I just want to...

Je le vois là, à moitié nu, endormi et à ma merci. Allongé sur le flanc gauche, la jambe droite repliée sur l'autre et une bouille toute douce. Comment fait-il pour être aussi innocent lorsqu'il dort ? Quand on connaît le personnage, on sait qu'il ne faut pas réveiller la bête qui ronfle à poing fermé. J'ai tout de même envie de laisser mes doigts parcourir sa peau, histoire de lui refiler quelques frissons et de profiter de ce contact autorisé. Lui qui ne supporte pas qu'on le touche lorsque ses magnifiques yeux verts sont ouverts.

« Tu sais que je te sens. »

« Quoi ? »

« Tu me regardes Louis. »

« Mais tu es si beau. »

« Là n'est pas la question. Je ne veux pas que tu t'accroches, tu le sais ? »

« Oui. Ppfff... »

Je vais pour quitter le lit, vexé de la situation, mais la main d'Harry rattrape la mienne pour me ramener auprès de lui. Ce geste d'une douceur inattendue a le don de me faire tiquer et d'envoyer valser mon cœur qui attend dans l'ombre qu'on le bouscule. Mon corps collé contre le sien, il laisse ses lèvres embrasser ma paume droite et mes paupières se ferment. Comment résister face à cette tendresse qui me transporte ?

« Je n'ai pas envie de te blesser. »

« Tu sais, je suis un grand garçon. »

« Louis... On en a déjà parlé. »

« Je sais... »

J'embrasse ses lèvres et décide de réellement me sauver de cet endroit que je n'aime pas.

Contrairement à ce que je ressens pour Harry, le lieu où il réside n'est vraiment pas ce que je préfère chez lui. Cet appartement sent la mort, il y a quelque chose de dangereux dans l'air, quelque chose de flippant et ça je n'aime pas. Il le sait et c'est pour ça qu'en général, on se retrouve chez moi. Mais là, j'ai eu trop besoin de le retrouver au plus vite. Après la journée de merde que j'ai passée, j'ai ressenti l'envie de me blottir près de lui.

Mon patron m'a encore fait péter un plomb, pour changer. Et puis, les clients n'ont pas été sympas non plus, je n'étais pas d'humeur et j'avais envie de me détendre. Quoi de mieux que de se perdre entre les bras d'Harry ?

« Tu reviens ce soir ? »

Sa question est tellement inhabituelle que mon air interrogateur fait pencher mon visage vers la gauche. En général, c'est moi qui demande pour que l'on se voie, rarement le contraire. Tout d'abord parce qu'il n'a pas que moi, et ensuite parce que son boulot ne lui permet pas vraiment de temps libre. Le crime, c'est non stop.

« Euh... »

« Ah mais si tu veux pas, y'a pas de soucis. C'était pour toi que je demandais. »

T'as raison, si je crois pas celle-là, tu m'en racontes une autre ? J'ai senti dans ses gestes que la solitude le pesait plus que d'habitude, mais je ne pensais pas qu'il avait autant besoin d'une certaine chaleur corporelle.

« Je peux revenir. »

Sourire charmeur et un sourcil surélevé, il me regarde avec un air triomphant sur le visage. Il sait que je suis totalement faible devant lui et ses requêtes. C'est peut-être malsain, mais j'y suis accro. Je ne peux pas me passer de lui et je suis certain que dans le fond, il ne peut pas se passer de moi non plus car je suis celui qu'il appelle le plus.