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Nos têtes heurtèrent le bitume dans un bruit sourd et qui sembla durer une éternité. Le choc se répercuta dans ma boîte crânienne puis dans tous mes membres. Ma tête rebondit légèrement, comme la membrane de peau fine d'un tambourin d'enfant, sous les coups acharnés du maillet. Ma vue se couvrit d'un brouillard épais et je me sentis comme après un mauvais rêve, quand l'on n'arrive plus à distinguer l'imagination de la réalité. Tout était trop dur, trop sombre, trop violent, et j'aurai préféré m'évanouir que d'entendre encore les cris et les pleurs assommant la ville. J'avais l'impression d'osciller chaque seconde entre les ténèbres et la lumière quand soudain, je le sentis. Il était là, juste sous ma main. Son pouls. Elle ne bougeait plus et je l'aurai cru morte si l'épiderme de mon poignet n'avait pas ressenti ces légères pulsations. Dans la chute, mon bras était tombé en travers de sa poitrine et ma paume reposait sur sa gorge. Le sang qui affluait dans le bas de ma main et dans le haut de son cou faisait s'entrechoquer nos battements de cœur. Et même dans cet enfer sanglant, je pus sentir quelques secondes que nous étions toujours en vie, unies par ce minuscule fil invisible entre un poignet et une artère, et qui risquait d'être coupé par la détonation qui retentit de nouveau dans mes oreilles.

Cacophonie organiséeWhere stories live. Discover now