Si Louis était différent, je crois que je l'étais moi aussi d'une certaine façon. Quand j'étais petit, j'étais un enfant très timide et très renfermé, cela inquiétait beaucoup mes parents qui m'ont emmené voir différents psychologues. Ils avaient peur qu'en grandissant ce ne soit pas facile pour moi, socialement. Ils avaient raison, même encore aujourd'hui, j'ai beaucoup de mal à créer des liens avec les gens, à faire des rencontres ou encore à me faire des amis. Cela ne m'a jamais dérangé, j'aimais la solitude. Louis a été le seul à briser ça et je lui en ai voulu pour ça, car quand il est parti, je me suis senti seul pour la première fois de ma vie.
Louis a changé mon existence à tout jamais.
Avant de le rencontrer, je n'avais jamais menti à mes parents. Je leur ai caché notre relation pendant plusieurs mois, je refusais qu'ils l'apprennent car s'ils l'avaient su, ils m'auraient empêché de le voir. J'avais conscience que je n'aurais pas pu leur en vouloir pour ça. Je savais que ce que je vivais avec Louis allait me faire souffrir et eux l'auraient compris aussi. Je ne pouvais pas demander à mes parents d'accepter le mal que je me faisais. Je ne voulais pas qu'ils nous découvrent, je ne voulais pas qu'ils m'éloignent de Louis. Il m'était devenu vital et chaque moment passé loin de lui était une épreuve à vivre pour moi.
Louis était mon secret et à ce moment-là, j'aurais aimé qu'il le reste à tout jamais.
Il voyait toujours mon père toutes les deux semaines, et si lui ne dirait rien, je savais que ses parents, eux, finiraient par tout lui avouer. La fin des vacances approchait, la rentrée des classes était pour bientôt et j'avais conscience que ça les inquiétait beaucoup. En reprenant les cours, j'allais passer moins de temps avec leur fils, ils avaient peur de ce que cela pourrait faire à Louis. Ça m'effrayait moi aussi, j'avais peur d'être loin de lui. J'aurais aimé rester en vacances tout ma vie, ou au moins le temps de celle de Louis. Il lui restait encore trois mois et demi dans ce monde, mais à ce moment-là je l'ignorais. J'imaginais qu'il me restait beaucoup moins de temps avec lui, mais même l'éternité aux côtés de Louis aurait été insuffisante.
Ce soir-là je suis rentré chez moi juste avant l'heure du dîner, comme tous les soirs. J'étais fatigué, pas dans mon corps, mais dans mon esprit. Louis avait été malade toute la journée, il avait beaucoup vomi et quand il ne vomissait pas, il dormait. Ses parents voulaient l'emmener à l'hôpital, mais il a refusé catégoriquement. Louis était la personne la plus têtue que je n'ai jamais rencontré. Même quand il était faible, il tenait tête à tout le monde.
Je n'en avais pas conscience, mais c'est à partir de ce jour-là que l'état de Louis a commencé à se dégrader doucement.
Quand je suis rentré, je n'avais qu'une seule envie : m'enfermer dans ma chambre et appeler Louis. Même s'il ne pouvait pas parler et que ce n'était qu'à travers nos téléphones, j'avais besoin d'entendre sa respiration, j'avais besoin d'entendre son souffle et sentir sa présence. Ça avait été difficile pour moi de le voir aussi mal et j'avais besoin de savoir qu'il était toujours là.
Je n'ai pas pu appeler Louis ce soir-là. Mes parents m'attendaient autour de la table, ils avaient un air grave sur le visage. J'ai tout de suite compris qu'ils savaient, je me souviens avoir eu peur. Même si ça n'avait pas sens car je venais tout juste de quitter Louis, j'ai demandé d'une voix tremblante s'il était mort. Je me rappelle de la réponse de mon père, de ses mots exacts, je me rappelle de toute cette conversation, je ne l'ai jamais oubliée.
"Non Harry, il n'est pas mort."
Je me souviens du long silence qui avait suivi avant qu'il ne rajoute :
"Pas encore."
Il avait prononcé ces mots comme s'il cherchait à me faire prendre conscience de la situation. Mais ce qu'il ne savait pas, c'est que j'en avais déjà conscience, je savais que Louis allait mourir, depuis le premier jour, depuis notre première rencontre. Je ne m'étais jamais menti, je n'avais jamais eu l'espoir qu'il survive, je ne voulais pas croire en quelque chose qui n'arriverait jamais.
Louis n'est pas mort ce soir-là, ses parents avaient tout avoué à mon père, qui lui, en avait parlé à maman. Ils étaient au courant, Louis n'était plus mon secret. La pire journée de ma vie a été celle où Louis a quitté ce monde, et toutes celles qui ont suivies. Mais ce soir-là, j'ai été blessé. C'était la première fois que je ne me sentais pas compris, ni soutenu par mes parents.
"Tu nous as menti."
Je ne pouvais pas me défendre, ils avaient raison, je leur avais menti. Même si je ne leur avais jamais réellement parlé de mes journées, je leur cachais des choses et c'était une forme de mensonge. J'aurais aimé qu'ils me comprennent.
Nous nous sommes fâchés très fort ce soir-là, c'était la première fois que ça arrivait. Ils ne voulaient plus que je vois Louis, ils m'ont puni, je n'avais plus le droit de sortir jusqu'à la reprise du lycée. Heureusement ils ne m'avaient pas confisqué mon téléphone portable, je crois qu'ils n'y avaient pas pensé.
Je leur en avais voulu de réduire Louis à une personne mourante.
J'aurais voulu leur raconter ma journée, j'aurais aimé leur dire à quel point ça avait été dur pour moi de voir Louis aller aussi mal. J'aurais aimé que maman me prenne dans ses bras pour me réconforter, que papa me dise qu'il allait faire tout ce qui était en son pouvoir pour soulager Louis, pour qu'il puisse partir en souffrant le moins possible. J'aurais aimé qu'ils soient là pour moi. Ils ont voulu me protéger sans se rendre compte qu'ils me faisaient encore plus de mal.
Même si Louis ne me l'a jamais avoué, je sais qu'il en a voulu à mes parents de nous avoir volé une semaine de sa vie.
VOUS LISEZ
À Demain
FanfictionUne nouvelle histoire à partager avec vous. En espérant que vous l'aimerez, comme moi j'ai aimé l'écrire. Bonne lecture. ♡