Chapitre 15 : Confidente

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Comme absorbée... engloutie...
Profonde descente dans cette substance liquide et agréable. Comme une caresse sur cette peau blanche et remplie de cicatrices. L'air est bloqué dans ma gorge. J'ouvre timidement les yeux et tout est flou. Pourtant je peux distinguer ses jambes ses balancer gaiement en avant, puis en arrière. Elle nage.
Je remonte à la surface, ouvre grand la bouche pour retrouver l'air qu'il me manquait et passe, par automatisme, une main dans mes cheveux trempés. Elle me regarde, m'envoûte, m'ensorcelle. Je laisse la moitié de mon visage se dissimuler dans l'eau sans rompre ce contact, cette conversation imaginaire, bien que quelque peu dérangée par ces yeux azurs qui me scrutent. Je finis par lui tourner le dos. Je l'entends rire légèrement.

 Elle s'avance un peu dans le bassin. Je remarque qu'elle a pieds désormais. Probablement a-t-elle trouvé une roche plate pour la soutenir sous cette eau limpide.
Je me contente, pour ma part, de rester cachée dans le flou de la rivière.

"Allez... Viens ici, m'ordonne-t-elle d'une douce voix."

Je fais "non" de la tête. Comme le ferait une enfant.

"Chloé... Tu vas te fatiguer si tu restes là où tu n'as  pas pieds. Viens maintenant."

Il faut admettre qu'elle n'a pas tort. Je ne suis pas faite pour faire du sport. Je n'ai aucune force physique. 
La preuve étant que mes jambe commencent d'hors et déjà à fatiguer... Alors je cherche du pied une roche ni trop proche ni trop éloignée de Léa pour m'y installer.

"Tu me fuis ma parole ?
-Faudrait savoir ce que tu veux... J'ai pieds maintenant.
-Si tu as pieds, pourquoi restes-tu dissimulée dans l'eau ? On dirait que tu te caches."

Je tourne la tête, gênée. 
Bravo, tu as deviné. Je me cache. Quelle serait la phrase exacte ? Je cache mes imperfections de la perfection de tes yeux ? Ou... Je me cache pour éviter que tu vois ce que je n'assume pas ? Hum... 
Je n'ai pas le temps de réfléchir, je l'entends s'avancer vers moi. Réflexe, je recule également. Elle s'arrête, à environ un mètre de moi, et me regarde.

Ça a déjà été une étape de me déshabiller devant ton regard rempli d'un désir inconnu, ne m'oblige pas à te montrer les détails de ce corps qui font que je suis Moi.

"Chloé...
-N'insiste pas... Je n'aime pas ça...
-C'est pour ça tout à l'heure que tu disais ne pas aimer la piscine ?
-..."

Possible. Oui. Assurément.
Je ne m'assume pas. Et même lorsque je dois montrer un bout de moi "sans imperfections", je n'aime pas ça. Sortir sans veste, mettre un short ou une jupe sans collant, c'est vraiment rare que je le fasse. Je me dissimule beaucoup, il faut l'admettre. C'est une facette étrange de ma personnalité. Pourtant je ne déteste pas tout en moi ! Mais... Ne pas aimer certaines parties suffit à complexer... Si je puis dire.

Je sens soudain une douce sensation sous mes cuisses. Deux mains s'y glissent et me soulèvent. Un hoquet de surprise m'échappe. Léa rapproche nos bassins, par automatisme, j'enroule mes jambes autour de sa taille et pose mes mains sur ses épaules. C'est la première fois que je la vois de haut. C'est la première fois que nous sommes si proches.
Je me sens rougir très vite, m'agite et tends les bras pour m'éloigner le plus possible.

"QU-Qu... Que fais-tu ?!!?
-Tu es merveilleuse.
-Ha ? Qu'est-ce que tu-...
-Chloé. Tu es magnifiquement belle."

Elle plonge son regard en moi. Elle me transperce de son épée. Mon cœur rate un battement, mon sang ne fait qu'un tour dans tout mon corps.
Elle a ses mains sous mes cuisses. A la limite de mes fesses. Et pourtant je ne la repousse pas. Je me contente de jouer son jeu, je l'observe comme elle se permet de m'observer. Et, quand je sens ses mains légèrement se resserrées sous moi, je sursaute. Elle me dit :

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