Encore une nuit de stress.
Une nuit sans sommeil.
Une nuit où l'écran de télévision me renvoie des clips vidéos louches sur la chaîne MTV, que je fixe telle une morte-vivante.
Pourtant, ma grossesse m'a parue si agréable.
Malgré les nausées, le diabète, les crampes qui surviennent au beau milieu de la nuit et la sensation d'avoir des allumettes qui se consument à l'intérieur de mon œsophage, j'ai adoré porter mon bébé.
Le moindre petit coup ou mouvement, le plus minuscule signe de sa part à l'intérieur de mon corps me faisait oublier tous les autres maux.
L'accouchement s'est également plutôt bien passé, malgré quelques petites complications anodines.
Beaucoup de femmes disent que la douleur ressentie est difficile à expliquer.
Moi, je peux parfaitement la décrire.
C'est comme si une énorme machine vous broyait les os du bassin.
Et puis, elle est arrivée.
Ce moment là aussi, peu de personnes arrivent à l'expliquer.
On vous répond simplement qu'un amour inconditionnel vous submerge.
Mais qui sait ce que ça veut dire ?
Qui sait décrire cette sensation ?
Et bien, personnellement je trouve que « submerger » est encore trop faible comme mot.
J'ai été ensevelie, étouffée, écrasée par cet amour.
C'est tellement puissant que cela peut vous détruire.
Je me suis senti grandie, évoluée mais aussi vulnérable.
Ce tout petit être peut tout balayer d'un simple revers de main.
Elle dépend de moi, mais je dépends d'elle.
Si elle décide un jour de me tourner le dos, ma vie n'aura plus aucun sens.
Et pourtant...
Elle en avait avant son arrivée.
J'ai choisi d'allaiter, car j'avais peur de regretter si je ne le faisais pas. Peur de rater ces moments si particuliers.
Quand j'en ai parler à mes amies, certaines m'ont dit qu'elles trouvaient ça malsain.
Malsain...
Quel drôle de mot pour décrire cette action.
Nous vivons dans une société où le sexe est tellement présent que les femmes trouvent malsain de nourrir leur bébé au sein.
Ridicule !
Alors, dans ce cas je suis malsaine.
Et si pour vous aussi le temps s'arrête au moment où la chaire de votre chaire plonge ses yeux dans les vôtres pendant que vous lui donnez à manger, alors malsaine, vous l'êtes aussi.
Me voilà encore en pleine réflexion à imaginer des discours interminables pour défendre ma cause.
Toujours assise sur ce canapé.
Toujours devant cette télé.
La vérité c'est que je suis complètement épuisée, éreintée, au bout du rouleau...
A fleur de peau...
Ma fille s'est endormie dans mes bras.
Je ne peux pas bouger, elle pourrait se réveiller...
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Histoires de femmes
Short StoryCes petites histoires sont dédiés aux gens qui jugent, critiquent et parlent sans être eux même dans une certaine situation. Une situation dans laquelle une femme se sent coupable alors qu'elle ne le devrait pas. ceux et celles pour qui il est si fa...