21 Décembre, 10:43
Le ciel s'arrête. Par là je veux dire que les nuages cessent de se mouvoir. Les sons s'amoindrissent jusqu'à devenir inaudibles. Un silence pesant, lourd de sens. Les saveurs m'échappent, celles de ce jour, et celles des autres avants. Plus aucun sens n'y paraît. Du béton brut contre mes genoux, à tout instant le reste de mon corps flanche et rejoins le sol avec dureté. Mais je lutte contre la gravité, mais je subsiste à la tentation.
La brume qui jusqu'alors voilait mon regard se dissipe et je vois enfin la vérité. Telle qu'elle est, dure, impitoyable. Et pourtant mon visage reste impassible, je me vois dans les iris de ses yeux toujours ouverts. Là aussi la raison s'éloigne à pas furtifs. Plus bas, ses lèvres sont tintées de rose. Mais ce rose est vif, imperturbable face à l'événement passé. Un vide a pris l'entière possession de mon esprit, y instaurant un calme que je n'avais jusqu'alors jamais ressentit. Sa peau est translucide, une pâleur à l'extrême mais habillée par endroit de fines tâches plus foncées, venant recouvrir ce corps qui semble alors si fébrile.
Des battement qui retentissent dans la totalité de mon être. C'est à ce demander si les fragments de ma peau ne vont pas exploser, enfin libérer cet animal en furie que l'on aurait enfermé. Je parle de mon cœur, de cet organe pour toujours incompris. Il persiste à imprégner mon corps de vie, alors qu'en fasse, elle n'y parait plus. Une rage bouillonne désormais en moi, et je comprends qu'aucun sentiment ne l'a jamais traversé. Ni l'amour, ni aucun autre. Encore un tour de notre imagination si foudroyante, qui n'est là que pour nous influer des espoirs qui seront un jour brisés, lapidés puis balancés pour qu'ils se désagrègent avant de rejoindre un nouveau corps.
Je reviens alors au sien, de corps. Délicatement posé devant moi. Il a encore l'air si vivant et naïf, une expression figée, empli d'une beauté insoumise qui refuse à le quitter.
Ce matin, de décembre, l'hiver s'est annoncé,
Et la date de sa mort, s'est présentée.
