Breathe [gxg]

Prologue

Juin 2019

J'ouvre les paupières avec un affreux mal de crâne. Je savais que c'était une mauvaise idée de faire la fête un dimanche soir.

Je boirai plus jamais une goutte d'alcool, juré-je, feignant d'y croire.

Après plusieurs rappels d'alarme, je désactive le réveil de mon portable et sors de ma couette en grognant. Je suis prise d'un léger vertige quand je me lève, je grimace et quitte ma chambre en me tenant la tête.

En traversant le couloir de l'appartement pour rejoindre la cuisine, je tombe sur Quentin, l'un de mes colocataires, qui sort de la salle de bain à moitié nu, ce qui me fait sourire. Après un an de colocation avec deux mecs, plus rien ne m'étonne.

- Salut beauté, bien dormi ? Je crois que Gab n'est pas rentré seul, hier soir.

- Encore ?

- Ils ont fait un boucan terrible cette nuit, t'as rien entendu ? Tu devais être bien déchirée.

- J'ai dormi comme un bébé.

Il passe sa serviette par dessus de son épaule.

- Je vais me poster dans le salon pour voir l'heureuse élue sortir, je suis sûre qu'elle est mignonne.

- Fais gaffe, tu commences à pencher hétéro, avertis-je en allant me servir un verre d'eau chaude citronnée.

- Hétéro ? Moi vivant ? Jamais !

Je ris tandis que Quentin disparaît dans sa chambre. Gabriel, c'est mon deuxième coloc', tout comme Quentin et moi, il a 22 ans et fait ses études à la faculté de Droit de Paris. Gabriel est d'origine espagnol il remplit tout les clichés du parfait tombeur ibérique; teint mate, cheveux corbeaux, sourire charmeur... Et bien sûr, c'est sans préciser qu'il a beaucoup de succès auprès de la gente féminine. Il drague tout ce qui bouge, il a même essayé avec moi mais je n'ai jamais cédé.

Mon téléphone vibre au fond de la poche du jogging qui me fait office de pyjama, je le consulte, c'est une notification du calendrier.

- Merde !

- Quoi ? lance Quentin dont la tête apparaît à la porte de sa chambre.

- Je dois passer la journée avec ma cousine aujourd'hui, j'ai complètement zappé !

- Et ? C'est si grave ?

- Oui ! Car elle est censé arriver d'une minute à l'...

La sonnerie qui retentit me coupe. Quentin lâche un rire moqueur avant de retourner dans sa chambre

Je me dirige vers la porte pour ouvrir. Je ne ressemble à rien avec mon t-shirt trop large imprimé Je suis ton père "emprunté" à Quentin (je ne lui rendrai jamais) et mon vieux jogging.

Le sourire radieux de ma cousine apparaît dans l'entrebâillement de la porte. Comme à son habitude, elle est sublime; ses longs cheveux blonds tombent sur ses épaules et font ressortir sa combinaison rouge. Elle ne prête pas attention à ma tenue et se jète dans mes bras.

- Hey toi !

- Julie ! Figure-toi que j'avais totalement oublié ta venue.

- Ça m'étonne pas. Oh, gueule de bois ? ajoute-t-elle en riant quand elle voit le verre de citron par dessus mon épaule.

- La soirée d'hier était rude.

Elle rigole. Je l'invite à venir s'asseoir dans la partie salon, située dans la même pièce que la cuisine ouverte.

- Ce que tu m'as manqué, Thaïs, dit-elle en souriant.

- Toi aussi. Dire qu'avant on passait deux mois par an ensemble.

Julie et moi ne nous sommes pas vu depuis près d'un an, elle habite encore chez ses parents dans le sud et monte rarement sur Paris. Enfants, on avait l'habitude de passer nos étés à la campagne, dans la maison de nos grands-parents, c'est la raison pour laquelle nous sommes si proches.

- Oh oui, j'en garde de sacrés souvenirs, tu te rappelles du dernier été ?

Mon cœur se serre à l'évocation de ce souvenirs. Je regrette immédiatement remis ce sujet sur la table. J'aurais dû me douter qu'elle parlerait de l'été 2014 auquel je m'étais interdis de repenser.

- Vaguement, ça remonte, mens-je en serrant dans les dents.

- Mais si ! dit-elle les yeux pétillants. C'était le meilleur de tous, on en a fait des rencontres cet été là, et tu te souviens de cette fille avec qui tu passais ton temps ? Comment elle s'appelait déjà... Anna ?

- Adèle, la corrigé-je, la mâchoire serrée.

Moi qui m'étais promis de ne plus y penser.