Vivre et Revivre [EN PAUSE]

8. Nouvelle vie

La nouveauté, c'est la sensibilité de l'artiste.
Azorin

Jess m'ouvrit la porte et je la vis en pyjama avec derrière elle une jolie créature me fixant de ses minis yeux verts. Une petite sirène aux cheveux roux flamboyants et habillée d'une chemise de nuit rose me fixait d'un air impassible. Etonnée, je restais immobile pendant quelques secondes avant de me reprendre :

— Salut, merci de m'accueillir.

— T'inquiètes, la miss et moi sommes ravies, me dit-elle en souriant.

Elle me fit rentrer tandis que la petite fille se jetait finalement sur moi en riant.

— Neve, tu m'as tellement manquée ! T'as pleins de valises dis donc...

— Charlie va dans ta chambre s'il-te-plaît, commença Jess d'un ton autoritaire.

— Mais maman je veux jouer avec Neve ! la contredit-elle en bougeant les bras.

— Charlie fais ce que je te dis ! Tu pourras jouer avec Neve plus tard.

La jeune Charlie s'en alla en soufflant et grommelant au fond de l'appartement tandis que j'enlevais mon manteau.

— T'as une fille ?

— Ouais c'est Charlie, elle hésita avant de continuer. T'es sa marraine, me dévoila-t-elle en souriant.

— Ah... Elle est trop mignonne en tout cas. Et le père ?

— Il est parti...

Je baissais les yeux au sol. Son histoire me faisait penser à la mienne et je me disais que cela aurait pu être ma vie si j'avais gardé mon bébé.

Jess m'aida à porter mes bagages et m'amena dans le salon où le canapé avait été ouvert en lit.

— Je suis vraiment désolée mais j'ai pas de chambre d'ami. Tu sais que c'est un peu difficile en ce moment et d...

— T'inquiètes pas, je suis vraiment reconnaissante que tu m'accueilles chez toi je te jure. Je vais commencer à chercher un appart bientôt mais j'ai juste besoin d'un endroit pour me retourner, la coupais-je.

— Reste autant de temps que tu veux, tout va bien pour moi et c'est pas la miss que tu vas déranger, me répondit-elle en riant.

Je ris avec elle avant de me diriger vers la chambre de Charlie. Je passais la tête par l'entrebâillement de la porte et regardais la petite fille jouer avec une Barbie.

Quand elle me vit, elle posa la poupée et vint à ma rencontre. Sans rien dire, elle m'enlaça tellement naturellement que je refermais mes bras autour de son petit corps. A son contact, je me sentis apaisée, toutes mes pensées se taisant pour me laisser apprécier ce petit moment de douceur. Ces derniers jours avaient été très agités et cela me faisait du bien de relâcher la pression, de me détendre. Je la lâchai et la regardai retourner vers ses poupées sous mon regard bienveillant. Ce n'est qu'au bout d'un certain temps que je me rendis compte qu'elle me parlait :

— Tatie Neve pourquoi t'es là ?

— Mini puce... je dis en lâchant un soupir – je savais instinctivement comment l'appeler – c'était comme s'il y avait un lien entre nous, j'ai laissé mon appartement alors ta maman m'aide un peu en me laissant dormir chez vous pour quelques temps.

— C'est trop bien ! Ze vais pouvoir te montrer toutes mes poupées et mes nouveaux vêtements. Maman m'a dit que t'étais forte pour les habillements.

— Pour faire des belles tenues ma puce, pas des habillements, lui répondis-je en riant. 

Elle me regarda et haussa les épaules d'un air timide avant de reporter son attention sur ses jouets. Je décidais alors de la laisser tranquille et allais rejoindre sa mère dans la petite cuisine. Elle préparait du thé à la menthe, un de mes préférés. Je devais avouer que même si je la connaissais seulement depuis quelques jours, j'avais une totale confiance en elle. Le fait qu'elle me connaissait par coeur renforçait peut-être ce sentiment. En effet, alors qu'elle était une toute nouvelle rencontre pour moi, on se connaissait depuis un peu plus de 5 ans pour elle. Mon envie de thé se renforça au moment où je la vis mettre du miel dans ma tasse. Je souris grandement, pensant que j'étais heureuse de l'avoir comme alliée dans cette épreuve. Elle me la donna en me faisant signe de venir m'assoir sur le canapé transformé en lit. Nous nous assîmes et commençâmes à parler. Au bout d'un petit moment, le sujet dériva sur nos vies respectives.