Faits L'un Pour L'autre ~ Elle

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Elle ne put se retenir de rire à l'entente de ses mots, ce qui ne l'empêcha pas de continuer à farfouiller dans son sac. « Arrête ton char p'tit père. » Elle le regarda cette fois, acceptant de détourner une seconde son attention de sa tâche, ce qu'elle considérait déjà comme une belle marque d'estime à son égard. « Tu veux juste me sauter. Comme les autres.

- Tu n'as que cette rengaine à la bouche hein ?! » le jeune homme secoua la tête de dépit, devenu incapable de plus longtemps forcer à sourir. Croisant les bras sur son t-shirt recouvert, il fit face au lac, s'adossant à la rembarde sur laquelle elle était assise et regretta l'épaisseur de ses vêtements. La morsure du fer froid lui aurait fait du bien dans ses idées. « Ça va faire plus de 5 ans que je te le répète Abyga...

- Abe ! » La coupa-t'il dans un grognement excédé, plus trop enclin à rire en cet instant. Mais sa fureur soudaine était plus dû au fait qu'elle n'arrivait pas à trouver son Graal entre les rouges à lèvres, mascara et autres accessoires que le fait qu'il utilise son prénom complet, détesté. Cependant, il n'avait pas à le savoir. « Tu sais très bien que je déteste qu'on m'appelle comme ça.

Gadiel, lui, s'abstint de tout commentaire à ce sujet et préféra continuer sur sa lancée comme si de rien était. Le tempéremment explosif de sa jeune amie n'était plus à sous-estimer. « Avoue que 5 ans c'est plutôt exagérer ; loin pour juste une histoire de cul. Si tu acceptais un peu d'ouv...

- AHAH ! Je te tiens salaud ! » s'exclama la petite rousse, l'air triomphant en extirpant le petit sachet en plastique de son sac à main. Et pour cause, manqua de glisser du garde corps et s'étaler de tout son long au sol. La "tragédie" fût néanmoins évitée.

Toujours aussi attentif, vif, son interlocuteur réussi à la retenir, enroulant un bras ferme autour de son ventre pour la remettre droite. La jeune fille, peu perturbé par l'incident, baissa les yeux sur cette étreinte et sourit, son visage légèrement illuminé. « Oh... Et bien, tu vois bien que tu veux juste me serrer. Un peu plus haut et...

Elle rit, mais seule. La blague ne sembla pas amusé l'étudiant qui avait l'esprit ailleurs. Ce dernier fronça ses épais sourcils noirs, un peu agacé de ne pas être pris au sérieux. Son regard noir de jet couru le long de la cuisse rosi par le froid de la jeune fille dont le short déchiré cachait à peine ses fesses, et laissait deviner ses formes généreuses. Quelle idée de s'habiller comme ça en automne..
Il ne se laissa pas tenter, ignorant le sentiment naissant d'être si proche d'elle et l'effet que lui faisait son parfum de fleur aspergé à l'excès. Encore.
Les prunelles noires s'accrochèrent à la main d'Abe qui s'était instinctivement autour sur son biceps. De sa poigne dépassée l'objet qui failli pousser la fille au plongeon dans l'eau glacée au près des canards. La poudre blanche qui se voyait à travers percuta de plein fouet le brun au plus profond de lui-même, toujours pas habitué à la voir se trimballer avec cette substance. Il s'y refusait.
Et celui-ci retira immédiatement son bras, comme brûlé, obligeant Abe à se retenir fermement à la rembarde pour ne pas chavirer. Gad se rendit compte qu'elle reposait tout son poids sur lui. Et celà ne le poussa qu'encore plus à s'éloigner. Ce comportement l'exécrait.

- Hey ! Mais t'es con ou q... Et où est-ce que tu vas comme ça ? Gadiel ! » Hurla-t'elle à son dos recouvert du blouson de l'équipe de basket : Or sur océan. Mais le jeune homme ne prit pas la peine de se retourner, et poursuivi son chemin sur le tapis de feuilles mortes colorés par le prédécesseur de l'hiver. Abe savait pourquoi il s'en allait. Et Celà la mit en colère.

C'est donc escorté par une flopée d'insultes et d'accusations que Gadiel se fit raccompagner jusqu'à disparaître derrière les arbres aux couleurs d'automne du parc.

- Tu devrais lui laisser une chance Abe. Tu sais ce n'est pas tous les jours que des garçons s'intéressent à des gens comme nous. En plus il a l'air très gentil. Tu le regrettera si tu ne fais rien.

- Ou tu peux tout simplement me le refiler ? » Raylen éclata d'un rire dont elle seule avait le secret. Un croisement entre un vague son humain et le pillailement d'une corneille, disait toujours Ilya. Celà fit sourire Abe qui tira une latte de sa cigarette avant de relâcher la fumée dont le lampadaire sous lequel elles étaient debout donnait une curieuse lueur fantomatique, sur le visage de la cadette des trois. Mais il était bien loin le temps où la grande blonde toussait à la moindre fumée toxiqyevqui dansait devant son nez. Elle resta bien stoïque, scrutant son amie de ses grands yeux bleus, l'air attristé. Celà énerva Abe au plus haut point, obligé de détourner le regard car n'ayant jamais su le supporter.

- Lâche moi la grappe Sova. » grogna-t'elle, écrasant le mégot à peine entamé sous son talon noir avant de se diriger vers la voiture qui s'était arrêté devant leur trio. Abe n'oublia pas de lancer au passage un joli doigt d'honneur à la fille d'en face qui accourait déjà et dû rebrousser chemin, dépité. Mais elle se retint de l'insulter, préférant lancer par dessus son épaule à son amie. « J'ai dépassé l'âge de flirté avec des foutus lycéens ! » Ilya ne répondit pas. Elle ne répondait jamais. Et si elle avait le temps, Abe se serait un peu plus mis en colère.

De toute façon, la jolie jeune femme aux cheveux flamboyants s'était déjà penché à la fenêtre baissée de la berlin, le décolleté déjà arrangé pour laisser deviner une bonne partie de sa poitrine et la robe écourtée qui mettait à moitié à découvert sa culotte noire pour peu qu'elle se baisse assez. Son manteau était déjà abandonné par terre.

- Salut mon mignon. » le chauffage qui émanait de l'engin lui donnait encore plus envie d'y entrer. Alors, tu cherche de la compagnie pour ce soir ? » Un bon client pour échapper à ce trottoir glacial quelques heures en cette nuit.

- J'y vais ! » Il lâcha la télécommande, sauta par dessus le canapé et se dirigea vers la porte sans attendre de réponse de la part d'Irman. Si il était encore réveillé, ce qui était peu probable vu l'entraînement qu'il s'était tapé aujourd'hui. Gad ouvrit la porte à la volée, peu content de se faire dérangé pendant le match des Celtics entrain de perdre. Si c'était encore Madame Noïzen qui se plaignait du bruit... « Il était 3h du mat', bordel. Ça ne se fait pas de sonner chez les gens à cette... Abe ? Abygael ? Mais Putain qu'est-ce qui t'es arrivé ?

- Aide moi Gad... » la jeune fille tomba, incapable de tenir plus longtemps sur le petit étang de sang laissé sur le seuil.

Mes Brouillons De Minuit.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant