Paradise

Prologue

Pendant huit ans, j'ai vécue seule avec ma mère en Corée du Sud. Mon père travaille pour une grande entreprise américaine et, bien que nous soyons initialement français, nous passons notre temps à voyager, ou plutôt accompagner mon père dans des déplacements. C'est ainsi que bien que je fus conçue au Maroc, ma mère me mis au monde en Corée du Sud. Il fut alors décidé que mon père continuerait son ascension professionnel et donc à bouger pour le travail tandis que ma mère et moi resterions vivre ici en attendant que je sois en âge de les suivre. Finalement c'est peu avant que je ne fête mes huit ans que ma mère décida qu'il était temps pour nous d'y aller. J'étais assez grande pour supporter les voyages et les changements et assez jeunes pour que mon pays actuel ne me manque pas trop, que j'oublie rapidement mes amis et qu'au contraire je m'en fasse de nouveau facilement. J'étais aussi plus apte à apprendre de nouvelles langues et culture. 

Le jour de mon départ, avant que je ne monte dans la voiture, certain de mes amis arrivèrent cependant à ma porte afin de me dire adieu. Leurs mères les avaient tiré du lit pour ne pas qu'ils me ratent. 

Du haut de mes huit ans je fus tout de même très touchée par cette attention et en ressenti l'extrême affection que me portaient les trois garçons venus à ma rencontre. Trois garçons que je ne reverrai jamais et que j'oublierai bien vite. J'oublierai leurs noms, leurs visages même, le son de leurs voix, de leurs rires. Mais malgré tout je restai convaincue que je n'oublierai jamais les sourires que nous nous échangions, certains bons moments qui égaieront mon enfance. Certains jeux. 

Trop jeune pour espérer garder un quelconque contact je m'imprégnai une dernière fois de leur joie de vivre, bien que moins présente en ce jour qu'ils étaient encore à moitié endormi. Je ne pus m'empêcher de soupirer en pensant aux quatre autres garçons qui n'étaient pas là et que je ne reverrai plus jamais de ma vie. 

Yoongi était là –un garçon de 13 ans et qui malgré ses cinq ans de plus que moi était un de mes amis les plus proches à l'époque– et me promit de transmettre mes adieux aux autres. Je souri en pensant que lui et Jin, qui lui n'avait pas pu venir, seraient sans doute les seuls à vraiment se souvenir de moi. Comme de leur partenaire de jeu. Leur petite-sœur de cœur. Ils se souviendront sans doute traits pour traits de mon visage. 

Hoseok et Namjoon, eux aussi absents, ne l'oublieraient pas facilement, mais, bien qu'ils n'aient qu'un an de moins que Yoongi, leur nature enjouée et sympathique leur fera oublier mes traits et mon noms, mais sans doute pas mon existence. 

Ce qui m'attristait tout autant de la part de Jimin et Taehyung, dont seul ce dernier était là aujourd'hui, qui m'oublieraient très vite eux aussi. 

Et enfin, je m'en faisais moins pour lui, Jungkook, d'un an seulement mon aîné, était lui aussi dans le même avantage que moi, et n'aura guère le temps de me pleurer qu'il sera déjà passé à autre chose. 

Tels sont les avantages d'être un enfant. C'était ce que je me disais en serrant ce dernier dans mes bras, le dernier avant que je monte dans la voiture. Quand ma mère démarra je me retournai pour jeter un dernier coup d'œil à mon passé. Ils me firent de grands signes et je senti les larmes me monter. Néanmoins, malgré tout ce que je me suis montée à la tête, les premiers temps seront dures. Ils me manqueront terriblement. 

<Deux ans plus tard>

Ma mère a fini de déballer mes cartons et m'a envoyé dans ma nouvelle chambre. Elle est plus petite que celle que j'avais au Brésil mais je trouve le quartier plus agréable et la maison de manière générale et beaucoup plus sympa. De toute façon aucune ne sera pire que celle que nous avions eu en Russie... j'espère rester plus longtemps cette fois. Nous sommes restés à peine un mois au Brésil et j'avoue que ça ne m'a pas fait très plaisir de partir si vite sans même avoir le temps d'apprendre les noms de mes camarades de classe.