Le bracelet possédé

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18 Juin 1847, France:

Ce jour là, nous allions enfin emménager dans notre nouvelle maison, enfin, un manoir: il était immense avec plusieurs tourelles et balcons taillés dans un style victorien et était entouré d'un immense parc avec quelques chênes centenaires. Quand nous eûmes enfin fini de déballer tous les cartons, je remarqua qu'un petit paquet brillant était posé sur la petite table basse qui était dans ma chambre. Dessus, je vis un petit mot sur lequel il y'avait marqué:

Pour toi, prochain(e) habitant(e) de cette demeure.

Mais qu'était-ce donc que ce paquet ? Ma curiosité en fut terriblement piquée et je décida de l'ouvrir sans en avertir mes parents qui étaient au rez-de-chaussée. Je le déballa et vis une petite chaînette brillante en argent: un bracelet. Je le tenus et remarqua qu'il y'avait une minuscule étoile sur laquelle il y'avait gravé:

Ad haec mors armillam et famam non valeo.

Étrange, je me demandais bien ce que cela voulais dire.... Je le mis et descendis manger. Un peu plus tard, lorsque je me coucha, j'entendit des curieux bruits de pas et sursauta lorsque qu'un coup de tonnerre retentit. Je me cacha sous ma couette et attendis, dans le noir, le cœur battant à toute allure. Lorsque l'orage s'arrêta vers deux heures du matin, les bruits de pas s'arrêtèrent et je pu enfin m'endormir paisiblement. Le lendemain matin, je descendis manger comme si de rien n'était et continua ma journée tranquillement.

27 juillet 1847, France:

J'avais tellement peur. Les bruits de pas avaient recommencés chaque nuit depuis que ma famille avait emménagée dans cette étrange maison, il y'a maintenant plus d'un mois. Chaque nuit, j'entendais ces curieux bruits de pas et plus récemment encore, une respiration près de mon oreille, mais, à chaque fois que je me retournais, je ne voyais personne, exception faite d'hier où je crus apercevoir une ombre près de la fenêtre.

4 Août 1847, France:

Est-ce-que je devenais folle ? Chaque nuit, j'entendais cette fameuse respiration et ces bruits de pas. Ils commençaient vers minuit et se stoppaient vers deux heures du matin. J'avais l'impression que les murs m'observaient et que j'étouffais chaque nuit un peu plus... Et quelques fois, j'avais même l'impression que le bracelet que j'avais trouvée le premier jour enserrait mon bras, tel un serpent vicieux. Mais je n'osais pas l'enlever, j'ai l'impression que ça pourrait LA contrarier. Par LA, je voulais dire l'ombre et ses bruits de pas qui me suivaient maintenant dans chaque endroit où je me rendais et sa respiration qui retentissait chaque seconde dans mon oreille.

7 Août 1847, France:

Une nuit, je me levais, et mon bracelet se resserra encore un peu plus autour de mon poignet déjà très serré. Je me levais en silence, comme possédée par une force étrange. Un coup de tonnerre retentissait pendant que j'éclatais d'un rire fou. Ne pouvant plus me retenir, je pris un poignard, m'entaillais la peau, et écrivais sur le mur d'étranges signes écrits dans une langue inconnue. Ayant fini ma sordide besogne, je me mis à pleurer et la force me fis à nouveau m'entailler pour cette fois écrire sur ma peau nue d'autres mots écrits dans cette même langue. À ce moment là, je compris, cette langue n'était pas étrange, c'était du latin ! Je regarda dans l'immense miroir à pieds et me vis: je fus choquée par cette fille maigre et pâle au regard malade, comme atteint de la plus terrible des folies. Mes longs cheveux bruns, mes yeux couleur d'orage, mes énormes cernes noirs causées par ces nuits de terreur profonde. Et derrière moi ?! Une fillette d'environ huit ans aux cheveux blonds et aux yeux noirs, paraissant curieusement rouges dans la pénombre environnante. Ayant remarqué que j'étais en train de la fixer, elle éclata d'un rire sournois et je planta à nouveau le poignard dans ma peau pâle, comme possédée. Elle déclara quelque chose en latin et bizarrement, je compris.

-Cette maison est la mienne, quand je fus assassinée par mon oncle, je décida de me venger et mon esprit habite à présent dans ce su-per-be bracelet que tu porte ! Est-ce-que-tu-l'aimes ? C'est ton héritage ! Tu es la petite fille de mon cher oncle, la prunelle de ses yeux ! C'est pourquoi tu vas mourir, grâce à ce bijou que tu as justement à ton poignet ! As-tu compris ce que l'inscription signifiait ? Ce bracelet conduit à ta mort et tu ne pourras inverser le sort !

Elle éclata d'un rire mauvais et se volatilisa. Horrifiée, j'essaya de toutes mes forces de l'enlever mais c'était inutile. Il était trop serré. Je compris alors ce que je devais faire, j'écrivis une longue lettre d'adieu à mes chers parents en leur expliquant tout. Ils ne m'avaient sûrement pas crus mais il avaient le droit de savoir. Je souris à travers mes larmes et déposa ma lettre sur mon oreiller. Je sortis en accrochant quelques uns de mes draps et vêtements. J'enfila alors ma plus belle tenue et monta à un arbre. Sur une branche, je fis un nœud coulant et respira longuement, savourant les dernières gouttes de joie et de gaieté qui restaient encore en moi, en pensant à ces quinze années de ma courte existence. Je souris une dernière fois, sentant déjà le bracelet se resserrer, comme pour me demander de sauter. Je murmuras:

-Adieu...

Je pris une dernière respiration et sauta: c'était trop tard pour moi mais au moins avais-je pû admirer une dernière fois le monde extérieur. Je sentis ma vie me quitter peu à peu et sentis le néant m'engloutir dans sa noirceur veloutée.

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