Tommy

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Tommy, mon frère, mon cœur, mon sourire... Cette lettre je te l'écris parce que la vie t'a arraché à nous tellement tôt. Je n'ai jamais pu te faire mes adieux, c'est l'occasion. Dans cette lettre je vais commencer par le commencement. Je vais te dire tout ce que j'aurais dû te dire en vingt-six ans. 

Je me rappelle la première fois que je t'ai vu, quand j'ai appris que tu étais le demi-frère de mon grand frère, je ne t'aimais pas du tout. J'avais peur que tu me le voles. Peur qu'il ne t'aime plus qu'il ne pouvait m'aimer. Durant des années je t'ai détesté sans même te connaître. Puis un jour quand j'ai eu environ dix-huit ans je crois, notre grand frère était en prison, et on était tout les deux chez lui avec sa copine. On avait passé la journée à traîner dans les magasins, et on avait acheté de quoi se faire une petite fête juste tous les trois. Tout à coup tu nous à sortie : je vais prendre un bain moi. On devait sortir ce soir-là, et je m'étais préparé avec Karine dans sa chambre. Je n'avais plus qu'à me coiffer, mais tu étais dans la salle de bains. Karine y est entrée et je vous ai entendus rire, alors j'ai toqué pour savoir si je pouvais venir et tu m'as répondu que oui. À ma grande surprise tu étais allongé dans la baignoire, avec juste un gant de toilette pour cacher ce qui dépassait. J'ai voulu sortir, mais tu m'as dit : Vas-y fait comme chez toi viens t'asseoir et tape la discute. J'étais tellement gênée, mais tu as insisté et je me suis assise avec Karine sur le bord de la baignoire. On a tellement rigoler à ce moment-là. Même si la situation rester gênante. Tu avais ce truc qui faisait qu'avec toi rien n'était dérangeant. À un moment tu nous a quand même viré de la salle de bains pour t'habiller. Au final plus personne n'avait envie de sortir, et nous avons passé la soirée tous les trois tranquillement. Je me rappelle que tu avais voulu me faire regarder ce film atroce ou un mec torturé des femmes, les deux premières minutes m'avait suffi à te maudire. Alors nous avions mis de la musique et nous avions passé la soirée à rigoler. Je crois que je n'avais jamais autant rigolé de ma vie. Ce soir-là j'ai compris... J'ai compris que je ne pouvais pas te détester car je t'aimerais toute ma vie. Après tout si nous avions un frère en commun, pourquoi n'aurions-nous pas pu être nous-même frère et sœur, même si le sang n'était pas le même. 

Les soirées se sont enchaînées, et j'ai eu dix-neuf ans. Ma vie à mal tournée, et je me suis retrouvée dans ce foyer femme accueil. Plus de nouvelle de toi. Jusqu'au jour ou je suis revenue. Et tu étais là, on s'est retrouvé comme si de rien n'était. Je sortais avec un mec que tu connaissais, et jamais je n'oublierai cette soirée. Ma mère était chez son copain, mon petit frère était chez sa mamie, mon copain était au lit, et nous nous sommes retrouvés tous les deux. On à zapper à la télé pour trouver un truc intéressant à mettre, et finalement je me suis arrêtée sur un film en noir et blanc et en anglais désespérer de trouver autre choses. Et là tu t'es mis à raconter les paroles du film à ta manière. Je rigolais tellement que je n'arrivais plus à respirer. Comment ce film aussi nul avait pu devenir le meilleur film de toute ma vie. Tout à coup tu t'es arrêté, tu m'as regardé et tu m'as dit :

Je te préviens Amélie, le jour où tu as un bébé, je veux être le parrain. Je veux être celui qui le fera rire autant que je te fais rire toi. Je veux l'aimer autant que le nombre de larmes que tu as versées à force de rire de mes conneries.

Et j'ai accepté parce que de toute façon pour moi, ça ne pouvait être que toi. Mathieu était trop jeune. Quelques mois après je découvrais une grossesse, comme si le ciel avait répondu à ta demande. Je n'ai pas eu besoin de te demander d'être le parrain de ma fille, tu savais déjà que tu l'étais. Tu l'étais avant même qu'elle se soit installée dans mon ventre. Je me rappelle que tu m'avais donné cinquante euros en me disant je veux que tu achètes sa première tenue de ma part. Et elle devra la mettre à la naissance. Chose que j'ai faite. À chaque échographie que je te montrais tu étais tellement fier. Tu disais c'est ma nièce qui est là. Puis je t'avais demandé de choisir son deuxième prénom et tu n'avais pas hésité : LOLA. Ayant quitté le géniteur avant de savoir qu'elle était là tu était mon seul repère masculin pour m'aider dans la grossesse. 

Lettre à mon frère.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant