-Prologue-

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J'avais toujours vu la guerre comme étant un moyen du gouvernement de se débarrasser du peuple. Pour moi, c'était l'absurdité de l'homme, une part de vengeance qui ne devrait pas exister.

Mais dans le feu de l'action, la passion de se battre surgit sans prévenir.

Le hurlement de l'être m'assourdit. Il se tient devant moi, haletant après nous avoir poursuivi. Ses longs doigts squelettiques fendent l'air , et je peux voir son regard briller de folie. Derrière moi, la jeune fille gémit de douleur,un bruit désespéré qui me fit enfoncer mes griffes dans la terre. Je montre les crocs au chasseur nocturne devant moi, comme pour le défier alors que tout semble fini. Notre fuite n'aura servi a rien. Mes efforts pour sauver ma meute n'aura servi à rien. Je suis seul, je viens de perdre ma seule famille et désormais je vais perdre la vie.
Je risque un œil vers la jeune fille et mon pouls s'accentue. Elle comprime sa cuisse entaillée profondément de sa main gauche. Du sang coule entre ses doigts, et sa peau suinte au clair de lune. Un grondement monte dans ma gorge. Le buveur de sang , aveuglé par la colère et par l'odeur délicieuse qui lui monte aux narines , recule pour se placer sur ses deux jambes et je me ramasse sur moi même , prêt à défendre le moindre cheveux de ma protégée. Je sais que ma force ne sera jamais à la hauteur de sa rapidité, et un frisson de peur me traversa l'esprit. Je me repris et me retrancha près d'un tronc d'arbre faisant mur avec la blessée. Mon regard fixait les environs, à la recherche d'un quelconque échappatoire. Je ne peux plus croiser les yeux de ce psychopathe sans cœur, il me fait trop peur. Il dut le sentir, car il esquissa un sourire, dévoilant ses longs crocs taillés en pointe.

Un cri sourd retentit dans la sombre forêt et je me raidis , m'attendant a voir arriver les renforts de mon ennemi. Le vampire crache et s'apprête à se sauver lorsque le cri que j'avais entendu retentit à nouveau. Laure-Hélène ! L'espoir m'assailli lorsque j'entendis l'appel de ma sœur. Depuis que le camp avait été dévasté et que je m'étais retrouvé à demi mort dans la cage d'argent, je n'avais plus eu signe d'elle. Au soupir de la jeune fille blessée ,je sus qu'elle l'avait entendue aussi. Sans attendre une nouvelle occasion, je bande mes muscles et saute sur le vampire qui s'apprête à s'enfuir. J'ouvre ma gueule et la referme sur un membre - je ne sais lequel. Un claquement sec retentit et le buveur de sang se débâti en hurlant, me crachant ses jurons tout en me lacérant les côtes. J'envoie un coup de patte, une soif de sang naissante dans ma gorge. Mes griffes saillantes s'abattent sur son visage et il hurle de douleur , oubliant de se protéger. Un fumet bien connu me chatouille les narines, et je reconnais sans peine l'odeur de ma sœur. Son ombre se déplace tout autour de moi en grognant. Dans le reste de mes forces , je glapis a mon tour , heureux de la voir , avant de relâcher mon étreinte sur l'être maudit. Celui-ci n'attend pas une minute de plus pour me mordre les côtes, me propulsant ensuite dans la terre. Je m'affale sur le sol dur comme de la pierre de la forêt et gémis.

Cette pourriture vient de me briser une côte !

Le reste me semble confus. J'entends Ally hurler mon nom, puis ma vue se brouille. Je vois trouble, ma tête me fait atrocement mal et la morsure me lance a plusieurs reprise. J'étais prêt à mourir pour elle, mais jamais je ne m'étais imaginé devoir mourir sans l'avoir sauvée. C'est cette dernière pensée qui me donne assez d'espoir pour voir ce qu'il se passe devant moi.

Laure-Hélène est arrivée, et dans sa gueule pleine de sang se tient la tête de notre adversaire, monsieur le vampire.

oOoOo

Une brise acre et automnale me tire de mon sommeil. Je reviens à la raison avec une douleur aiguë qui m'empêche d'ouvrir un œil, faisant ressurgir en moi tous les souvenirs de ma dernière nuit éveillée. Je sens encore le souffle froid et métallique du sang dans l'air, et revoie en boucle cette image qui je le pense encore restera gravé en moi, comme la craie que l'on raye sur un tableau noir. Elle était là , devant moi, puis soudainement me voilà transporté dans le temps, errant seul dans le noir comme un fantôme errant près de sa tombe. Toute crainte me quitte lorsque un fumet familier de jasmin me parviens aux narines. Cela sens mon enfance, avec un brin de printemps qui me donne encore envie de me bercer au creux du cou de ma mère, pelotonné à ses côtés lors des hivers les plus froids que j'ai jamais connu. Mes sens me rattrapent bientôt et je peux toucher, sentant la mousse de forêt et les feuilles mortes sous la paume de mes mains, et les racines dures et coriaces sous mon dos. Un craquement se fit à mes côtés, et je me vois en train d'ouvrir un œil, puis deux, avant de les refermer tout aussi subitement, envahit par une lumière aveuglante. Puis, habitué par la lumière et cette clarté assommante, je fixais le ciel et la cime des arbres en quête de réponses.
- Déjà réveillé ? Fit une voix à quelques pas de moi.
Mon cœur rate un battement et je hausse les sourcils, me redressant tant bien que mal afin de poser un visage sur cette voix plus que familière. Une jeune femme de dos, cheveux couleurs jais ondulants dans son dos me fait tout d'abord face, accroupie et ramassant une gourde d'eau. Elle se tourne ensuite pour me faire face, se relevant en ondoyant ses épais cheveux noirs qu'elle tient de notre mère. Son doux sourire m'aide a émerger peu a peu du rêve qui m'atteint, m'obligeant à me redresser et à m'éclaircir ma voix.
-Bonjour, Laure-Hélène , combien de temps ai-je dormi ?
- Plus de cinq jours , mon frère, j'ai bien cru que tu allais y passer.
Son rire frais me fit du bien. Le son de sa voix cristalline m'ennivre et me libère de tout cauchemar.Je pris une goulée d'air frais en me remémorant la scène vécue avant de sombrer, quant une vive angoisse m'atteint soudainement. La fille que j'aime tant, attaquée puis blessée par un vampire renégat, ne se dessine plus sous mes yeux. La panique m'envahit, et je me relève avec mal pour faire face à ma sœur qui semble avoir compris ce changement de caractère soudain.
- Elle va bien, détends-toi, m'affirme-t-elle en posant une main sur mes épaules. Elle dort pas loin.
Mon dos s'affaisse, soulagé de ces quelques mots, et je relève les yeux pour fixer les prunelles bleues qui me regardent avec compassion.
- Je veux la voir Lau' , c'est plus fort que moi... Murmurai-je en sortant un son semblable à un petit loup couinant pour sa mère.
Elle glissa sa main le long de mon bras et me fit signe d'un mouvement de tête de la suivre. Son pas était décidé, sans crainte. Cela me faisait mal de voir ma sœur ainsi, dénuée de sentiments à cause de ce que j'avais fait. je la suivis avec peine, à travers le chemin que ses aller-retours avaient causé. Le sol était plein d'épines, et des conifères de toutes sortes tentaient de sortir de la terre à la recherche d'un peu de lumière que le sous bois leur offrait avec peine. Je caressais de ma main un tronc lisse, et je pus dès lors sentir sa sève circuler, ses feuilles grésiller au vent et ses racines se creuser à quelques mètres sous moi. Les arbre m'avaient toujours fascinés. Comment un être immobile peut-il grandir, se développer , et accueillir d'autres êtres vivants dans le creux de son tronc? C'était un véritable havre de paix, et je songeai un instant a l'évolution, et comment les hommes auraient du s'inspirer du bouleau qui se tenait devant moi, paisible et pourtant fourmillant de vie. Je continuais à avancer derrière ma sœur qui avait déjà traversé en sautant le tronc qui se dressait a l'horizontal devant moi. Je l'enjambais avec peine, m'aidant de mes deux main, puis traversa un buisson pour me retrouver dans un endroit plus camouflé, caché de tout être indésirable. et puis, soudain, je la vis. Mon cœur s'accéléra alors que je m'approchais de son corps, détaillant les bandages qui comprimaient sa peau de pêche. Sa poitrine se soulevait régulièrement, et ses yeux étaient clos. Elle dormait.
Je me pris a l'observer, notifiant le grognement lorsque elle se remit a l'aise dans une autre position. Elle est en vie et c'est tout ce qui m'importe maintenant. Laure-Hélène me glissa un regard tendre que je lui rendis, soulagé, avant de me chuchoter a voix basse quelques mots. Je me relève. Ma sœur s'éloigne du corps endormi et m'intime de faire de même. je le fis non sans le désapprouver. Je voulais surveiller la fille, être présent lorsqu'elle se réveillera et surtout .. Surtout.. Surtout quoi?
Espérais je qu'elle me dise merci? A cause de moi, son meilleur ami avait péri de la flèche d'un des siens. Son école avait été retournée , ses proches sûrement morts a l'heure qu'il est.. Qu'espérais je d'elle ?

Laure Hélène m'emmena derrière un bosquet et se retourna, la mine grave.
-comment te sens tu? Me demanda-t-elle en s'appuyant contre un tronc.
Je respirai un bon coup, réfléchissant a toute vitesse sur les derniers événements.
-bien, merci.
Nous restâmes un moment silencieux, observant l'écureuil qui planquait ses graines a quelques mètres de la. Il se cachait pour l'hiver, ce que nous devrions faire d'ici quelques temps. Laure-Hélène brisa le silence qui nous entourait.
-que comptes tu faire maintenant ?
Je me focalisai sur ses yeux, et nos regards se croisèrent.
- a l'heure qu'il est,commençais je, notre famille est a moitié décimée. Nous n'avons plus de meute, alors je compte sur toi pour que nous restions soudés, ensemble. J'ai déjà pensé a ce qui nous attendait, lorsque je me suis réveillé.
Elle se redressa, ne faisant signe de continuer.
- Ally va rester avec nous, et nous aider a retrouver les nôtres. Ensuite, nous reformerons la meute.
- et après, me questiona t elle, que ferons nous?
- occupons nous déjà du premier endroit ou nous nous arreterons. Il faut avant tout passer la nuit en un seul morceau. Il faut aussi sortir de cette forêt, nous ne sommes plus en sécurité en effectif réduit. Lorsque Ally se réveillera, nous partirons au nord afin de trouver un village ou se cacher et chasser sans que l'on nous repère.
- très bien, mon frère. Tu sais que je te suivrais partout, tu n'as pas a douter de ma confiance, mais que feras tu lorsque nous aurons retrouver un premier loup? Il ne voudra sûrement pas nous suivre...
- il le fera, j'en suis sur.
-et pourquoi ? Me demanda-t-elle en haussant un sourcil.
J'hésitais un moment, réfléchissant a toute vitesse a une question dont j'avais déjà, depuis longtemps, trouver la réponse.
- parce que nous avons avec nous la seule personne capable de nous libérer, tous.

oOoOo

xBORNTODIExOù les histoires vivent. Découvrez maintenant