Chapitre 1
Nadria Pfefferberg, la sublime ainsi appelé à cause de sa beauté presque angélique, d'une quinzaine d'années, secoua la tête exaspérée, agacée, énervée. Son père, tout comme son frère aîné, était des incapables, des êtres froids et sans cœur. Elle les détestait. Elle les détestait de la souffrance qu'ils affligeaient à son plus jeune frère.
Sa mère, trop malade, n'osait s'opposer à son époux surtout en sachant qu'il avait la main leste. Personne dans ce château ne contredisait le Roi. Il ordonnait, ils obéissaient comme de bons chiens fidèles.
La jeune fille renifla de dégout. Les serviteurs étaient pathétiques et des trouillards de première. Eux aussi accusaient son jeune frère d'être un monstre assoiffé de sang. Ils n'aimaient pas croiser son regard couleur rouge. La jeune fille soupira. Ils avaient vite oublié que si la paix avait régné pendant des siècles, c'était bien grâce à des êtres comme son frère. La mémoire humaine était vraiment très étroite.
Avec une grâce légèreté, la jeune fille se rendit vers les sous-sols du château. Son arrière-grand-père aimait la grandeur. Il avait fait construire cette immense bâtisse sous la sueur et le sang de pas mal de sujets. Nadria n'en revenait pas de la diversification de caractère dans la généalogie de sa famille.
Son propre père ressemblait à s'y méprendre à son arrière-grand-père Orion ainsi que sa méchanceté gratuite. Nadria songea à son grand-père Azur, décédé six ans auparavant. Quelle tristesse d'avoir perdu un tel homme ! Il avait été un homme bon, généreux et toujours bienveillant envers son peuple. Cet homme avait vécu plus de deux cent vingt années.
Le malheur d'Azur était d'avoir eu que des enfants sans pouvoir et les avait vus mourir avant lui sauf le petit dernier, Archibald. Il avait aussi espéré voir un nouveau Angio par son fils, mais aucun des enfants n'avait hérité du pouvoir. Azur aurait été heureux de savoir que finalement un Angio était bel et bien né, un an après sa mort.
La jeune fille s'attrista. Si Azur était encore en vie, son jeune frère ne serait pas enfermé dans ces sordides cachots à subir la jalousie et la méchanceté gratuite d'Alistair et de son père.
Elle fit très attention en descendant les marches très étroites. Un long couloir sombre apparut. Des plaintes et des cris pouvaient s'entendre. La jeune fille fit son possible pour rester sourde à ces sons. Arrivant enfin, devant une très lourde porte, elle l'ouvrit. Elle menait à un nouveau couloir.
Un soldat assis nonchalamment sur une chaise de bois se leva rapidement en apercevant la princesse. Le soldat, habillé en tunique kaki, portait à sa ceinture un neuf millimètres. Nadria grimaça. Elle détestait les armes à feu.
- Mademoiselle Nadria ? Que faites-vous ici ?
- La même chose que je fais chaque jour. Je viens rendre visite à mon frère.
- Vous ne devriez pas, Mademoiselle. Si votre père l'apprend, il va vous punir.
La jeune fille haussa les épaules. Elle n'avait pas peur de son père. C'était juste un homme jaloux et cupide. Elle ordonna au garde d'ouvrir la porte. Avec un soupir las, le soldat l'ouvrit sans regarder à l'intérieur. Le prisonnier n'avait jamais cherché à s'évader. Le soldat plaignait sincèrement cet enfant, même si à huit ans, il ne les paraissait pas du tout. Le soldat était toujours étonné en entendant l'âge, car l'enfant dans ce cachot ressemblait plus à un enfant de douze ans ou plus.
Nadria entra et referma la porte derrière elle. Le cachot avait quand même tout le confort d'une chambre avec tout le long d'un mur une bibliothèque. Son regard fit le tour de la pièce, mais elle constata l'absence de son frère. Un sourire esquissa ses lèvres. Ni sa famille, ni le garde ne le savaient, mais ce cachot avait un passage secret. Son frère l'utilisait pour s'échapper quelques heures et se mêlait ainsi à la population. La ville d'Inonumy était la capitale du Royaume portant le même nom, la plus grande ville et la plus belle aussi. Son frère la connaissait de fond en comble.
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Le chant d'un Requiem
Science FictionLa plus terrible guerre détruisit une bonne partie de la terre. Mère Nature se rebella et changea la face du monde. Les scientifiques créèrent une nouvelle race d'humain, les Angios. Les ratés furent nommés Déchets et ils servirent comme soldat. Ces...