Chapitre 1

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Elle se tient droite, debout, adossée contre le mur, bras croisés sous sa poitrine. Ses doigts pianotent doucement sur son bras et elle écoute d'une oreille distraite. Son regard est perdu dans la contemplation de l'œuvre qui orne le plafond de la pièce. Environ au niveau de Zeus et Poséidon, savamment représentés par un grand peintre de l'époque. Cette pièce est l'une des plus travaillées du palais, mais ce n'est une surprise pour personne lorsque l'on considère le fait que c'est la première chose que la plupart des visiteurs voient en arrivant. Ses ancêtres sont donc loin d'avoir lésiné sur les moyens pour la rendre la plus impressionnante et inoubliable possible, et en toute subjectivité, c'est un franc succès.

— Tu as tout ce qu'il te faut ?

— Oui.

C'est à moitié en soupirant qu'elle répond, désignant d'un geste vague de la main le sac de voyage noir posé sur le sol, à ses pieds.

— Tu es sûre ? Tu n'as rien oublié ?

— Oui.

Cette conversation l'agace déjà. Enfin si conversation est un terme approprié pour désigner cette avalanche de questions dont les réponses sont à peine écoutées.

— Oui tu es sûre ? Ou oui tu as oublié quelque chose ? Non parce que ce n'est pas très clair... Et dans ce cas je peux...

— Enzo !

Cette fois elle a crié, d'un ton sec et autoritaire, interrompant brusquement sa tante dans l'habituel moment de stress avant qu'ils ne prennent le portail qui les amènera jusqu'à l'Académie. Son attention est maintenant concentrée, dans son intégralité, sur la jeune-femme blonde, qui s'est arrêtée net, la bouche encore entre-ouverte.

— Je te jure que si tu ne te dépêches pas de nous rejoindre je pars sans toi ! Je suis désolée Jade mais ton inquiétude rituelle ne sert à rien, je suis sûre à cent pourcents que je n'ai rien oublié. Et je suis au moins aussi certaine que la directrice ne va pas maintenir le passage ouvert indéfiniment, donc si on veut partir, il vaut mieux faire cela vite.

— Et tu comptais partir sans dire aurevoir ?

Pas besoin de tourner la tête pour savoir que c'est William, son père, qui vient d'entrer. Mais désirant éviter une remarque sur son impolitesse, elle le fait tout de même, dévisageant le visage paternel.

— Je t'ai déjà dit aurevoir. Ce matin. Tu m'as même dit que tu étais content que je porte le collier que tu m'as offert hier.

Inconsciemment elle se met à jouer avec le dit collier. Un médaillon ovale en argent, ouvragé avec beaucoup de finesse, étant décoré de délicats motifs de dentelle, qui pend au bout de la chaîne accrochée autour de son cou. Elle avait été plus que étonnée en le voyant après avoir ouvert le paquet qui le renfermait, d'habitude les cadeaux de son père sont très maladroits et ne lui plaisent jamais.

— Je peux tout de même vouloir souhaiter une bonne reprise à ma fille avant qu'elle ne s'en aille.

Elle lève les yeux au ciel. Comme s'il avait besoin de maintenir les apparences, ils ne sont qu'entre-eux, il aurait au moins pu lui faire le plaisir de la laisser partir sans faire d'histoires.

— Maintenant c'est fait. Par contre, j'aimerais bien savoir où se trouve Enzo et ce qu'il fabrique ? C'est toujours lui qu'on attend.

— Je suis là 'Liyah, ravi de voir que tu es en forme chère cousine.

— Toujours. Et si monsieur veut bien se donner la peine de se dépêcher, il est plus que temps d'y aller.

— Je te suis.

Sylfaen - Tome 1 : Le PhénixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant