CHAPITRE I : Qui suis-je ?
Nous sommes en hiver, il fait froid, la rosée du matin fait la beauté des arbres lorsque je marche vers un Tea room de la ville.
Je m'installe confortablement près du radiateur afin de me réchauffer.
C'est un établissement bien connu, implanté depuis une cinquantaine d'année et où y règne une ambiance sereine, calme, un havre de paix pour commencer la journée. Je commande un croissant et un café aux arômes de réveil, mais sans trop de brutalité. Tout en mangeant mon petit déjeuner, j'observe autour de moi.
Je vois des personnes âgées, habituées des lieux, mais aussi des couples venus partager un moment à deux avant de partir chacun de leur coté et se rendre au travail. Viennent aussi les personnes seules, comme moi, qui avant d'entamer leur journée cherche un peu de chaleur dans cet endroit qui se veut rassurant et apaisant. 8H45, je termine mon premier repas et il est temps pour moi de me rendre au travail. Tout semblait normal.
Mon croissant, mon café, 5,50€ comme d'habitude. Je paie cette serveuse comme tous les matins depuis années, banalement, quand quelque chose vient perturber ce quasi quotidien. Je l'aperçois ! Cette personne... Celle qui vous fait tourner le regard, celle qui vous empêche d'arrêter de la fixer à en devenir gênant, mais il y a ce truc chez elle qui vous dit que la journée sera différente. Il est 8h50, je marche vers ma voiture, la tête ailleurs ne sachant plus trop le court de ma journée. Machinalement, j'arrive au travail. Experte comptable dans un hôpital de la ville, je me nomme Callie.
Je suis une femme comme on peut l'entendre parfois, fatale. Non pas part mon physique que l'on pourrait imaginer, mais pour ma carrière professionnelle. Assez jolie, parait-il, mais au caractère bien trempée, résultats de peu de contacts humains, mais tout de même un mari, Andréa, aimant et merveilleusement patient. Arrivée au boulot, je m'installe, vais dire bonjour a mes collègues et je commence à planifier ma journée.
Ce matin n'est pas comme les autres. Mon esprit s'emporte, mon travail s'en ressent. Je suis ailleurs ! Que se passe t'il ? Je crois que je pense à cette personne croisée ce matin. C'est étrange et troublant. Très troublant ! 9H15, mon premier rendez vous de la journée arrive. Une société de literie connue dans l'hôpital depuis plus de vingt ans. Le patron, Stan, que je reçois me présente ses nouveaux produits et techniques. Je l'écoute comme chaque année sachant d'avance que nous allons signer ensemble et me laisse donc la liberté dans m'évader dans un autre monde. Mon esprit le temps de quelques secondes s'en va et retourne à l'heure ou il a été troublé, je dirais même désarçonné ! Stan me rappelle à l'ordre, Callie m'écoutes-tu ?
Ma parole lui dit que oui, mais mon esprit sait que non. Je n'avais à ce moment là aucun intérêt pour ses linges, ses explications, ni même sa présence. Mon professionnalisme reconnu et apprécié en 10 ans de carrière venait de me faire défaut.
Le rendez-vous terminé, je clôture cette rencontre par des formalités administratives et retourne à un travail plus bureaucratique cette fois. Bien remise de mes émotions et bien ancrée dans mes papiers, seuls mes comptes occupent mon esprit et je redeviens moi-même. Professionnelle, catégorique, peu agréable voir même sectaire. Ce moment d'égarement à sembler me faire voir le temps d'un instant une autre facette de moi, mais le naturel revient vite. Je m'interroge ! Le temps passe, plongée dans mes budgets, je n'ai pas vu l'heure de table arrivée. Mes collègues décident de se rendre dans un petit restaurant situé à quelques pas de l'hôpital, me demande si je veux les accompagner, mais je refuse. J'ai envie d'être seule et je mange mon sandwich dans mon bureau et comme beaucoup je termine mon repas face à mon écran. Mes collègues une fois rentrer, viennent me chercher dans mon bureau pour aller boire un café.
Je ne refuse jamais un café, c'est comme le vin, ça ne se refuse jamais. Il y a dans le services deux hommes et deux femmes. Nous sommes une petite équipe de cinq et nous nous entendons très bien. Un peu à part, il est vrai que je suis moins joviale et amicale que mes confrères, mais nous formons une équipe efficace. Gabriel, le plus jeune de l'équipe, nous raconte ses déboires du week-end. C'est un peu enfantin tellement innocent, mais cela me rappelle que je suis passée dans la tranche supérieure.
La quarantaine bientôt proche et affirmée que je vieillis. Mon samedi et dimanche se résume généralement au ménage, aux courses et aux soirées dans le canapé avec chéri. Rien de grave, mais rien d'excitant non plus quand on y pense. Gabriel a éveillé en moi le souvenir de mes années de jeunesse et la mélancolie m'emporte. Ces souvenirs et cet évènement du matin, on mit le fouillis dans ma tête. La pause café terminée et ce moment de rigolade passé, nous retournons travailler. Investie dans mon travail, la fin de journée arrive sans que je ne l'aie vu. Il est 16 heures, je range mes affaires et je rentre chez moi. J'habite un quartier plutôt modeste où tout le monde se dit bonjour, les contacts se limitent à ça, mais il y fait bon vivre. 16H30, j'arrive chez moi, dépose mes affaires, retire cette veste cintrée, certes de très bon goût pour le travail, mais tellement moins confortable que mon pyjama, car comme tout le monde j'aime être à l'aise surtout en ce temps froid, mais je m'en empêche. Ma retenue, mon travail je ne sais pas qui ou quoi m'y oblige. Ce besoin triste et réel d'être toujours parfaite. Veste et chaussure retirées, je me sers un verre de vin, je me pose dans le canapé, je me détends en attendant mon mari Andréa. Il est ingénieur en chimie, métier très prenant qu'il prend à cœur, mais de façon plus rationnelle que moi. Nous sommes ensemble depuis quinze ans. Nous nous sommes rencontrés à l'université à l'âge de 22 ans. C'était un jeune garçon qui aimait la vie, ses amis, les sorties, il profitait de sa jeunesse comme tout autre étudiant tout en restant sérieux dans ses études et son avenir professionnel. Pour ma part j'étais étant plus jeune plutôt ouverte d'esprit, beaucoup plus agréable que maintenant. J'ai fait ma jeunesse, j'ai ri, j'ai bu, j'ai connu la gueule de bois aussi et ce petit coté fantaisiste de l'époque a su charmer Andréa. Bien sur avec mon sale caractère, malgré tout, et après plusieurs essais et de la persévérance il a réussi à ouvrir mon cœur.
Nous avons connu des débuts magnifiques. Les sorties, les restaurants, les cinémas, juste de la magie. Nous avons vécu deux ans en nous voyant chez nos parents où nous avons partagé énormément de choses. Notre couple était parfait, la vie nous était belle et une fois nos études terminées, nous avons de suite cherché un emploi afin de nous installer et commencer notre vraie vie de couple. Nous avons trouvé un appartement dans le centre afin de nous faciliter la tâche pour nous rendre au travail. Notre nid n'était pas très grand, mais nous ne manquions de rien. Nous étions heureux de nous retrouver à deux, amoureux plus que jamais. Andréa est un bel homme, grand brun aux yeux sombres et mystérieux. Le genre de garçon que toutes les petites princesses révéraient d'épouser.
C'est un homme remplit de qualité. Attentionné, sérieux celui qui vous fait à manger, qui vous aide dans les tâches, vous soutien etc. Certes, le mari idéal ! J'avais beaucoup de chance d'être la personne qui partage sa vie et qui a le bonheur de se réveiller chaque matin à ses côtés. Quelques années passées ensemble dans cet appartement et voyant que nous étions faits l'un pour l'autre, nous décidons bien vite d'acheter une maison. Nous aimions tout les deux la campagne et après quelques mois de recherche nous avions trouvé la maison de nos rêves. Une grande bâtisse entourée de champs ayant gardé son charme initial, mais rénovée intérieurement avec goût dans un style assez moderne et luxueux. Un grand hall qui laisse entrer la lumière qui se reflètent sur cette double porte vitrée menant au salon. Premier pas d'un lieu idyllique à nos yeux, l'entrée de notre vie, de notre rêve. Le salon vêtu de marbre, une cheminée ouverte au milieu de la pièce nous laissait déjà entrevoir ce goût de soirées d'hiver, un chocolat chaud autour du feu. Vient ensuite la cuisine, pièce maîtresse de la maison pour beaucoup de femmes. Il faut reconnaître que je cuisine bien.
Chéri voyant mon goût pour la cuisine décida de m'en offrir une nouvelle. Celle que j'aimais, de couleur noir et bois, électroménagers dernière technologie. Le bonheur en cuisine et le bonheur d'un mari avenant et prévenant. Cela fait quelques années maintenant que nous vivons dans cette maison. Six mois plus tard, un petit chat vient compléter ce bonheur ! Je vous explique : j'aime énormément les chats et un matin au réveil, Andréa est venu avec un paquet cadeau au saut du lit. Il était tout élégant, comme à son habitude, mais je le trouvais plus stressé que les matins pour se rendre au travail.
Il me dépose ce paquet dans les bras. Je l'ouvre et j'en sors un petit chaton portant un collier de cuir rouge avec un petit mot.
« Callie, veux-tu m'épouser ? » Sous le choc, inattendue, je suis restée quelques secondes dans le silence pour enfin sortir le mot oui. Je n'avais pas encore pensé au mariage, mais Andréa avait su s'y prendre. Voilà comment nous sommes arrivés là ou nous en sommes aujourd'hui.
Un couple simple, heureux allant de l'avant, soudé dans chaque moment que la vie nous apporte. La sonnette retentit, Andréa est de retour à la maison. Je vais lui ouvrir la porte, m'embrasse pour me dire bonjour et retire ses chaussures comme tous les jours. Nous allons tous les deux nous installés sur le canapé pour discuter de nos journées.
Il me demande si ma journée s'est bien passée. Je lui réponds simplement que oui sachant derrière que mes pensées étaient un peu floues. Je lui demande en retour et nos réponses se rejoignent. Nous évitons le plus souvent de parler de travail entre nous. Il y a le travail, le couple et les amis, nous avons toujours fait la part des choses. Cette permission de pouvoir avoir ce petit jardin secret est une base solide de notre couple qui nous a permis d'être toujours ensemble après autant d'années. Aujourd'hui est un jour différent, j'ai envie de parler de ma journée de travail, de cette chose qui m'est arrivée ce matin, de la journée spéciale qui en a découlé. Je décide donc de dire à mon tendre que j'ai un coup de fil important à passer.
Lui part à ses occupations dans le jardin et moi je m'isole dans notre chambre et téléphone à Carla, ma meilleure amie depuis que nous sommes enfants. Carla était ma voisine lorsque nous habitions chez nos parents. Nous nous sommes connues à l'âge de 3 ans et ne nous sommes jamais quittées. Une fille très cool, elle travaille dans une école avec des jeunes en difficultés, vit seule avec son chien et ne veut pas s'encombrer d'un homme. Elle est en fait tout mon contraire et c'est ce qui fait que je l'aime autant et que nous sommes si complémentaires. J'appelle donc Carla, qui ne me répond pas.
Je suis un peu désarmée j'aurais aimée entendre sa voix. N'ayant pas de rappel, après cinq minutes, je décide d'aller faire le souper. Ce soir j'avais envie de préparer des pates bolognaise, plat très simple, mais qu'Andréa adore, j'avais envie de lui faire plaisir. Perdue dans mes pensées, je cuisine inconsciemment, la tête ailleurs et par miracle, la sauce et les pates sont prêtes sans même que je m'en aperçoive. A ce moment, Andréa remonte du jardin et me dit ; ça sent bon ici, ma petite femme m'a encore gâtée ?! Je lui répondis que oui. Nous passons alors à table. D'habitude nous parlons beaucoup lors du repas, mais aujourd'hui j'étais plutôt silencieuse et ailleurs. Andréa ne dit rien et remit ça sur la fatigue. Mon mari est adorable et compréhensif, mais moi, je me sens mal et tout à coup, prise de remord, je décide d'entamer la conversation.
Je demande à mon amour ! comment te sens-tu ? Je vais bien me dit il je suis content d'avoir fini le jardin et toi ma chérie ? Ma réponse fut brève.
« Je vais bien merci ». Nous avons terminé de manger, Andréa débarrasse la table et je mets assiettes et couverts au lave-vaisselle. Nous nous remettons sur le canapé où nous regardons une de ces émissions plus connues les unes que les autres, sans intérêts, mais distrayante, quand tout à coup, mon téléphone se mit à sonner. C'était Carla, je me lève et part m'isoler dans notre chambre. Pendant ce temps, chéri regarde la télévision sans se préoccuper du reste. Carla ? Oui Callie, comment vas-tu ? Ça va merci et toi ? Je vais bien, tu as essayé de me téléphoner tout à l'heure ? Oui j'ai des choses à te raconter, on peut se voir, aller boire un verre ce soir entre copines ? Carla me répondit oui avec un grand sourire que j'imagine. Je raccroche et revient donc dans le salon vers Andréa. Un peu comme une gamine, je lui demande si je peux aller boire un verre avec Carla. Sans hésitation il me répond que oui et que je profite.
Il faut avouer que depuis que nous sommes dans notre maison, j'ai rarement pris la liberté de faire quelque chose de mon coté ou sans lui. Rien ne m'y empêchait, mais le fait d'être en couple amène à ce genre de raisonnement, du moins pour moi. Sur cette bonne parole, je fais un bisou à chéri, prend mes clés et vais chercher Carla. En voiture je mets de la musique et commence à chanter, à m'évader, à rêver. Chose que je n'avais plus fait depuis des années. J'arrive devant l'appartement de mon amie qui m'attendait déjà dehors.
Elle monte dans la voiture et je prends la route vers notre café où nous allions quand nous étions jeunes. Le pub bar, spécialiste des cocktails et des soirées bien arrosées de nos 20 ans. Nous entrons dans le bar et une fois franchit la porte, les souvenirs me remontent, je souris bêtement et une sensation de bien-être m'envahit. Carla et moi prenons place. Je me commande un martini blanc et elle son éternel mojito menthe fraise. Bien installées, posées, nous commençons à discuter. Je n'avais plus vu Carla depuis quelques mois, je lui demande donc comment elle va. Pareil à elle-même elle me répond que tout va bien. Carla mène sa vie librement comme elle le veut. Parfois je l'envie de cette simplicité, cette chance de ne rien devoir à personne. Non pas que ma vie soit compliquée ou triste, mais aujourd'hui je ne sais pas pourquoi, mes habitudes me pèsent. Carla voyant de suite mon état me demande à son tour comment je vais et lui répond en allant droit au but que ce matin j'ai été troublée par une personne et que depuis je suis déboussolée, perdue et je m'interroge. J'explique à Carla que je suis allée prendre mon déjeuner au pain de seigle et que tout se passait normalement. Je lui raconte qu'au moment de payer, une personne ouvre la porte et me laisse bouche bée, clouée au sol, mon corps s'échappe et se passe en moi quelque chose d'inconnu, mais de si bon et mystérieux. En haleine, Carla me demande comment était-il ? C'est la que ma question se posait ! Comment était-il ? Pourquoi cette personne m'avait-elle mise dans cet état en l'espace de quelques secondes. Carla de sa franchise me dit, tu es amoureuse Callie ! Mais non, je suis amoureuse d'Andréa, je sais ce qu'est l'amour, ce qu'on ressent, là où ça mène. Cette personne c'était différent, troublant, questionnant et inquiétant ! C'est à ce moment que je me rendis compte que je n'avais pas envie d'en parler avec Carla ni avec qui que ce soit. Que se passait t-il dans ma tête, dans mon corps et dans mon cœur ! Il est minuit passé, il est temps pour moi de ramener Carla chez elle et de rentrer chez moi. A la maison, Andréa est déjà au lit, je file sous la douche, met mon pyjama, sexy, malgré l'hiver, car mon homme aime me voir dans ce genre de tenue pour aller dormir et le rejoint. En me glissant dans le lit, je le réveille. Toute désolée, je lui demande pardon, mais il ne dormait pas, il m'attendait. Geste avenant d'un mari adorable ou le désir d'avoir sa femme à coté de lui.
Je penchais plutôt pour la deuxième option. Je m'installe, sur le dos quand il vient se mettre à mes cotés. Il vient spontanément me faire un baiser et me demander comment c'est passé ma soirée. Je lui répondis que c'était sympa, que ça m'avait fait plaisir de revoir mon amie. Je ne lui dirai rien de plus. Sur le point de me mettre en position pour dormir et éteindre la lampe de chevet qui se voulait ce soir tamisée, je sens la main d'Andréa se poser sur moi. Sa main caresse mon corps, partant des hanches à mes chevilles. C'était agréable, mais ce soir je n'avais envie de rien d'autre que de me plonger dans les draps et dormir. Avec tact et délicatesse, je fais comprendre à Andréa que ce soir n'est pas un soir où j'ai envie de faire l'amour, que je l'aime, mais que je suis fatiguée. Mon mari, exceptionnel, me comprend, comme toujours et me souhaite une bonne nuit, dans la bonne humeur, sans aucun reproche et se met lui aussi très vite à l'aise et s'endort aussitôt. Contrairement à lui, je ne dors pas, je suis dans le lit, pensive, à me demander, qui est-ce, qui suis- je ?
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Le doute
RomanceCallie, jeune femme de caractère, distinguée, carriériste a ce que l'on peut dire tout pour elle. Elle est d'une extreme beauté et possède des courbes parfaite, un mari aimant, bel homme, un travail de responsabilité et une magnifique maison. La vie...