E.N.O.L.A

L comme Lune

Musique: Debussy, Clair de lune

Après l'orage, le soleil.
Après le soleil, la lune.
La lune, paradoxe de la peur et du réconfort.

Le ciel est noir, habité par la lune et les milliards de planètes et d'étoiles. Mystère de l'univers, il intrigue, fascine et alimente les plus belles légendes. Mais le ciel d'Enola n'est pas pareil. Il est gris et seule la lune est présente, à moitié éclipsée par la lumière de la ville.

Enola n'aime pas la ville. La ville n'est pas jolie.

Sur un morceau du mur blanc, il y a un ciel. Un ciel nocturne. C'est une peinture, un rêve de l'artiste. Une vision améliorée du cadre de sa fenêtre.

Maintenant Enola est assise sur sa fenêtre. Elle aimerait voir le ciel, voir les étoiles et les galaxies. Mais elle ne voit que des lampadaires et des gratte-ciel. Et même le plus haut de ces bâtiments ne lui permettrai pas de toucher les étoiles. Alors elle a fait un choix. Elle les touchera ce soir, sans l'aide du bâtiment. Elle les touchera depuis les nuages, elle caressera les astres, chatouillera les constellations... Elle sera heureuse si loin de sa petite fenêtre.

Ce soir, elle déploiera ses ailes et elle quittera sa chambre. Elle quittera sa fenêtre et sa ville grise et morne. Ce soir, elle logera chez les étoiles.

Enola tend la main au-dessus du vide. Un vent frais vient caresser et se mouvoir entre ses délicats doigts.
Elle ferme les yeux et un sourire apparait sur son doux visage. Ce sourire n'est ni joyeux, ni triste. C'est un mélange: l'oxymore de la tristesse joyeuse.

Elle a hâte de s'envoler.