Cette nuit est gravée dans ma mémoire. Je me rappelle que vaguement les détails avant de te rencontrer mais toi, tu es gravé là, dans mon cœur.
Je me souviens m'être enfuie à toutes jambes de chez moi, je m'étais encore disputée violemment avec mes parents, comme toujours mais cette fois-ci, c'était différent.
" J'aurai dû t'avorter "
" Qu'est-ce qu'on a fait pour te louper autant ? "
" Tu n'es qu'une erreur "
" Regardes-toi, t'es qu'un déchet ! "
" Tu n'es pas notre fille, notre fille n'est pas la chose que tu es !"
En courant, je m'étais écorchée le genou en tombant sur des bouts de verres qui traînaient dans la rue, je ne sentais pas la douleur. Celle physique n'était rien comparé à celle que mon cœur ressentait et m'asphyxiais, je crois que j'étais morte intérieurement à ce moment. J'étais vide.
Il y avait une petite supérette en bas de la rue où je vivais, je m'y étais arrêté et j'ai pris une bouteille d'alcool, de la vodka peut-être. Je me souviens avoir bu pendant mon trajet pour aller au parc de mon enfance. Je me suis assise sur une des balançoire, la tête commençant à me tourner, mes joues à se chauffer et mes membres à se relâcher. Ce que je voulais, c'était taire leurs voix dans ma tête. Maman, papa, je vous déteste de m'avoir donner la vie.
" J'aurai dû t'avorter "
Oui tu aurais dû...
" Qu'est-ce qu'on a fait fait pour te louper autant ? "
" Tu n'es qu'une erreur "
" Regardes-toi, t'es qu'un déchet ! "
Taisez-vous, s'il vous plaît...
" Tu n'es pas notre fille, notre fille n'est pas la chose que tu es !"
Je ne sais pas ce que je suis, je suis perdue...Je m'excuse de ne pas être celle que vous vouliez que je sois, je m'excuse d'être ce que je suis. Aidez-moi, aidez-moi, s'il vous plaît, je sombre dans le chaos de mon esprit et je ne vais pas m'en sortir cette fois...
D'un trait, j'ai finis la bouteille et j'ai enfin eu le silence recherché, cependant, quelque chose au fond de moi s'agitait, un torrent de sentiment s'abattit sur moi, mes mains s'étaient mises à trembler, je me rappelais avoir serré les chaînes de la balançoire comme si ma vie en dépendait, mes yeux me brûlaient et mon pouls était bien trop rapide. Je ne pensais plus mais mon corps exprimait mes maux.
Puis tu es arrivé.
La première chose de toi que j'aie rencontré était ta voix, soucieuse, mélodieuse.
" - Vous allez bien ? "
Je ne t'ai pas regardé, ou répondu, j'essayais de respirer, de me contrôler.
La seconde chose de toi que j'aie rencontré était ta longue et fine main sur mon épaule, ta main était chaude, ce qui m'a étonné étant donné le froid qui faisait. L'hésitation de me laisser à mon sort ne t'as pas traversé l'esprit, j'ai ressentis ton envie de m'aider quand tu l'as posé sur moi. Ce n'était pas de la pitié, tu es juste quelqu'un de fondamentalement bon et gentil.
Tu t'es assis en tailleur devant moi et tu as attendu un signe de ma part, je ne pourrais dire combien de temps nous sommes restés l'un devant l'autre dans l'unique de ma respiration lourde.
Quand j'ai enfin relevé ma tête vers toi, tu m'as souri franchement, j'étais déconcertée, qu'est-ce que tu me voulais ? Nous nous sommes fixés longuement, il y avait cette aura de confiance et de bienveillance autour de toi et j'ai juste craqué, les larmes ont coulé d'un coup sans que je puisse rien y faire et je me suis jamais aussi faible de toute ma vie. Tu m'as prise dans tes bras, simple inconnu que tu es, je dois passer pour une inconsciente de me laisser aller à quelqu'un que je ne connais pas mais vous ne l'avez jamais rencontré. C'est ce genre de personne qui est votre lumière dans l'obscurité de vos pensées, qui illumine votre existence. Rencontrez quelqu'un comme ça, une fois dans votre vie, c'est ce que je vous souhaite le plus au monde.
Ce contact a calmé le vacarme de mon âme et la consoler. Droit dans les yeux, tu m'as demandé ce qui n'allait pas et je t'ai tout raconté. Posément, tu m'as écouté sans jamais m'interrompre, toutes ces choses que j'ai toujours gardé au fond de moi, ce n'est plus moi qui parlé mais mon cœur meurtri. J'ai senti mes épaules s'allégeaient, j'étais tellement plus légère. A la fin, tu as sorti un stylo de ton sac et as dessiné une petite colombe sur mon poignet.
" - La colombe est une messagère de la paix, un jour, elle arrivera dans ta vie et tu seras heureuse "
" - Comment est-ce que je vais la reconnaître ? "
" Tu le sauras, ne t'inquiètes pas "
Tu t'es levé et m'as aidé à me relever, dans tous les sens du termes. Tu as commencé à partir, je ne voulais pas que tu partes, je ne savais pas quoi dire ou faire pour te retenir, je t'ai regardé marcher dans la nuit, impuissante. Mes yeux sont tombés sur ton dessin, un "merci" s'est échappé de mes lèvres.
Et une question s'est imposé en moi : Pourquoi étais-tu ici, toi, ce soir-là ?
Je ne t'ai plus jamais revu, je suis sortie un nombre incalculable de fois la nuit en espérant te voir, je suis restée des heures sur cette balançoire. J'ai imaginé milles scénarios en je te revoyais et où je te posais la question, je dois me rendre compte de l'évidence, jamais plus je ne te reverrais donc j'espère que tu vas bien.
Sache que j'ai toujours dessin, que chaque jour je le dessine encore et encore sur ma peau. Sache que je suis heureuse maintenant, que je le suis depuis notre rencontre.
Tu étais ma colombe.
Je souhaite que tu le sois de ton côté, qu'il n'y a pas un jour que tu passes sans sourire.
Je te souhaite toutes les couleurs de ce monde et toutes les plus belles choses possibles.