Chapitre 15

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- Comment est ce que t'as eu mon numéro de téléphone ? , Demandai-je assez agacée.

- Ta sœur me l'a donné , répondit il en soupirant.

- Où est ce que t'es ? , Reprit sa voix clamant toute son inquiétude.

- À la bibliothèque.

- Je viens  te chercher.

- Non , c'est bon je peux me débrouiller je vais rentrer , seule.

Puis je raccrochai.

- Désolé , Yvan mais je vais devoir te laisser. C'était cool cette aprem , dis-je en ramassant les livres pour les mettre dans mon sac.

- Euh..ouais..à plus !

- Ouais ! , Criai-je en ouvrant la porte de la bibliothèque avec mon pied.

Dehors il faisait encore jour , mais le soleil ne tarderait pas à se coucher.
Je mis mon sac sur mon épaule avant de me diriger  chez moi , cela allait prendre 1 ou 2 bonnes heures de marche mais je préférais ça à prendre le bus.

J'avais toujours détesté les transports en commun.

Ça sentait mauvais et c'était terriblement polluant , alors si je pouvais faire un geste écolo pour la terre en m'en privant c'était cool !

En ouvrant la porte je fus surprise de constater que le salon était plongé dans le noir.  Je ne distinguais absolument rien.

Mais étrangement je ne fus pas surprise quand la voix de Morghan s'éleva avec énervement rompant le silence.

- Tu sais quelle heure il est ?

- Où sont maman et Cassiopée ?

Rapidement , un souffle chaud s'abattit dans mon cou me faisant sursauter.

- J'ai eu peur...tu sais ?

Je ne répondis pas trop préoccupée par son souffle qui ricochait sur ma peau me déclenchant d'horribles frissons.

- J'étais à la biblio je te l'ai déjà dit , soufflai- je en m' avançant pour allumer la lumière.

Il me lorgna un instant avant de se diriger vers la cuisine , je le suivis pour poser mes affaires sur le plan de travail.

- Tu veux manger quoi ?

Il ne me laissa pas le temps de répondre qu'il s'empara d'un paquet de frites qu'il avait sortit du congélo.

- Où sont maman et Cassiopée ?

- Partis.

- Où ?

- Chez une amie.

- Pourquoi elles sont pas encore là ? , Interrogeai-je de nouveau ses réponses laconiques m'irritant quelque peu.

- Y'avait plus de train.

- Donc on est tout seuls , chuchotai-je plus pour moi même que pour lui mais il sembla tout de même m'entendre .

Il se retourna et déposa une assiette de frites ainsi qu'une cuisse de poulet devant moi.

- Mange.

Je fronçai des sourcils , comment avait t-il pu faire des frites aussi rapidement ?

- J'ai utilisé celles déjà cuites.

Je piochai une frite sous ses yeux scrutateurs , mais fut obligé de baisser le regard sous l'intensité de ses iris qui me rendait plus fébrile que je ne l'aurai voulu.

L'ambiance était glaciale , je n'aimais pas quand il s'immisçait de ma vie de cette manière , et il n'aimait que je le rembarre aussitôt.
Mais ce qu'il semblait constamment oublier c'était qu'il était le fiancé de ma sœur.

C'est pour ça qu'après quelques longues minutes de silence il tenta de détendre l'atmosphère en s'emparant d'un de mes livres  :

-"Ô Muse de mon cœur, amante des palais,
Auras tu , quand janvier lâchera ses Borées,
Durant les noirs ennuis des neigeuses soirées ,
Un tison pour chauffer tes deux pieds violets ?"

Je ris doucement , face aux vers qu'il venait de citer avec des gestes démesurément théâtrales.

- Tu connais Baudelaire , Morghan ?

- Ouais , c'était mon écrivain préféré quand j'étais plus petit. Ça..m'a toujours fasciné ce que vous , les humains étiez capable de sortir , déclara t- il avec un léger sourire.

- Moi , j'ai jamais aimé la poésie surtout pas Baudelaire , déclarai-je en enfournant 3 frites dans ma bouche.

-  Tu me vexes , Gabrielle.

Étonnée de voir cette nouvelle facette de Morghan , je me laissais prendre au jeu.

- Tiens regarde ( Je lui arrachais les livres des mains et tournais une page au hasard ) " Le Guignon" qu'est ce que c'est que ce mot ? C'est pas plutôt le guidon ?

Il éclata de rire sous mes yeux incrédules.

- Non mais c'est genre le guidon d'un vélo , mais le guignon ? Où peut être qu'il a voulu marqué guignol...

C'était la première fois depuis que je le connaissais que je riais de bon cœur avec lui. Et nous n'allions pas nous mentir sur le fait quece moment passé avec lui me confortait dans l'idée que ce lien d'âme sœur existait bel et bien et qu'il me ratachait fermement à lui que je le veuille bien ou non.

AlphaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant