Chapitre 28:

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Au quotidien, on n'accorde que trop peu d'importance aux bruits qui nous entourent et qui contribuent à créer une atmosphère. Je ne m'en rend compte qu'aujourd'hui. Alors que le son étouffé de la voix de mon père vient s'ajouter à celui des basses de mon réveil, contribuant à transformer mon mal de crâne en véritable migraine et mon lit en barque dans une mer agitée.

Quand j'ouvre un œil, ma chambre se met à tourner, confirmant de ce fait que mes craintes étaient fondées, j'ai la gueule de bois. Lentement, je porte la main à mon visage et regrette bien vite, mes doigts qui se posent sur mon front me donnent l'impression d'un gong qui viendrait frapper une cloche en cuivre. Dans un grognement enfantin, je me ratine sur moi-même et essaye de glisser ma tête sous les couvertures pour prolonger ma nuit et effacer les effets de l'alcool sur mon organisme.

Mais il semblerait que mon père ne soit pas de cet avis, puisqu'il arrache ma couette d'un geste vif et pose un verre sur ma table de nuit. A quelques centimètres de mon visage. Si bien que le son du verre sur le bois se répercute jusque dans les racines de mes cheveux – qui poussent à l'intérieur de ma caboche – le pire, c'est que je suis sûre qu'il l'a fait exprès. Père indigne.

- Sadique, je parviens à articuler, avant d'être prise de violents haut-le-cœur.

- Oui, oui, allez, lève-toi. Tu vas être en retard.

- Je ne me sens pas bien, je crois que je vais rester là aujourd'hui, je marmonne en me redressant, avec toutes les peines du monde.

- Non, non, non. Pas de ça. Hors de question que tu sèches encore. Je suis peut-être un peu laxiste mais il faut pas abuser. Et espérer que je te laisse rester ici parce que tu as fait la fête un jour de semaine c'est complètement illusoire, jeune fille. Alors maintenant tu vas te comporter comme l'adulte que tu as cru être hier soir et gérer ta cuite comme une grande. Avec une aspirine et une journée de merde.

- Mais pap...

- Fin de la discussion, tranche-t-il d'un ton sans appel.

C'est bien ma veine, lui qui est toujours si calme et compréhensif décide d'être sévère aujourd'hui, le seul jour où j'aurais eu besoin du papa cool que Luc m'envie. D'ailleurs, en parlant de lui, où est-il ? J'aurais pourtant cru qu'il serait resté dormir après m'avoir raccompagnée, bien que je n'ai aucun souvenir de mon retour. La main en visière au-dessus des yeux, je tâtonne à la recherche de mon portable qui vibre toujours sur ma table de nuit.

Dix appels manqués et une quinzaine de textos datant d'hier soir.

Tous de Luc.

Je fais défiler les SMS, et les insultes fleuries qu'ils contiennent, et tape un nouveau message, tout en buvant l'aspirine apportée par mon père.

Moi : [ Spidey. T'es où ? ]

La réponse ne se fait pas attendre.

Peter(s)Parker : [ Je commençais à rédiger ton éloge funèbre, mais faut croire que j'ai mal interprété ton silence. ]

Apparemment, il est énervé. Mais pourquoi ?

Je n'ai aucun souvenir de la fin de soirée. Tout ce qui me revient en mémoire n'est pas très utile pour comprendre l'état d'esprit de mon meilleur ami. Non, quand je ferme les yeux, tout ce que je vois c'est Shawn écraser ses lèvres sur les miennes, nos langues qui se mêlent et ses mains qui vagabondent sur mon corps, rien d'autre. Et si ces réminiscences alcoolisées sont très agréables à revivre, même sobre, elle ne m'apportent aucune information supplémentaires sur la manière dont s'est terminée cette fête.

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