Entre tes Griffes 1 (Publié Aux Éditions HLab)

42. Au boulot les gars

— Jonas nous laisse quarante-huit heures pour arrêter l'hémorragie, dis-je en appelant de ma moto, après on sera sous la tutelle du cercle. C'est inenvisageable. On doit absolument obtenir des résultats. Je suis là dans dix minutes.

Terrence, éclairé par la seule lumière des écrans face à lui, fait défiler simultanément les images de plusieurs caméras vidéo.

— T'es seul ? dis-je étonné. Où sont les autres ?

— Ils ne vont pas tarder, répond-il sans détourner ses yeux des écrans.

— Qu'est-ce que ça donne ?

— Pas grand-chose pour l'instant. Ils étaient hyper bien préparés. Ils ont évité d'être chopés par les caméras. Les rares fois où l'un d'eux passe devant, il baisse la tête et cache son visage sous la visière d'une casquette. Impossible de les identifier.

— Le timing ?

— Ils ont déposé les corps sur les toits de chaque immeuble la nuit précédente entre 5h30 et 6h du matin, après la dernière ronde de nuit et avant le passage du personnel de ménage. Chacun est parti d'un point différent. Aucune interaction entre eux. Rapides et efficaces, ils sont allés droit au but. Ils étaient équipés d'oreillette.

— Un peu comme un commando. A quoi tu vois ça ?

— Ce qui m'a mis la puce à l'oreille, c'est celui que Sloan a poursuivi. Sa solution de replis est trop belle pour être vraie. Il a évité toutes les caméras et même la patrouille de sécu qui est passée pas loin. Il avait forcément un back-up. Un type l'a guidé. Mon intuition s'est vérifiée. On a trouvé une oreillette sur le prisonnier. Zane la dépose chez les rampants.

— Je vais demander à Marcus si le charognard en portait aussi une.

— C'est déjà fait. Il n'en portait pas.

— Intéressant. Je verrai pourquoi demain.

— Accroche-toi, j'ai gardé le meilleur pour la fin. Tu vas halluciner. Il y a une fille dans leur clan !

— Une fille ?! Très peu de clans intègrent des filles au premier niveau. Ça va accélérer les recherches d'identification. Comment elle est ? Jeune ? Expérimentée ?

— Difficile à dire. Regarde.

Terrence fait défiler la séquence la montrant en action. Elle sort un corps de son coffre, le charrie en courant avant de le jeter sur le terrain de foot vide.

— Elle n'est pas très puissante, observai-je. Elle n'envoie pas le corps très loin mais elle est rapide et précise dans ses déplacements.

— La plaque de sa voiture est bidonnée.

— Fallait s'y attendre.

— On fait une recherche sur le modèle de la voiture. On ne sait jamais.

— Terrence, cette fille est notre meilleur atout pour le moment, surtout si les identifications ne donnent rien. Elle va peut-être nous permettre d'identifier ce clan. T'as envoyé l'info au cercle ?

— Oui, ils reviennent vers moi avec une liste dans l'heure.

— Ok. Peut-être que dans un des clans incluant une fille, un des membres fondateurs a reçu une sévère raclée de ma part lors de la dernière chasse. Je crois encore à cette piste. Cela pourrait expliquer cette attaque groupée.

— T'as raison, on a peut-être affaire à tout un clan.

— Remonte deux jours avant la chute des corps. Commence par les matinées puis les nuits. Ils ont forcément fait un repérage en se faisant passer pour des étudiants. Compare aux mensurations de tes silhouettes tout individu qui t'interpelle, qui évite les caméras, semble chercher quelque chose et porte une casquette ou des fringues à l'effigie de la fac. L'un d'eux a peut-être baissé sa garde, maté des filles... On ne sait jamais.

— Ok, je vais commencer par les sites touchés, la pelouse de bronzage des premières années, la boutique...J'ai pas fini.

— J'ai mis les sauriens sur le coup. Ils vont nous aider à avancer plus vite.

— Oh, putain pas les sauriens, je déteste bosser avec eux.

— Je sais mais on n'a pas le choix. Briefe-les quand t'es prêt. Tu bosses avec l'équipe de Jo.

— Au-moins, c'est le meilleur.

— Non, c'est toi le meilleur, mais t'as besoin de renfort. Ceux photographiés par le cercle ne sont pas fichés. J'espère que vous trouverez des trucs sur eux.

— Où est Sloan ?

— Avec notre pensionnaire. Il l'empêche de s'endormir trop longtemps.

— Très bien. Il maintient la pression. Il sera plus réceptif quand je passerai le voir tout à l'heure.

— Hey les gars ! lance Zane en entrant. Putain de nuit, les rampants m'ont pris la tête. Ils flippent.

— Je les rassurerai demain.

— Qu'est-ce que t'as tiré du gadget ?

— Rien pour l'instant, mais ils sont dessus.

— C'est toujours la même chose avec eux. Il faut toujours qu'ils profitent de la situation, rétorque Zane énervé.

— On a besoin d'eux.

— Zane, il y a une fille dans leur bande, coupe T.

— Une fille ? Vous êtes sur ?