruns, légèrement ambré sous les rayons du soleil levant.

- Je ne t'ai jamais vu avant, tu viens d'arriver?

Je cligne des yeux et essaye de me détacher de l'intensité de son regard.

Inexplicablement elle vient de se mettre à me tutoyer, nos regards sur l'autre viennent-ils de changer quelque chose.

- En fait, je ne suis que de passage.

- Oh, je vois.

Je ne saurais expliquer la déception qui semble passer dans ses yeux bruns.

- Et toi?

- Moi?

- Oui, tu vis ici?

Elle baisse la tête avant de me tourner le dos de nouveau.

- Je ne vis nul part, mes parents m'ont jetés de chez eux parce qu'ils avaient honte de moi, depuis je ère.

Je fronce les sourcils sous l'incompréhension.

- Alors où dors-tu? Comment manges-tu?

Elle rigole, sûrement un peu amèrement.

- Je dors le plus souvent dans une petite cabane de pêcheurs, mais ces derniers se lèvent de bonnes heures pour aller pêcher alors je ne me repose que très peu. Pour ce qui est de la nourriture il y a un pêcheur qui visiblement a pitié de moi, il m'a surprise dans une des cabanes une fois et depuis, sans rien dire, il me donne chaque jour un petit bout de sa récolte. Un poisson, des crevettes, selon ces trouvailles.

Elle se tourne vers moi et hausse les épaules, comme-ci cette vie lui convenait mais son faible sourire trahi sa tristesse.

Lorsqu'elle me parle j'ai cette sensation que ses lèvres appellent irrémédiablement les miennes. C'en est déroutant.

Troublée, je ne parviens pas à savoir pourquoi est ce qu'elle me tend ce sachet.

- Les crevettes du jour.

- Pourquoi me les donner?

- On pourrait les manger ensemble, avec un peu d'huile d'olive elles seront parfaites.

Je lui souris tendrement, émue par cette bienveillance, et saisi doucement sa main après avoir récupéré le sachet de crevettes.

- Viens avec moi.

Elle me sourit si sincèrement que ça en fait fondre mon coeur de bonheur. La liberté du moment? Sûrement.

Je rentre dans mon van pour le lui faire découvrir.

- Je te présente ma maison, elle n'est pas des plus grandes mais elle est amplement suffisante quand on sait qu'elle peut me suivre au gré de mes envies.

Son regard scrute minutieusement chaque détail jusqu'à s'arrêter sur mon espace favoris.

- Tu aimes lire?

- J'adore ça oui, ta bibliothèque est vraiment magnifique. Je t'envie de pouvoir garder autant de livres avec toi, j'en avais pleins moi aussi mais à présent je n'ai plus rien...

Son sourire se fane et elle tourne la tête pour le cacher.

- Tout dépend de ce qui compte pour toi. Les livres ne sont que matériel. Tu n'as pas choisi de partir mais tu peux choisir d'en profiter pour être heureuse. Ce n'est pas quelque chose qui s'achète et c'est à la porté de tous. Il suffit de saisir l'instant.

Je dépose le sachet de crevettes dans le frigo et m'approche doucement d'elle, effleurant son bras pour qu'elle me regarde, ce qu'elle fait.

Son regard si intense me retourne l'estomac, j'ai la peur et l'envie de l'embrasser.

- J'aimerai essayer-

Ma gorge devient sèche et ne parvenant pas à finir ma phrase je décide de me lancer dans l'inconnu. Ma main se pose sur sa joue dans une tendresse infinie et mes lèvres se lient aux siennes pour faire naître un timide baiser. À ce contact, une douce chaleur prend possession de mon corps et mon âme devient légère.

La liberté. Je viens de goûter au sens même de la liberté.

Sa main remonte doucement dans ma nuque et elle appuie le baiser.

Un baiser unique, à huit milles kilomètres de chez moi. Là où jamais un moment comme celui-ci n'aurait pu naître.

L'air marin s'évade de mes poumons sans crier gare, et c'est alors que nous nous séparons.

Ses yeux restent clos comme-ci elle ne voulait pas que ce rêve s'arrête, ma main toujours sur sa joue je murmure :

- Tout n'est que perception.

- J'ai eu la sensation d'avoir tout ce dont j'avais besoin, comment?

Elle semble perdue, et au fond je le suis aussi mais, doit-on vraiment se poser des questions sur ce moment?

- Je sais qu'on ne se connait pas encore, mais, accepterais-tu de venir découvrir le monde à mes cotés?

Précieusement elle m'enlace, une larme perlant le long de sa joue.

Si elle savait à quel point elle m'a rendue libre.

Finalement je ne connais d'elle que son prénom écrit sur son pendentif « Kehlani », mais qu'importe, j'aurais bien le temps d'en apprendre d'avantage durant ce voyage.

Merci à elle de me faire sentir si légère.


Ceci marque la fin de cet os, je vous remercie de m'avoir lu jusqu'au bout. N'hésitez pas à me laisser un commentaire pour me faire part de votre avis sur cette histoire, ça compte énormément pour moi, et merci encore.

FREEDOM (DELANI)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant