14 鬼魂之故事 Une histoire de fantôme

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La poussière fut projetée dans la salle en un souffle ardent, l'éclair fut lancé au même instant.

Les soldats volèrent comme des feuilles sous la vague de foudre qui traversa le couloir. Mastani enchaîna immédiatement en arrachant une plaque de béton du mur à sa droite pour l'envoyer sur le premier soldat qui arriva par la porte, marchant par-dessus ses confrères électrocutés. 

L'homme se retrouva le crâne écrasé contre le mur, alors que d'autres arrivaient, chargeant leurs fusils laser, se préparant à l'affrontement. Mastani entendit les pas lourds de leurs bottes résonner sur le sol et fit sauter tous les murs, laissant des milliers de morceaux de béton flotter dans l'air autour d'elle. 

Elle se mit à faire tourner ses mains à plat l'une sur l'autre, ce qui eut pour effet d'activer le tournoiement de centaines de petits morceaux autour d'elle, alors que le reste de sa réserve de béton restait inactif. 

Les premiers faisceaux laser fusèrent dans le couloir et elle les laissa être déviées par son bouclier de béton en mouvement.

—Venez me chercher, bande de bâtards des steppes ! cria-t-elle en karakhitan. 

Elle se mit à lancer des éclats de béton sur ses adversaires en avançant vers eux. Les morceaux coupants leur lacéraient la peau et écorchaient leur visage. 

Elle entendit l'ambassadeur leur intimer des ordres et elle repéra sa position par rapport aux autres. Il se cachait dans un couloir perpendiculaire, découvrit-elle avec plaisir. 

D'un coup de pied dans le sol, elle fit lever une grande plaque de béton qui vint séparer l'ambassadeur de son équipe. Puis une deuxième l'isolant de sa seule issue. Elle l'entendit hurler pour qu'on le fasse sortir. Va te trouver un sorcier ou un bulldozer pour sortir de là, fils de pute, pensa la sorcière.

Elle relança une deuxième salve de shrapnel et tous les soldats tombèrent au sol, criblés d'éclats de béton qui leur transperçaient la peau jusqu'aux os. Pas de pitié pour des violeurs. Elle les laissa à leurs gémissements de douleur et s'enfuit par le trou qu'avait fait Yuya. 

Elle se retrouva face au vide et à l'immensité de la ville. Ils devaient se trouver au vingtième étage d'une tour noire et violette, de verre et de néons magiques. En dessous, les lumières électriques faisaient des rues des fleuves multicolores, tandis que les toits des immeubles des quartiers pauvres se regroupaient en tas plus loin vers l'Est. 

Yuya avait dû descendre par les escaliers en passant par la fenêtre ouverte de l'étage en dessous. Mastani ne s'embêta pas d'un moyen d'évasion aussi lent. Elle se concentra sur le toit beaucoup plus bas de l'immeuble en face et sauta, projetant son corps dans le vide. 

Le saut fut interminable, mais grâce à la poussée magique, elle atterrit là où elle l'avait décidé. Elle regarda au bas de la tour qui servait d'hôtel de police général, 雲海中部警察局 Le Commissariat Central de Yunhai. Yuya n'était pas là. Peut-être avait-il trouvé un moyen plus rapide de descendre. 

Un souffle étrange passa soudainement autour d'elle.

Son sang ne fit qu'un tour. 

Elle sentit à nouveau l'impression étrange qu'une magie fantôme venait d'emplir l'espace. Elle fit un tour sur elle-même pour voir si elle n'apercevait pas le croupier au regard étrange dont Yuya lui avait parlé. 

La magie plana autour d'elle comme si elle cherchait à l'étouffer en compressant l'air, mais Mastani projeta son énergie à travers une onde incandescente qui carbonisa le sol dans un cercle de trois mètre de diamètre, repoussant l'étau invisible autour d'elle. Une alarme dans le bâtiment d'en dessous se mit à sonner et tous les appareils magiques s'éteignirent, mais ne réussit pas à obliger le sorcier derrière cette magie à se dévoiler.

  — Aller, montre-toi ! Viens voir par ici ! cria-t-elle en projetant une onde plus large, qui fit voler en éclat les vitres de l'étage en-dessous. 

Elle sentit la force invisible qui commençait à charger un sort d'une puissance dévastatrice tout près d'elle et elle sauta immédiatement sur un autre bâtiment pour se mettre à l'abri. La puissance du sort était en train de grandir. Elle prenait de l'envergure, se développant au-dessus du bâtiment telle une orbe de magie invisible. Mastani ne pouvait la voir de ses yeux, mais sa présence négative était presque palpable. 

— Tu crois que tu peux jouer comme ça avec moi ?  

D'un geste précis, Mastani visa le toit sur lequel elle se trouvait auparavant pour y lancer un éclair blanc, supposé se répercuter entre toutes les sources de magie à proximité. 

La foudre s'orienta vers une antenne satellite, puis elle fut magnétiquement propulsée contre un réservoir d'eau de pluie qui explosa sous le choc électrique, avant d'être attiré par une autre source de magie, au centre du toit. Mastani plissa les yeux et se prépara à partir à l'assaut. 

Il lui sembla apercevoir une forme pendant un quart de seconde. Elle entendit un grognement de douleur rapide qui se perdit immédiatement dans le brouhaha de la ville. Le sort qui était en train de charger disparut totalement, comme s'il s'était dissipé. 

Ce n'était pas possible. Une telle quantité de magie accumulée ne pouvait pas simplement s'évanouir, se dissiper dans l'air comme un nuage de fumée. 

Elle l'avait sentie si dense que la moindre erreur de la part du sorcier qui l'avait produite aurait pu conduire à une explosion assez puissante pour souffler le Commissariat Central. 

Ce qu'elle venait de sentir défiait tout simplement toutes les lois naturelles de la Magie.

— Montre-toi, putain ! s'énerva-t-elle.   

Cette magie fantôme disparut d'un seul coup. 

Brusquement, une explosion retentit au loin. Toute la puissance destructrice que Mastani avait sentie à côté d'elle s'était libérée à des kilomètres de là ! Comment avait-on fait voyager autant de magie ?!  Elle se tourna vers les quartiers pauvres de l'Est et vit les flammes bleues d'une déflagration d'énergie. Elles n'étaient pas loin du restaurant de Hong. Merde...

Les flammes dans l'horizon se transformaient peu à peu en un véritable feu, jaune vif et dégageant une fumée noire au-dessus des vieilles maisons de tuile noire.

  — C'est quoi ce bordel, marmonna-t-elle avec inquiétude.

Elle avait cru voir une personne, entendre une voix, mais elle n'avait toujours aucune idée de la source réelle de cette magie, et elle était d'autant plus terrifiante qu'elle pouvait frapper n'importe où, et n'importe quand, sans limite dans le temps et l'espace. 

Une sorte de sensation étrange envahit la sorcière, de l'excitation mêlée à de la peur. C'était rafraîchissant de nouveauté, emprunt d'un désir profond et morbide, celui de trouver sa propre mort. Elle frissonna. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas eu peur d'un sorcier. Si c'en était bien un. 

En tout cas, il avait réussi à attiser sa curiosité. Et que ce soit un terroriste ou un simple gosse qui aimait jouer avec ses pouvoirs, il allait bientôt rencontrer Mastani.

Elle se mit à courir de toit en toit, utilisant les courants magiques qui passaient au-dessus de la ville pour accélérer sa course et amortir sa chute lors de ses sauts. Si seulement elle avait eu sa moto, pensa-t-elle. Pourvu que Yuya soit encore au commissariat avec Hudson.  

MASTANIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant