Deuxième chapitre : Yoongi

146 15 0
                                    


/!\ ATTENTION, ce chapitre est violent /!\



Je savais que c'était une mauvaise idée. Dès que j'ai lu ce message j'ai su, au fond de moi. Mais j'y suis quand même allé. J'ai besoin d'argent. Et lui, il m'en donne beaucoup. Il pense qu'en me donnant autant, il achète le droit de me faire tout ce qu'il veut. Et dans un sens, c'est vrai. Je le laisse faire tout ce qu'il veut. Parce que j'ai besoin de cet argent. Cette fois encore, il n'y est pas allé de main morte. Si je ne m'étais pas évanoui, je crois qu'il m'aurait cassé des côtes. Mais heureusement pour moi, mon corps a lâché bien avant qu'il n'aille trop loin. Je n'avais pas prévu de finir à l'hôpital, mais maintenant que j'y suis, je n'ai plus vraiment le choix.

J'avale le repas qu'on me propose sans grande émotion, bien que manger à ma faim me fait énormément de bien. Pour le moment, je ne ressens aucune douleur, et c'est plutôt agréable. Une fois que j'ai fini mon repas, je repose le tout et ferme les yeux. Tout est calme dans cette chambre. Seules mes pensées se bousculent et brisent le silence dans ma tête. Combien de temps je vais encore tenir ? Il est de plus en plus violent avec moi, un jour, j'aurai des séquelles. Mais je n'ai pas la force de tout arrêter. J'ai besoin de cet argent. Pire encore, j'ai besoin de la souffrance qu'il m'inflige. Chaque coup, chaque entaille, chaque insulte, je les ai tous mérités. Une vie entière ne me suffira pas à recevoir le châtiment que je mérite.

Comme d'habitude quand je pense à tout ça, les larmes me montent aux yeux. J'aimerais tellement pouvoir revenir en arrière. Mais je ne peux pas. Pourtant, Hoseok est revenu, et ce n'est qu'une question de temps avant qu'il ne comprenne que moi, je ne suis pas parti. Mais je n'ai pas le droit de faire ça. Je n'ai pas le droit de revenir en arrière avec lui, je lui ai fait bien trop de mal. J'ai été faible et lâche et pour cette raison, aucun avenir ne m'attend avec lui. Même si je l'aime toujours, même si je suis prêt à crever pour lui. Même si je me laisserais faire s'il essayait de me faire du mal. Je soupire en chassant son visage de ma tête. Je dois éviter un maximum de penser à lui.

Je profite malgré tout de ce séjour à l'hôpital pour reprendre quelques forces. J'y reste moins de deux jours, mais ça me fait du bien. Je pense beaucoup, aussi, et ça me fait moins de bien. Parce que je pense tout le temps à Hoseok. Je ne l'ai pas vu depuis son retour, pas même aperçu. Je l'ai seulement entendu. Je ne peux m'empêcher de me demander à quoi il ressemble aujourd'hui. La dernière fois que je l'ai vu, il n'était pas au meilleur de sa forme. Il pleurait et quelques blessures étaient encore présentes sur son corps. Il m'a supplié, ce jour-là, de le retenir, de ne pas le laisser partir. Et je lui ai fermé la porte au nez sans aucune autre expression qu'un visage neutre.

Nous sommes le vingt-quatre décembre. Je suis sorti de l'hôpital depuis hier et je me suis reposé. Mais ce soir, je vais devoir sortir. Un client m'a demandé et je ne peux pas le refuser. Lui, il me fait souvent pitié. Père de famille marié avec trois enfants, il s'est forcé à mener cette vie-là parce qu'il refuse de voir son homosexualité. Il est encore moins prêt à l'accepter. Alors il se sert de moi pour assouvir ses pulsions discrètement, se convainquant que de toute façon, je ne vaux rien. Et si je ne vaux rien, alors ce qu'il fait n'est pas immonde. Il m'a contacté pour le rencontrer dans une petite ruelle, il veut se détendre avant le début du réveillon. Quand on y pense, c'est risible. Je vais passer mon réveillon de Noël à attendre que des connards m'appellent pour une partie de jambes en l'air. Les fêtes de fin d'année, c'est toujours une période assez chargée. A croire que l'ambiance les rend plus voraces. Ou qu'ils ont plus besoin de se bercer d'illusions.

Assez calme, je me prépare à mon rendez-vous. Je me lave et m'habille de façon à lui plaire. Je n'ai quasiment que des clients réguliers, je connais leurs goûts et je fais toujours en sorte de les respecter dans l'espoir d'avoir un petit bonus financier. Je glisse dans ma sacoche des préservatifs, je sais qu'il en utilise quand il est avec moi mais que ça arrive de les oublier. En sortant, je vérifie que personne ne me voit et je me force à afficher un sourire mi-timide mi-aguicheur. Pile ce qu'il aime. Je n'en ai que pour quelques minutes et à chaque pas, mon coeur bat plus vite. J'ai envie de faire demi-tour, de pleurer. J'ai envie de frapper à la porte d'Hoseok et de le supplier de m'aider. Je serais bien pathétique de faire ça. Hoseok ne mérite pas que je ressurgisse dans sa vie, et je serais humilié de le faire dans cet état. Je ravale mes larmes et cherche mon courage avant de tourner sur la droite. La ruelle, c'est celle-ci. Pas loin d'un bar gay où j'ai rencontré l'homme qui m'attend, il n'y a jamais personne ici. Il fait déjà nuit et les gens se pressent plutôt dans les grandes rues de la capitale.

Il me salue d'un sourire un peu bancal. Je comprends immédiatement qu'il n'est pas sobre. Ce n'est pas dans ses habitudes. Cependant, je me force à avancer vers lui en jouant le rôle qu'il préfère. Lorsque j'arrive à son niveau, il m'attrape le bras et me plaque contre le mur de brique humide et puant. Nous sommes à présent cachés par les grandes poubelles de la ruelle. Il se baisse pour passer sa tête dans mon cou et renifle mon odeur. Il m'a déjà dit qu'il aimait quand je mettais du parfum, il aime quand le parfum se mélange avec mon odeur d'homme. Il aime cette opposition. Quand il commence à embrasser mon cou, je ferme les yeux en essayant d'oublier. Il n'est pas comme d'habitude et ça commence à me faire paniquer. Je le trouve beaucoup plus sûr de lui, beaucoup plus dominant. Et d'expérience, je sais que les types qui passent d'agneau à loup sont vraiment de méchants loups. Je vais certainement passer un sale quart d'heure.

Soudain, je prends une décision que je ne prends quasiment jamais : je dois arrêter ce rendez-vous. Tant pis pour l'argent. Mais son comportement me laisse supposer qu'il est dangereux ce soir. Je ne tiens pas à retourner à l'hôpital tout de suite. Je ne veux pas risquer ma vie comme ça, pas le soir de Noël. J'essaie de le repousser en pensant que l'alcool l'a affaibli mais c'est tout le contraire. Je n'ai d'ordinaire pas beaucoup de forces mais je fais ce que je peux pour me libérer de son emprise. J'y arrive après quelques vaines tentatives et me relève. Je l'entends grogner et me mets en mouvement pour lui échapper. Mais il n'est pas d'accord. Il ceinture violemment mon ventre de ses bras et me soulève pour me forcer à faire demi-tour.

Après ça, il me jette au sol et ma tête heurte la surface dure. Je me sens un peu sonnée et je cligne des yeux en me forçant à rester éveillé. Je sens ses mains sur moi, je sens son souffle dans mon cou et son odeur d'alcool dans mes narines. Je sens tout ce qu'il me fait et en même temps j'ai l'impression de ne pas être le corps à qui il fait subir ça. Je n'arrive pas à réagir, je me sens trop faible. Mes joues sont couvertes de larmes, ma bouche est grande ouverte mais presque aucun son ne sort. J'ai mal, je veux rentrer chez moi, mais je suis incapable de me relever et de me défendre. Je gémis quand il me donne le premier coup et qu'il me déshabille. Je me recroqueville sur moi-même quand les coups de pieds suivants arrivent et que je suis finalement nu. Je ferme les yeux, je me force à me déconnecter de mon corps. Et après cette abominable torture, une vive douleur. Je me sens partir, puis c'est le noir.


~~~~~~~~~~


Chapitre court, mais difficile à lire pour les plus sensibles. Il a été difficile à écrire pour moi mais il était nécessaire.

A la semaine prochaine !

No escapeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant