Chapitre 27 : L'enfer des sens

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À peine Vincent eut-il ôté l'épais cadenas du conteneur qu'une troupe de morts affamés en surgit.

Le cri que poussa Ariane pour le stopper était venu trop tard, il n'aurait pas pu arrêter son geste. Ce malheureux geste qu'il regrettera jusqu'à la fin de ses jours.

Le jeune homme, qui fixait toujours Ariane d'un air incrédule la seconde d'avant, se retourna soudainement. Il resta immobilisé un instant par la panique et regarda avec horreur la vingtaine de cadavres fondre sur lui. Les morts du fond poussaient ceux à l'avant, et en moins d'une seconde, Vincent se retrouva submergé.

L'adolescent poussa un cri d'horreur et bloqua la meute de ses bras. Il les bouscula violemment vers l'arrière, ce qui lui donna quelques instants de répit. Avec maladresse, il attrapa son poignard à sa ceinture. Inutile de songer à fuir, il ne lui restait plus qu'une solution : combattre, et ce, jusqu'à la mort. Il commença alors à frapper toutes les têtes putrides passant dans son champ de vision.

Ariane courut plus vite qu'elle ne l'avait jamais fait. Son cœur battait avec une force hors du commun et des larmes se formaient au coin de ses yeux. Quant elle arriva devant ce maudit conteneur, Vincent avait disparu, englouti par la masse des morts. Elle crut un instant que l'adolescent avait succombé, mais cette horrible supposition fut vite balayée. La tête blonde de son ami émergea soudainement de la mêlée. Poussant des cris de rage, son poignard ruisselant de sang noirâtre, il se battait comme un lion.

Terriblement rassurée, la jeune femme resserra les doigts autour de sa matraque et se jeta sur ses ennemis tel un bulldozer. D'un coup puissant, elle perça de part en part le crâne mou d'une morte presque entièrement décomposée. Elle tira sur son arme d'un coup sec et la ficha dans la tempe d'un nouveau mort sur sa gauche. Pressée d'en finir, la jeune femme se pencha afin de récupérer sa matraque. Seulement, à sa grande surprise, celle-ci refusa de quitter la tête du mort effondré à ses pieds.

Gagnée par l'angoisse, Ariane tira sur le manche de toute des forces, mais sans succès. Derrière elle, les grognements et les râles gagnaient en intensité. Cinq morts seraient bientôt assez prêts pour réussir à l'attraper.

— Et merde ! cracha-t-elle. Je vais devoir te laisser Agathe, j'ai plus le choix.

Ariane dut se résigner à délaisser son arme favorite, la mort dans l'âme. Elle saisit le couteau de chasse à sa ceinture. Ce fut juste, car à peine cela fait, la main d'un mort frôla son visage. L'odeur de décomposition vint chatouiller ses narines et la jeune femme retint un haut le cœur. Elle recula de quelques pas tout en reprenant son souffle. C'est ce moment que choisit le plus rapide de ses opposant pour se ruer sur elle.

Ariane attrapa le vieux rodeur tout rabougri et osseux par la touffe de cheveux gris ornant son crâne. Avec un grognement meurtrier, elle lui enfonça violemment son couteau dans la gorge, le plantant jusqu'à la garde. La jeune infirmière se dépêcha de récupérer son bien et, après s'être éloignée de ses quatre opposant, elle chercha Vincent du regard.

L'adolescent était toujours bien vivant, il se battait cinq mètres plus loin, aux prises avec plus de huit cadavres. Mais il n'était plus seul, Jake et Cooper se tenaient à ses côtés. Elle voulut localiser Andrew, mais ce ne fut pas nécessaire. Une main apaisante se posa au même moment sur son épaule, immédiatement suivie par la voix moins sereine qu'à l'accoutumée du jeune homme :

— C'est bon, on est deux maintenant, on va s'en sortir.

— Ok, on en prend deux chacun ! Il faut qu'on se dépêche d'en finir, notre combat va attirer les autres, gémit Ariane.

— Je veux pas te paniquer, mais c'est déjà à moitié le cas, souffla Andrew d'un ton voilé par la peur.

— Quoi ?

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