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Des protestations ne tardèrent néanmoins pas à se faire entendre.

" On en a rien à foutre de vos règles !

  — C'est quoi encore cette merde ?

  — Mais putain on peut me rappeler ce qu'on fout ici ? "

J'étais abasourdie. Sûrement des gens de la troisième Section. Je vois très mal les jeunes de ma section se comporter ainsi, et encore moins ceux de la première Section. Mais ces rebelles semblaient oublier quelque chose : nous sommes encore deux Sections à respecter un minimum les lois. Ils représentent à peine un tiers des jeunes présents, et ne sont donc pas assez nombreux pour que leurs protestations aient de l'effet.
Suivant les ordres de la voix, la foule commença à se disperser et en quelques secondes seulement, la moitié du cercle était déjà parti. J'aperçus mon frère arriver au pas de course à côté de moi.

— Ça va ? Demanda t il.

J'allais hocher la tête en signe d'approbation quand je sentis soudainement une douleur fulgurante me traverser la joue.

"Outch"

Sous le coup du choc, je fus propulsée en arrière. Je venais de rejoindre la sol à manger de la poussière. Mon frère se jeta à côté de moi en marmonnant une dizaines de mots que je ne pris pas la peine d'essayer de comprendre. La priorité était d'abord de reprendre mes esprits et de comprendre ce qui s'était passé.
Mon frère posa une main sous mon dos pour me redresser. Il me tira ensuite les poignées dans le but de me remettre sur pieds sans que je ne fasse aucun effort.

— C'est bon, c'est bon ça va, articulai-je en me tenant la mâchoire pour constater les dégâts.

À première vue, pas une dent de cassée. Mais j'allais sûrement m'en sortir avec un bel hématome. C'était au moins ça. Mais je manquai de retomber à la renverse quand je me rendis compte que le cercle s'était maintenant totalement réformé autour de moi et de mon agresseur. Je venais visiblement d'alerter à nouveau tous yeux intrigués de tous les candidats.

Génial, j'avais vraiment besoin de ça aujourd'hui.

Je ne savais pas comment j'avais fait, mais j'avais le sentiment d'être dans une situation inconfortable. Le genre de situations pour lesquelles je pourrais limite donner l'entièreté de ma vie pour les éviter. Le genre de situations où ma seule envie, c'est que tout le monde retourne à son occupation et oublie l'humiliation que je viens de subir. J'avais la sensation que je venais de perdre toute dignité devant des centaines de personnes et je ne savais pas le comment du pourquoi. Oups, j'oubliais, ce n'était pas qu'une simple sensation.
Si je pouvais claquer des doigts pour tout effacer, je jure qu'à ce moment précis, je l'aurai déjà fait une bonne vingtaine de fois. Sauf que j'avais aussi la sensation que c'était impossible.
Et puis comme le destin semblait vouloir me voir faire un aller simple direction l'enfer, ça ne c'était pas arrêté là.
Je vis Ethan faire un pas, puis un deuxième. Le poing aussi serré que la mâchoire, il s'approcha de plus en plus de l'homme qui avait mené l'attaque. Il s'agissait d'un des deux types qui étaient en train de se battre une minute au par-avant. Sans même que je m'en rendre compte, ils s'étaient tous les deux relevés pour continuer leur affrontement. Mais de là à comprendre comment je m'étais retrouvée dans la bagarre, le chemin était encore long.

Arrivé à seulement quelques centimètres de lui, Ethan marmonna :

— Je ne sais pas si on apprend ça dans ta Section, mais des excuses ça se présentes.

Un frisson me parcourut. Il ne fallait pas qu'Ethan s'énerve, il n'avait pas le droit. Il avait eu un investissement, le moindre petit écart lui serait fatal. Le Directoire ne donnait jamais deux avertissement à une seule personne.

— Je n'ai pas à m'excuser. Elle n'avait pas à se trouver à côté de l'autre crétin. Répondit l'agresseur en pointant d'un coup de menton son cher "camarade".

— C'est bon t'inquiètes Ethan on y v... Tentai-je de me faire entendre. Mais rien à faire. Mon frère continua sans écouter la fin de ma phrase :

— Je suis sérieux, excuse toi.

— La prochaine fois, dis à ta protégée qu'il est dangereux de rester plantée juste à côté d'un conflit, on ne sait jamais où tombent les coups perdus. Rétorqua-il avec un air malicieux, mettant ainsi en évidence la balafre qui coupait en deux le bout de sa lèvre supérieure. Cette trace accompagnée des yeux narquois. Ce combos était insupportable. Je pouvais parfaitement imaginer la tentation qu'il avait, de lui plaquer une main dans le visage. Et même si ce n'était pas l'envie qui me manquait, il était hors de question que Ethan ou encore moi-même touchions à ce visage prétentieux. On était au Directoire. Ça n'arrangeait rien. Mais il me restait encore à le faire comprendre à mon frère.

Il le narguait et lui rentrait tout droit dans son jeu. Ethan leva alors son poing dans la direction. Dans quelques secondes, le coup partira.

Three Thousand OneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant