Le Carnet

Chapitre 6

Neav amena Ayana jusqu'au couloir mais au lieu de tourner à droite pour se diriger vers l'entrée et les escaliers menant à l'étage, il tourna à gauche. Devant eux se trouvait une porte fermée à clé car quand le blond tenta d'en tourner la poignée, celle-ci resta close.

« Le tableau est à l'intérieur ?
- La dernière fois que je lai vu, oui, il y était. Cependant c'était quand ma mère avait enfermé tous les tableaux de mon grand-père à l'intérieur. C'était apparemment sa dernière volonté cohérente. Mais je ne sais pas où elle a caché la clé. » Lui répondit le garçon.
« Et tu n'aurais pas une petite idée, même infime d'où elle pourrait être ?
- Hum Non Enfin Si Peut-être
- Et où ?
- Dans la chambre de mes parents au niveau du bureau
- Et si on allait voir si nous la trouvons ?
- Hum Je vais d'abord appeler ma mère pour savoir si elle ne pourrait pas me dire où elle est, cela nous éviterait de la chercher.
- Ok. Mais tu ne risques pas de la déranger si elle est en voyage d'affaire ?
- Non et pis de toute façon, au-delà de dix-huit heures, dans le boulot de mes parents, ils les lâchent. A part pour certains repas avec différents clients ou collaborateurs où ils sont attendus. 
- Ah.»

Après être restés de longues minutes devant cette ouverture qui d'ailleurs était toujours close, les deux jeunes traversèrent la cuisine pour se diriger vers le salon.
Neav y prit son téléphone et le ralluma.

En le déverrouillant, il y vit un message de Luna.
C'était une fille de sa classe plutôt sympa avec qui il était censé faire un exposé sur le XVIIIème siècle, justement.

« Hé ho ! Ici la terre ! Tu l'appelle ou pas ?
- Oui pardon, je réponds à un message de Luna et après je l'appelle.
- ah ok. » Dit piteusement Ayana.

Une fois cette action réaliser, Neav appela sa mère.

«  Bip ! Bip ! Bip ! Allô, qui est-ce ? »
- Maman ?
- Oui.
- C'est Neav.
- Ah salut, mon fils. J'avais compris que c'était toi dès le moment où tu as dit maman. » Répondit la mère en abandonnant le ton enjoué, quelle s'était forcée de garder jusqu'à ce quelle comprenne qui était la personne au bout du fil.

Maintenant, elle arborait un ton beaucoup plus froid.
Ayana était d'ailleurs étonné de ce retournement de situation.
Elle pensait que la famille de son ami entretenait de bons rapports mais apparemment elle se trompait.

« Ah » Enchaina son fils.
«  Qu'as-tu à me dire ? Je suis pressée, on m'attend au hammam.
- Heu Bah Je voulais savoir où était la clé de la pièce où l'on avait rangé les tableaux de papy Yv'. J'avais envie de les voir.
- Combien de fois t'ais-je dit de ne plus l'appeler comme ça ! Tu n'auras pas cette clé et tu n'iras pas voir ces tableaux. Tu as sûrement d'autres choses à faire. » Répliqua-t-elle encore plus durement que précédemment.
« Oui
- Très bien. Je dois te laisser. Avec ton père, nous rentrerons demain vers midi. Bonne soirée.
- Merci, à vous aussi. » Répondit son fils, déçu, alors même que sa mère avait déjà raccroché.

Le garçon, qui était maintenant dos à la brune, se retourna vers elle.
Celle-ci lui adressait un sourire compatissant.
Il supposa quelle avait entendu la conversation, mais il aurait préféré que ce ne soit pas le cas car dorénavant l'image du garçon et de sa famille parfaite était fissurée.

Ayana eut l'amabilité de ne faire aucun commentaire sur ce qui venait de se passer.
Et Neav en profita pour se ressaisir avant de déclarer :

« Bon. Même si ma mère ma dit que je n'aurai pas la clé, on peut toujours la chercher et puis les interdictions, c'est fait pour être transgressées, non ? »

Ayana éclata de rire. Et le garçon enchaîna, tout d'un coup gêné :

«  Mais, du coup, si tu veux tu peux dormir à la maison comme ça on aura plus de temps pour chercher et tu n'auras qu'à repartir avant que mes parents arrivent.
- Ouais pourquoi pas. Je vais appeler ma mère pour lui demander »

La jeune fille prit de suite son téléphone et sans plus attendre rentra le numéro de ses parents.
C'est sa mère qui décrocha.
L'échange avec sa mère fut bien différent de celui que Neav avait eu avec la sienne.
Il ressemblait beaucoup plus à un échange habituel entre une mère et sa progéniture.

Le jeune homme ressentit une légère pointe de jalousie qui s'évanouit dès que les deux adolescents reçurent la réponse positif qu'ils attendaient.

Ni une ni deux, Ayana sortit de la maison de son ami en lui disant quelle se dépêchait de revenir et elle partit en direction de chez elle pour récupérer ses affaires.

Une demi-heure plus tard, elle était de retour. Il était déjà l'heure de manger. Ils préparèrent leur repas en une dizaine de minutes avant de se mettre à table.

Une fois leur repas terminé, ils décidèrent de passer à l'action.
Tous deux se dirigèrent dans un mouvement commun vers la chambre des parents de Neav.

Une fois devant la porte, Neav ne pu s'empêcher de s'accorder une seconde de réflexion : il était en train de braver un interdit de plus.
Il trouvait que ça commençait à faire beaucoup.

Mais il fut vite ramené à la réalité lorsque son amie enclencha la poignée, la porte s'ouvrit doucement dans un grincement affreux et strident pour les oreilles des deux compagnons.

Devant eux se dressait une pièce sombre avec des murs gris où s'entreposait un dressing, une bibliothèque, des chaises, un lit et un bureau recouvert de paperasses.
La pièce ressemblait à un vrai capharnaüm.
La seule fenêtre de la pièce était barricadée derrière un grand carton.

La pièce n'avait pas toujours été  comme ça, le temps  ou celle-ci était rangée et lumineuse remonte au moment ou le grand père de Neav était encore dans sa maison.

Les deux amis, une fois leurs vues adaptés à la faible luminosité, commencèrent leur recherche.
Ils s'attaquèrent d'abord aux tables de nuit, puis à la bibliothèque et finirent par le bureau.
Tous les tiroirs furent ouverts sans exception, pourtant aucun ne possédait la petite clé recherchée.
Ils regardèrent même sous le bureau en espérant la trouver.

« Elle doit l'avoir avec elle. » Déclara sombrement Neav.

Les deux adolescents désespérés sortirent de la pièce quand soudainement Ayana s'arrêta sur place et commença à faire grincer de plancher sous ses pieds en gigotant dessus.
Neav se retourna brusquement :

« Mais quest ce que tu fais ?
- Regarde cette latte, elle fait un bruit bizarre.
- Tu racontes n'importe quoi, c'est juste une latte normale.
- Mais si ! Là vient voir. » Lui répondit Ayana en se baissant.

Elle épouseta le sol sur la latte en question.
Neav remarqua enfin qu'il y avait bien un problème avec ce morceau de bois, il était effectivement plus foncé que les autres et en plus, il bougeait.

Ayana souleva la planche et elle sortie du petit renfoncement une enveloppe jaunie par le temps.

***