n°9 : Vider mon sac:
Assise au bord de mon siège, je guette avec anxiété le tableau des scores, impatiente d'entendre ces fameux trois coups de sifflets qui mettront un terme au match. J'ai été séduite par l'ambiance de l'événement, et j'aurais pu apprécier le moment, s'il n'y avait pas eu une ombre au tableau.
Une ombre d'1m90, nommée Cooper Sanders.
Les doutes que j'ai pu avoir à la mi-temps m'ont vite été confirmés. Au bout de cinq minutes de reprise de jeu, Luc s'est penché vers moi pour me demander si j'avais tué le chat de Cooper, parce qu'il me regardait comme si j'étais responsable de tous les malheurs du monde. Ensuite, ça a été au tour de Marisa, de me servir le même regard que celui que je lui ai lancé quand je l'ai questionnée sur ses relations avec les membres de l'équipe de basket. Et enfin, quand le capitaine des Vikings a été relégué au banc de touche par le coach, il n'y avait plus matière à douter. Madison était assise un rang derrière lui, sur sa droite, et moi, à deux rangs sur sa gauche. Et pas une fois il n'a tourné la tête vers elle, alors que son regard n'a cessé de faire des allers-retours entre ses coéquipiers et moi.
Au départ, j'ai cru qu'il voulait me faire changer d'avis au sujet de ma candidature au titre de Homecoming Queen, puis, plus le temps passait, plus j'ai compris que je faisais fausse route. Ses regards étaient trop lourds de sens pour que ce ne soit que de cette petite élection dont il était question. C'est là que j'ai compris. Ce matin, avant qu'il ne s'interrompe pour me questionner sur mes affiches, il avait commencé à me parler de la fête de Mike.
Il doit se dire que le fait d'avoir drogué une de ses camarades de classe à son insu n'est pas le meilleur argument à mettre en avant lors des entretiens pour entrer en fac. Aussi, je suppose qu'il aimerait que j'entérine la rumeur avant qu'elle n'enfle et qu'elle ne gâche sa vie. Ce que je peux comprendre, même si je ne suis pas certaine d'être prête à le faire. J'ai beaucoup réfléchis à toute cette histoire, et j'avoue avoir du mal à croire qu'il ait pu faire ça, mais je ne vois pas d'autre explication. Alors, je crois que tant que je n'aurais pas eu la preuve indiscutable qu'il n'a rien fait, je ne pourrais pas m'ôter ce doute de la tête.
Quoiqu'il en soit, et qu'importe les raisons qui le poussent à vouloir tout à coup me parler, ce n'est ni l'endroit, ni le moment pour ça. C'est pourquoi il me tarde de quitter les lieux de toute urgence. Luc, qui semble percevoir mon trouble, et qui en connait la raison, se penche vers moi pour me souffler à l'oreille:
- Ne t'en fais pas, JamJam', à mon avis, il va se prendre un tel savon par le coach que tu auras tout le temps de rentrer chez toi à pieds avant qu'il ne puisse venir te parler.
Je lui répond par un petit sourire contrit, alors que, au coin du terrain, l'arbitre porte enfin le sifflet à ses lèvres pour sonner ma délivrance. Sans attendre mon reste, ni même que la foule finisse d'acclamer les Vikings, qui ont malgré tout remporté le match, je me lève de mon siège prête à fuir, quand Marisa me retient d'une main sur l'épaule.
- Attend une minute, s'il te plaît. Il y a quelqu'un que je voudrais te présenter, me dit-elle, pour justifier son geste.
De son autre main, elle pousse devant moi un garçon que je connais déjà, mais qui lui, semble me voir pour la première fois. Il s'agit de Tommy Mullighan. Plus connu sous le nom de "la tâche". Le petit blond aux cheveux bouclés s'avance vers moi, un peu intimidé, avant de me tendre une main tremblante:
- Salut Jamie, on ne se connait pas mais...
Lassée par ce semblant de reconnaissance qui n'empêche pas aux étudiants que je côtoie depuis des semaines d'ignorer qui je suis réellement, je m'emporte:
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F*ck it List
Teen FictionAssez ! Que la capitaine des cheerleader ignore son nom après trois ans dans le même lycée ? Passe encore. Mais que le nouvel élève, et partenaire de labo de Jamie, réponde à son invitation Facebook par "On se connait ?", c'en est trop. Elle est bie...