E comme éléphant

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Musique: Sonate au clair de Lune de Beethoven.

Elle est dans sa chambre, accoudée à la fenêtre ouverte qui laisse entrer le vent froid de l'hiver dans la petite pièce colorée.
Les murs blancs sont couverts de feuilles, les feuilles sont noircies d'encre et une esquisse inachevée gît sur le parquet, entre les crayons et la peinture.

Il est tôt. Le soleil n'est pas encore levé. Enola, si. Elle s'est levée en même temps que la lune. Elle n'est pas fatiguée, elle ne veut pas dormir. Elle ne veut que regarder: remplir son cerveau de ces images qu'elle trouve si belles.
La lune dort déjà, et le soleil ne tardera plus à se réveiller et à éblouir le monde de ses chauds rayons. Et Enola reste là, penchée à sa fenêtre, rêvant de rejoindre le firmament.
Minute après minute, l'astre brillant pointe le bout de son nez, répandant une douce couleur rougeâtre sur la ville, transformant les grands immeubles en brasiers d'acier.

Mais Enola est triste. Elle ne sait pas pourquoi, peut-être triste de tout, ou alors triste de rien. Mais dans sa poitrine, son cœur semble gros et lourd, similaire à celui d'un éléphant, trop étroit dans sa petite poitrine. Comme un oiseau voulant s'enfuir de sa prison, son cœur bat et se débat. Mais rien ne se passe et l'oiseau reste dans sa petite cage. Et il chante, cet oiseau. Un chant rythmé par le lourd pas de l'éléphant, vacarme dans l'aurore silencieuse.
Et Enola ne bouge pas, elle se laisse bercer par cette mélodie. Et elle attend. Elle attend que l'horizon enflammé s'éteigne et laisse place à un champ urbain où les gratte-ciel poussent plus vite que les fleurs.

Elle attend, elle court après les heures, elle cherche le temps qui passe.
Le temps passe et l'observatrice ne quitte pas sa chambre, elle reste dans sa tour de guet. Et puis, pourquoi partirai-t-elle? Personne ne l'attend.

Un léger soupir passe ses lèvres roses. Ses paupières se ferment avec délicatesse. Ses doigts se resserrent sur le bois de sa fenêtre. Elle ouvre soudainement les yeux, avec l'envie que des ailes lui poussent. Ce désir si familier de voler lui fit avoir un sourire amer. Elle désire tant passer la fenêtre, se jeter dans le vide, sentir le vent fouetter son corps... Puis s'envoler, battre des ailes et s'élever vers le ciel, vers les nuages.

E.N.O.L.AOù les histoires vivent. Découvrez maintenant