CHAPITRE 9

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Je me glisse en dessous et m'engouffre dans une ouverture sombre. Un courant d'air frais me souffle au visage. Je me rends compte alors que je suis en sueur. C'est la terreur et l'effroi qui transpirent par tous mes pores. Oui, je crève de peur. Peur de ce que Nathan pourrait me faire s'il m'attrapait.

Sans même prendre le temps d'habituer mes yeux à l'obscurité ni de chercher l'interrupteur, j'avance à tâtons. Ce passage secret relie les chambres du deuxième étage à la bibliothèque du rez-de-chaussée, en traversant un bureau au premier étage. L'arrière-grand-père de Liam l'avait fait construire pour préserver son intimité. J'espère qu'il me sauvera du monstre qui me poursuit.

Sentant le sol se dérober sous mes pieds, je comprends que je viens d'atteindre un escalier en colimaçon. Je dévale les marches aussi vite que possible. De crainte de trébucher, j'assure ma descente en collant mon épaule contre la paroi. Pourquoi ne me suis-je pas donné la peine d'éclairer le passage ? Mes pieds butent sans cesse contre les irrégularités du sol. Et je n'avance pas assez rapidement. Je n'ai pas atteint l'étage inférieur que la lumière jaillit du plafonnier. Non, pas déjà !

— Tu ne m'échapperas pas, Chiara. Rends-toi ! me crie Nathan d'une voix éraillée.

Hors de question ! Au lieu de gaspiller bêtement ma salive à lui répondre, je continue de descendre et débouche très vite sur le palier d'en dessous. À présent que j'y vois plus clair, je n'ai aucun mal à aviser puis à ouvrir la porte qui communique avec un bureau. Je me précipite à l'intérieur d'une pièce dans laquelle Liam aimait s'isoler. Parquetée et lambrissée de boiseries foncées, elle respire une quiétude dont je suis loin de jouir.

Je contourne un secrétaire en acajou – c'est assis à ce bureau que Liam passait ses nuits d'insomnie – et je m'efforce de ne pas penser à mon mari. Pourtant, tout ici me le rappelle. Les bibelots en porcelaine, les tableaux de scènes de chasse et même cette lumière dorée qui entre à flots à travers les petits losanges cerclés de plomb de la fenêtre et qui se reflétait dans ses lunettes. Après un bref instant d'hésitation, je réussis à localiser une porte dérobée dans le mur. Entre deux lattes verticales de bois se trouve le mécanisme de déverrouillage, que j'actionne en glissant un doigt dans la rainure.

Au moment où je me faufile par la porte qui vient de s'entrebâiller, celle que j'avais franchie moins d'une minute plus tôt s'ouvre à la volée. J'ignore si Nathan m'a vue disparaître. J'espère que non ! Il perdra ainsi un temps précieux à repérer l'emplacement de la porte. Cette fois-ci, je ne réitère pas la même bêtise que tout à l'heure : j'appuie sur l'interrupteur. Un nouvel escalier en colimaçon se présente à moi. Je le dévale à toute allure. Je n'ai pas encore atteint le palier du bas que le claquement d'une porte retentit. Aussitôt après, ce sont des bruits de pas qui me parviennent. À l'évidence, Nathan n'a pas mis longtemps à retrouver ma trace. Désespérée, j'ôte mon gilet et le laisse tomber en travers du chemin.

Non, ne fais pas ça ! me dit la voix grave dans ma tête.

Pourquoi écouterais-je ce qui semble être ma bonne conscience ? Je suis aux abois. Un homme fou de rage a décidé que j'étais la cause de tous ses malheurs. Si ce gilet pouvait ralentir sa progression, qui s'en plaindrait ? Certainement pas moi ! Arrivée sur le palier du rez-de-chaussée, je m'apprête à ouvrir la porte qui donne sur la bibliothèque. Un cri, suivi d'un grand fracas, m'en empêche. Je me fige, attendant avec appréhension la conclusion de ce vacarme. Quelques secondes plus tard, Nathan s'écrase en boule à mes pieds.

Je ne vois pas l'expression peinte sur son visage. Ses cheveux mouillés de sueur lui tombent devant les yeux et collent à sa peau. Mais j'entends distinctement ses gémissements de douleur. Dans un premier réflexe, je m'avance vers lui pour le secourir. L'affreux souvenir de Marie attachée aux montants du lit ressurgit brutalement. Aussi, je tourne les talons, mue par un pur instinct de conservation.

Non, ne le laisse pas seul !

Encore cette voix dans ma tête ! Je l'ignore et pousse la porte.

Je t'en prie, Chiara, aide-le !

— Il va me faire du mal, si je l'approche, ne puis-je m'empêcher de maugréer tout bas.

Il ne pourra rien te faire tant qu'il sera dans cet état. Secours-le. Il a besoin de toi.

Hasardant un regard en arrière, j'aperçois mon beau-frère en train de se tordre en deux. Ses geignements font écho au ton suppliant de la voix dans ma tête. D'accord ! Je vais voir comment je peux aider Nathan, mais au premier geste déplacé, je m'enfuis en courant.

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