II - La maison

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Le jeune homme rentra dans la pièce dans un assourdissant fracas de porte. Celle-ci, bien que quelque peu rouillée, résistait plutôt bien aux coups de pieds incessants. Elle fut refermée quelques instants plus tard de la même façon. La pièce était très étroite. On y trouvait à peine la place de circuler entre le lit, le bureau et l'armoire au fond de la pièce. L'insalubrité de la pièce alliée à l'absence de rangement en faisait un véritable taudis. Malgré cette ambiance glauque, le jeune homme s'avança vers le lit et s'y effondra comme si de rien n'était.

*

Ce n'est qu'à l'aube que la pièce repris vie, lorsque les premières lueurs du soleil vinrent réchauffer le visage du jeune homme. Sa capuche, tombée durant la nuit, ne dissimulait plus la tête de celui-ci. Malgré le manque de luminosité, on pouvait alors distinguer ses cheveux bruns, courts et mal entretenus. Après s'être difficilement sorti du lit, le jeune homme s'engouffra dans une trappe dissimulée sous celui-ci. Encore titubant, il réussit à descendre les nombres marches sans trop de difficulté en suivant la légère lumière qui se glissait discrètement plus bas. Une fois de plus son entrée fut remarquée par le claquement brutal de la porte sur le mur d'enceinte. La trentaine de personne qui se trouvait dans ce hall se retournèrent alors vers lui. On pouvait déceler la nature des relations entre l'homme et ses pairs rien que du fait des regards que lui jetait ceux-ci. Tantôt méprisant, tantôt craintifs, aucune des personnes présentes dans la pièce ne semblait accepter sa présence. Malgré cette ambiance glaçante, l'homme semblait ne prêter aucune attention à ce qu'il se passait autour de lui et fit à nouveau claquer la porte d'un habile mouvement du pied, ce qui réveillât les esprits.

Les activités reprirent alors lentement leurs cours tandis que le jeune homme avançait le long des murs du hall en contournant la gigantesque zone d'entrainement qui se trouvait au centre, sous les regards suspicieux des gens qui l'entouraient. Après avoir traversé plusieurs autres halls et quelques couloirs bien trop éclairés à son goût, Il arriva dans une salle enfumée et humide. On trouvait sur les murs qui entouraient cette salle des casiers en bois dans lesquels siégeaient des paniers en osier. Le reste de la pièce n'était remplie que de quelques bancs. A peine eut-il eue le temps de s'y asseoir que l'unique porte de la pièce s'ouvrit, laissant apparaître une petite vieille.

-Bonjour Grand-mère. Marmonnât le garçon en lui jetant un rapide regard. La vieille femme lui accordât un sourire et déposa à ses côtés un vieux panier rafistolé. Elle se saisit ensuite d'une des mains du jeune homme en y posant une main dessous et une main dessus. Ses mains étaient tremblantes et une larme commençait à couler le long des rides de la vieille dame.

- Il va bien ne t'en fait pas. Il en a vu d'autre.

La vieille dame, rassurée, serra une dernière fois la main du jeune homme et s'en allât nettoyer un bout de la pièce.

Pendant ce temps, le jeune homme commençât à se déshabiller. Bien qu'elle y fût habituée, la grand-mère ne put s'empêcher de fuir du regard le corps du garçon. Celui-ci fourra ses vêtements sales, et tachés de sang dans le panier d'osier et se dirigeât vers l'une des deux autres sorties de la pièce d'où s'échappait beaucoup de fumée, une serviette autour de la taille. Une fois qu'il fut parti, la vieille dame ramassa le vieux panier et s'en allât en direction de la dernière sortie d'où une forte odeur de savon s'échappait.

*

Une fois de plus les regards se tournèrent vers le jeune homme lorsqu'il entra dans la pièce. Les regards semblaient d'autant plus hostiles au vu du corps du jeune homme. Si bien même que quand il entra dans le bain le moins rempli, les deux personnes qui y était présentes en sortirent et se dirigèrent vers un autre. Le jeune homme semblât ne pas y prêter attention et se glissa dans l'eau chaude. La température de la pièce en faisait un véritable sauna. Durant les deux heures qui suivirent, beaucoup de personnes vinrent profiter des bains, mais aucun d'entre eux ne pouvait rester plus de trente minutes sous cette chaleur insoutenable. Seul le jeune homme restait là presque sans bouger et orientait la plupart des conversations. C'est alors qu'un homme plus âgé pénétrât dans la pièce, accompagné de deux autres beaucoup moins imposants. L'ambiance pesante qu'avait l'habitude d'insuffler le jeune homme se transformât en une ambiance inquiétante et désagréable en quelques instants. L'homme riait très fort en grattant sa barbe brune et mettait mal à l'aise la plupart des personnes qui se trouvait dans la pièce. Il était grand, musclé, poilu et ne portait pas de serviette. Devant l'absence de réaction de la foule et le silence assourdissant de la pièce, il commença à s'interroger sur ce qu'il se passait. L'un de ses deux acolytes se retourna alors et repéra un homme seul dans l'un des bains. Le bruit de cet homme sortant de l'eau vient alors rompre le silence qui trônait dans la pièce. L'homme barbu se retourna vers le bain et un léger rictus nerveux vint s'insinuer sur son visage dans un clignement de cil.

- Ah te voilà toi. S'exclama l'homme en suivant du regard le jeune homme. Reste-là on a des affaires à régler. Malgré ces mots, le jeune homme ne lui accordât aucun crédit et passât à côté de lui sans même lui prêter un regard. Le mélange de vexation et de colère pouvait se lire sur le visage de l'homme qui se retournât et attrapât sa cible avant de s'écrier.

- Reste là fumier ! On n'a pas fini de discuter !

- Si tu n'as pas été choisi pour cette mission c'est parce que tu es mauvais. Arrête d'agir comme une brute sans cervelle et peut-être qu'un jour les maîtres te reconnaîtront pour autre chose que ta capacité à être irritant.

A ces mots, un silence de consternation vint emplir la pièce. Le jeune homme dégageât la main sur son épaule et repris son chemin. La scène qui suivit alors se déroulât en un éclair. L'homme rougit de rage et après avoir à nouveau tiré le garçon par l'épaule, il fit s'abattre sur son visage une droite d'une force colossale. La tête du garçon vint heurter le sol quelques mètres plus loin. Le silence laissât alors place à des ricanements et des réactions horrifiées.

- Vas-y défend-toi ! Ose venir me dire ça en me regardant dans les yeux espèce de morveux ! Ce n'est pas parce que tu m'as volé une mission que tu peux te prendre pour le roi de France ! Allez debout ! L'homme se trémoussait de rage et faisait les cent pas devant le jeune homme qui tentait de se révéler une main sur la tête. A peine eut-il le temps de se mettre sur ses pieds que le tibia de l'homme vint s'écraser à plusieurs reprises contre son ventre. Le corps de l'homme se souleva à chaque coup de plusieurs centimètres, mais il ne s'effondra pas.

Au bout de quelques minutes, l'homme se lassât de frapper dans le vide.

- Un assassin doit être fort pour être craint. Et ici c'est moi le plus fort tu m'entends. Tu fais honte à notre credo en n'acceptant pas de te battre pour les convictions de la confrérie. Tu ne mérites même pas d'être un homme. S'exclama la brute avant de se retourner et de partir en direction du fond de la pièce.

- Un assassin se doit de respecter les règles. Marmonnât l'homme en se relevant avant de sortir péniblement de la pièce. Seul l'un des hommes se trouvant dans le bain à l'entrée de la pièce entendit ces mots. Il s'interloquât alors et se retournât vers le jeune homme qui tournât au bout du couloir. Son regard vint se poser alors sur une affiche. Il resta plusieurs secondes bloquées dans ses réflexions et après avoir esquissé un léger rire il reprit paisiblement sa position dans le bain.

- Pourquoi tu souris toi ? lui demanda alors la brute l'ayant vu, d'un ton agacé.

- Tu n'as toujours pas compris ? rétorqua l'homme avant de soupirer. S'il ne t'a pas rendu tes coups c'est à cause de l'affiche dans l'entrée... Celle qui dit qu'il est interdit de se battre dans les bains. A ces mots toute la pièce s'insurgeât et les conversations repartirent de bon train. Pour une fois la seule personne silencieuse était l'homme barbu. Il était impossible de percevoir ce qu'il pouvait penser. Cela avait-il attisé sa colère ou bien ressentait-il du remord ? Personne ne pouvait le dire en voyant l'homme se diriger vers l'un des bains d'où ses compagnons l'invitait à les rejoindre.

*

Après être passé par une pièce annexe afin de se laver, le garçon tomba face à face avec la vieille femme. Celle-ci regardait les bleus de l'homme avec les larmes aux yeux. Le garçon posa alors sa main sur la tête de celle-ci et lui dit en souriant de toutes ses dents.

-Ne t'en fait pas grand-mère. Tout va bien.

Il se saisit alors du vieux panier d'osier et enfilât des vêtements propres qui s'y trouvaient. Il se dirigea ensuite vers le couloir par lequel il était arrivé, en ne manquant pas de saluer la vieille dame.

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⏰ Dernière mise à jour : May 07 ⏰

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