Faits L'un Pour L'autre ~ Eux

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La neige fuyait sous ses pas, et elle aurait bien aimé en faire autant. Mais maintenant, il était trop tard pour ça. Trop proche pour se retenir encore. Elle ne manqua pas moins d'hésiter, profitent du répit qu'il lui restait. Elle n'était pas habituée à tout ça. Néanmoins, elle réussi à se lancer.

- Je savais que je trouverais là. » Abe sourit derrière son bonnet noir qui lui descendait jusqu'aux oreilles dans un échec total pour empêcher les mèches rousses de s'épanouir sur les frêles épaules. Recouverte d'un épais manteau de velour, elle n'aurait pas à craindre les sautés d'humeur de mère nature.

"Menteuse" lui cria, par contre, sa conscience, petite voix qu'elle avait découverte 3 mois avant. Quelques temps après qu'il eût décidé qu'il n'avait plus rien à faire avec elle. La réalité était que voilà 3 semaines que la jeune femme venait au parc, caché derrière arbres, groupe de passant ou lampadaire, dans l'espoir de l'apercevoir. Et pouvoir lui parler si elle en trouvait le courage.

Gadiel ne répondait ni à ses messages ni à ses appels. De toute évidence, il était vraiment sérieux lorsqu'il disait ne plus vouloir avoir à faire à elle. Et malgré le mince espoir qu'elle entretenait qu'il se rétracte sur sa décision de Abe n'avait jamais osé se pointer à son appartement. Mais il l'aimait. Des sentiments qui perduraient ainsi pendant autant d'années ne pouvaient pas disparaître si facilement. Non ? Si ?

- Ça fait un bail Gad. Tu m'as manqué. » poursuivit-elle, voyant qu'il ne répondait pas. Tout plutôt que laisser son esprit partir en vrilles sur n'importe quel théorie. Il l'aimait, et c'était tout. Ils étaient une équipe. Un tout. Et rien ni personne ne pourrait les séparer. Pas même eux-mêmes.

Gadial, lui fini par détourner le regard du lac gelé par l'hiver. Ne faignant aucune surprise, il soupira et déposa des yeux ternes et lointains sur le visage pâle rougis par le froid d'Abygael. Elle prit un peu plus de couleurs.

- Qu'est-ce que tu veux ?

Elle ouvrit la bouche. Mais la referma sans qu'un seul petit mot ne s'en échappe, préférant rester sous la couverture de sa langue que se jeter dans la cruauté de l'hiver. Qu'est-ce qu'elle voulait ? Elle ne savait pas elle-même. Elle était venu ici par habitude de le guêter et n'avait franchement rien prévu. Il lui manquait. Ça, elle en était sûr au moins. Quoi d'autres ? La petite Sloan se mordilla l'intérieur de la joue. Non, elle ne pouvait pas lui dire ça. Il lui avait dit de s'en aller, mais c'est elle qui avait saisi la facilité, refusant de se concentrer sur ce qui l'avait envahi cette matinée après sa demande en mariage. "Couarde ! " Et conscience qui l'enfonçait.

- Je... t'aime ? » Elle dut imaginer la lueur qui alluma ses iris d'automne, trop fugace pour être réel. Les mots l'avaient elle-même surpris. Elle n'avait pas dans l'idée d'avouer ça. Et qu'est-ce que sa main fichait ? À lui caresser la joue ? Elle y découvrit une nouvelle chose. La barbe qu'il avait finalement laissé poussé était autant de pics qui lui griffaient la main. Abygael détestait les hommes avec une barbe, le brun le savait et en avait jamais porté. Alors elle aima à s'imaginer qu'il s'en était armuré pour la repousser, elle.

- Et ? » Gad lui accorda une oreille attentive, enlevant de son oreille l'écouteur, n'en laissa plus qu'une à Breaking Benjamin qui continuer de lui chanter "Never again".

Et ? Elle n'avait pas prévu qu'il y aurait une suite. Surprise, la touffe de poils, rêche sous ses doigts lui agaça soudain la peau. Au prix d'un grand effort, elle réussit à soutenir son regard désintéressé. Ce manteau de laine au col haut rendait celui-ci plus profond, entouré par son teint hâlé. Le sien était loin d'être aussi farouche qu'on la connaissait.

- Et... Et bien... Je t'aime ! Qu'est-ce que tu veux de plus ? » Elle n'était pas douée à ça. Complètement ignorante. Déjà qu'elle n'était pas censée dire qu'elle l'aimait, lui demander de continuer était une vraie torture. Gadiel, lui, haussa les sourcils, interrogateurs et se retourna pour lui faire complètement face. Il ne voulait pas y aller par quatre chemins ni s'éterniser.

Mes Brouillons De Minuit.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant