F*ck it List

Chapitre 29:

Ce matin, quand je pousse les portes du hall, une étrange sensation m'envahie. Il m'avait bien semblé sentir quelques regards curieux sur mon passage, mais au moment où je pénètre dans le couloir, je n'ai plus aucun doute. Je suis le centre de toutes les attentions. Et j'ai comme dans l'idée que ça n'a plus rien à voir avec la petite scène de la veille. Parce que hier, si je n'arrivais à déterminer ce que cachait ces coups d'oeil insistant aujourd'hui, je le sais. De la curiosité. De la moquerie. Du jugement.

Et même si je ne comprend pas ce qui justifie un tel changement du jour au lendemain, j'imagine que je le dois à Madison. La peste a sûrement contre-attaqué. Et si c'est bien elle, la responsable, ma réaction ne doit en aucun cas trahir mon trouble. Je refuse qu'elle perçoive la moindre faiblesse en moi. Aussi, je décide d'ignorer les messes basses et les moqueries pour continuer à avancer, la tête haute, sans me préoccuper de l'opinion de ceux qui me toisent sur mon chemin.

De toute manière, il n'y en a que deux qui comptent vraiment pour moi.

Le premier n'est pas encore arrivé. Et le second est en grande conversation avec Cooper, à l'autre bout du couloir. Shawn est adossé à son casier, il discute et plaisante avec son ami sans prêter attention à l'agitation qui règne dans l'établissement.

Et même si son apparente décontraction est plutôt bon signe, je ne sais pas comment me comporter avec lui ce matin. Nous nous sommes embrassés, à de nombreuses reprises, mais son haleine semblait aussi chargée que la mienne. Je me demande donc ce qu'il en est de nous. Ce que nous nous sommes dit hier, est-il encore d'actualité aujourd'hui ? Parce que même si mon coeur s'emballe en repensant à notre baiser et à la manière dont il m'a dit que je lui plaisais, je ne sais pas s'il était sincère ou si l'alcool parlait à sa place.

Lorsque j'arrive à sa hauteur, je ralentis légèrement pour guetter la réaction qu'il aura en m'apercevant. Le coeur suspendu à ses gestes, j'attends, fébrile, qu'il apporte les réponses à mes questions. Était-il sincère ? A-t-il entendu les ragots de Madison ? Est-ce qu'il assumera notre rapprochement ?

Le poids de ces interrogations, qui tournent en boucle dans mon esprit, vient s'ajouter à celui de la boule qui pèse dans mon estomac. Le stress est à son comble. Je suis à moins d'un mètre de lui, il ne peut pas ne pas me voir. Et quand bien même il ne levait pas la tête au bon moment, je repasserai, autant de fois que nécessaire, je me fiches d'avoir l'air perdue. De toute façon, ma salle de classe n'est pas dans cette direction. Si j'emprunte ce chemin, ce n'est que pour me confronter à lui. Pour mettre un terme à mon inquiétude et essayer de comprendre, au travers de son regard, ce qu'il pense de moi. De nous...

Impact dans 3, 2, 1.

Je passe au plus près des deux basketteurs et si le plus grand des deux ne me voit pas, car il est de dos, le second lève les yeux dans ma direction. Au moment où nos regards se croisent, ses lèvres s'étirent en un sourire timide, il me semble même le voir rougir quand il me fait un signe de la main. Discret mais visible de tous. Si ce geste est bien loin de la déclaration d'amour en public que l'on peut voir dans les films à l'eau de rose, il suffit à m'apporter les réponses que j'espérais. Et à augmenter la cadence de mon coeur agité, qui bat à une vitesse folle dans ma poitrine.

Son sourire. Sa main tendue vers moi. Son regard. Ils ne trompent pas. Ils avaient cet arrière goût « d'envie de plus » que j'ai pu percevoir. Et si je l'ai vu, tous ceux autour de nous également. Je suis sur un petit nuage, rien ne pourrait entacher ce que je ressens maintenant, pas même les regards et les moqueries qui fleurissent sur mon passage.

Je lui répond de la même manière, en essayant de lui cacher mes mains qui tremblent sous l'émotion, et me détourne en avançant d'un pas nonchalant – totalement copié sur la démarche de Luc – en direction du fond du couloir. Où se trouve la machine à café. La meilleure excuse possible à ma présence auprès des deux sportifs.