I'll never forget

859 46 25
                                    

POV Lexa

Fenêtre ouverte sur le monde, je me prends à contempler les passants qui fuient ce temps pluvieux, parapluies en mains. Je repense à ce que j'ai connu. À cet amour indéfectible qui m'habite, qui me consume de jour en jour. La pluie, symbole de notre rencontre. Le souvenir de cette nuit d'avril revient me hanter une fois de plus. Le regard tourné vers l'horizon, je repense à notre rencontre.

Je n'oublierai jamais.

J'avais eu une rude journée et j'étais épuisée, mais malgré la fatigue, malgré la pluie j'avais souhaité marcher pour rentrer. La nuit était tombée depuis une bonne heure et seuls les lampadaires de la ville éclairaient la rue.

C'est à ce moment que je l'ai vue.

Elle était là, devant cette immense porte, le regard vide, lisant ce qui me semblait être une lettre. La seule lumière des réverbères ne m'avait pas permis de voir ses larmes tout de suite, pourtant elles étaient là, à se mélanger aux gouttes de pluie pour venir mourir sur ses lèvres. Elle semblait si apeurée, si brisée. Son corps témoignait de ses sanglots étouffés mais aussi du manque de chaleur de ce mois d'avril. Je m'étais approchée, doucement, et je lui avais souri, comme pour lui montrer que je ne lui voulais pas de mal, que je ne voulais pas la briser plus qu'elle ne l'était. Elle avait semblé surprise, le regard interrogateur et les sourcils froncés.

Je lui avais alors proposé de venir chez moi, boire quelque chose de chaud et enfiler des vêtements secs. Les siens, trempés, ne devait guère lui tenir chaud. Désemparée, elle avait accepté.

Cette nuit là nous avions longuement parlé. Elle m'avait raconté que c'était une lettre de sa mère. Sa mère qui, par écrit, avait avoué à sa fille qu'elle ne pouvait pas accepter l'homosexualité de son propre enfant. Elle avait été mise à la rue pour quelque chose qu'elle n'avait pas choisi.

J'avais passé la nuit à la réconforter en lui proposant de rester quelques temps chez moi. Elle s'était alors endormie dans mes bras, en toute confiance, et j'ai su que c'était le début de quelque chose, quelque chose de beau.

À ce souvenir une larme perla sur ma joue.

Les mois ont passés et nous sommes tombées en amour l'une pour l'autre. Un amour qui, rapidement, a pris le pas sur ma vie. J'avais cette impression de ne vivre plus que pour elle, de n'être heureuse qu'avec elle. C'en était effrayant.

Puis un jour tout a changé. Elle est partie.

Un rire amer m'échappa.

Elle n'est pas partie. Je, l'ai laissée partir. J'ai, refusé de la suivre.

Elle rêvait de partir découvrir le monde, appareil photo en mains, et elle voulait que je la suive.

J'aurais aimé, mais j'avais peur.

Peur de tomber un peu plus amoureuse au fil de nos découvertes. Peur de ne vouloir voir le monde plus qu'à travers ses yeux. Peur de me perdre totalement dans cet amour que je lui dévouais. Peur de perdre tout ça et me retrouver seule avec moi-même.

Alors j'ai refusé de la suivre. Je me suis refusée à cet amour qui me brûle, qui me consume, à cet amour qui ne me quitte plus. Je me suis refusée à l'aimer plus encore. Et pour ça j'ai sacrifié ce que j'avais de plus beau. Par peur de tout perdre. Par peur de me perdre. Par peur de dépérir si son amour envers moi prenait fin. Parce que je savais- je sais, que moi, je l'aimerai éternellement, mon amour n'a comme limite que l'éternité et j'ai été effrayée par un amour si puissant.

Ça aurait pu être le plus bel amour que le monde ait connu, mais personne ne le saura jamais, parce que j'y ai mis fin.

Et la pluie ne fait qu'accroître mon humeur morose.

Je suis consciente que jamais plus je ne serai heureuse. J'ai mis fin à mon bonheur volontairement par peur de le perdre involontairement.

Et je l'ai brisée. J'ai brisé la personne que j'aime le plus au monde. La personne que je me refusais à briser.

J'ai fauté, jamais je ne me pardonnerai une telle erreur.

La madeleine de Proust était sûrement moins amer que ce temps maussade qui me rappellera à jamais que je suis malheureuse parce que je me suis refusé d'être heureuse, par peur, justement, de finir malheureuse. Ironique je sais. Pathétique surtout. Mais je n'ai pas le droit de me plaindre sur cet amour perdu, parce que tout est ma faute.

Et je ne l'oublierai jamais.

Clarke est l'unique amour de ma vie.


Ceci marque la fin de cet os, je vous remercie de m'avoir lu jusqu'au bout. N'hésitez pas à me laisser un commentaire pour me faire part de votre avis, c'est important pour moi d'avoir des retours, merci encore de m'avoir lu.

I'LL NEVER FORGET (CLEXA)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant