Chapitre 5

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Elle croise mes yeux verts et, bien que choquée, sa curiosité l'emporte. Elle lâche ma main et retourne à son travail. Le porte-clés claque, révélant Killian qui soupire en nous voyant. Il me fixe, ses yeux sombres se plantant dans les miens. Il parle à Marie, qui lui indique une chaise près de moi. Killian s'y assoit, toujours avec ce regard perçant, et commence à manger avec des ustensiles que je ne connais pas.

Je tente de faire comme lui avec des outils inconnus, mais ma maladresse me fait trébucher. Frustrée, je repose les outils et mange avec mes mains. Killian éclate de rire, et je me sens encore plus mal à l'aise. Je décide de quitter la table, malgré les appels de Marie. Je m'enferme dans ma chambre, me sentant perdue et incomprise.

Une heure plus tard, on frappe à la porte. Je n'y réponds pas, et la porte s'ouvre doucement. Liam entre, portant un plateau de fruits. Ses yeux se réchauffent en me voyant, et il s'assoit près de moi. Mes queues exposées ne semblent pas le déranger, et il pose sa main sur ma tête, qui est enfouie dans mes bras.

— Marie m'a raconté ce qui s'est passé, dit-il en découpant une pomme avec soin.

— C'est frustrant de ne pas pouvoir communiquer avec eux, avouai-je, la voix tremblante.

— Tu aimerais apprendre l'anglais ?

Je relève la tête, rencontrant son regard sérieux. Je m'assois correctement, impatiente d'apprendre tout ce qu'il peut m'offrir. Liam me donne un morceau de fruit en échange de ma détermination, et nous parlons de tout et de rien. Notre conversation m'apaise, et je commence à me sentir un peu mieux. Je suis excitée à l'idée de commencer mon apprentissage le lendemain.

Le lendemain matin, je suis prête, impatiente. Un homme entre, portant plusieurs livres.

— Tu es Ayumi, n'est-ce pas ? demande-t-il dans ma langue.

— Oui ! Vous êtes comme Liam ? Vous parlez plusieurs langues ?

— J'étais son professeur quand il était petit, dit-il en riant. Je m'appelle Gray, et je serai ton professeur et traducteur.

— Enchantée.

— Alors, commençons ?

— Oui !

À midi, je suis écrasée par la fatigue et le tourbillon d'informations nouvelles. Je m'assois à la table, les épaules alourdies par la lassitude. Marie m'invite d'un geste à la rejoindre dans la cuisine. Là, elle est debout, un morceau de viande dans une main et un fruit dans l'autre, avec un sourire encourageant sur le visage.

— Viande ? Fruit ? me demande-t-elle, avec des gestes précis pour montrer les deux éléments.

Je la fixe, encore un peu perdue, le regard incertain. Elle me montre le morceau de viande et le fruit avec une patience réconfortante. Puis, je fais un essai hésitant :

— Vi...an...de ?

— Oui ! Et fruit.

— Frouuuit ?

— Fruuuuit.

— Fruit ?

— Ouiiii.

— Viande ! dis-je en criant de joie, les yeux brillants d'excitation.

Marie éclate de rire, et son rire résonne chaleureusement dans la cuisine. Cette réponse joyeuse et la simplicité de l'apprentissage me réchauffent le cœur. Je me sens un soulagement sincère à chaque progrès, aussi minime soit-il. Tandis qu'elle reprend son travail avec une habileté tranquille, je me tourne vers la fenêtre, attirée par la vue de la forêt proche.

Je prends le bras de Marie avec une certaine précaution, en dirigeant mon regard vers la forêt. Je pointe du doigt, espérant faire comprendre mon désir de revoir cet espace naturel qui m'est familier. Marie secoue la tête avec un soupir, se rappelant des directives de Liam. Je boude, dépitée, la déception peignant mon visage alors que je retourne à mon repas.

Les saveurs de la viande et du fruit sont encore étrangères à mes papilles, mais je mange en regardant à travers la fenêtre, la forêt semblant si proche et pourtant inaccessible. Chaque bouchée est une lutte pour rester dans le présent, tandis que mon esprit vagabonde vers les arbres que je ne peux atteindre. Mon regard reste ancré à la forêt, un mélange de tristesse et de détermination dans les yeux.

Marie reste attentive tout au long de l'après-midi, veillant à ce que tout se passe bien. Lorsque Gray reprend l'enseignement, l'atmosphère devient un peu plus détendue, mais la fatigue se fait sentir. Plus tard dans la soirée, après un bain, je découvre un objet blanc et glissant. Intriguée, je le prends en main, l'examine et le goûte. Une grimace se forme sur mon visage. C'est le goût le plus désagréable que j'aie jamais rencontré. Le savon glisse de mes mains et tombe dans la baignoire. Je m'assois dans l'eau, amusée par les bulles blanches qui flottent autour de moi, créant un petit monde mousseux.

Soudain, la porte s'ouvre brusquement avec un bruit sourd.

— Ayumi ! crie Marie, l'inquiétude dans la voix.

Je lève les yeux, perdue, et je prends conscience que mes queues sont à la vue. Je les cache d'un geste rapide sous l'eau, tentant de les dissimuler, tandis que Marie se précipite pour fermer le robinet. Elle tend un tissu, m'invitant à sortir, mais je me recroqueville, refusant de bouger, ma frustration se faisant sentir. Elle hésite un instant, puis se retire, laissant la salle de bain derrière elle. L'eau, maintenant tiède, commence à se refroidir et je continue de cacher mes queues, écoutant les bruits de pas précipités dans le couloir.

Quelques instants plus tard, Liam apparaît, essoufflé mais avec un soulagement visible sur le visage en me voyant. Il échange quelques mots avec Marie, qui lui remet le tissu avant de partir. Liam s'approche doucement, s'asseyant près de la baignoire avec une expression empreinte de douceur.

— Tu n'as pas à avoir peur, dit-il d'une voix apaisante. Marie est là pour t'aider, et tu peux sortir.

— Je ne peux pas faire confiance à n'importe qui, dis-je en le regardant intensément, ma voix tremblante.

— Je comprends que c'est difficile pour toi, mais ici, tu seras bien accueillie. Marie ne te jugera pas.

— Désolée, je n'arrive pas à m'habituer à tout cela, et la forêt me manque...

Un silence enveloppe la pièce, empreint de compréhension. Liam me tend la main avec un sourire réconfortant.

— Viens, sors de là. Je t'ai apporté quelque chose.

Je prends le kimono qu'il me tend, éblouie par sa couleur rouge éclatante et ses motifs élégants. Un sentiment de gratitude m'envahit.

— Merci ! Il est vraiment très beau.

— Les kimonos sont rares ici, mais j'ai un ami qui fait des vêtements sur mesure. J'espère que tu aimeras aussi les autres que j'ai commandés.

— J'adore celui-ci ! Je suis sûre que les autres seront tout aussi magnifiques, dis-je, pleine de joie.

— Change-toi, et nous sortirons après, me dit-il avec un sourire.

Il quitte la pièce pour me laisser le temps de me préparer. Je revêts le kimono, tournant sur moi-même pour admirer le rouge vif et les motifs élégants. Je descends les escaliers, croisant le regard chaleureux de Marie qui me sourit affectueusement. Liam, amusé, pince doucement mes joues, un geste qui me surprend mais me touche profondément.

— C'est un signe d'affection, m'explique-t-il, et je me sens immédiatement plus détendue.

Liam me tend la main, que je prends avec confiance. Ensemble, nous sortons et je scrute les environs, curieuse et excitée.

— Où allons-nous ? demandai-je, les yeux brillants d'anticipation.

— Dans ma forêt, répond Liam avec un sourire radieux.

À ces mots, une vague de chaleur et d'excitation me traverse, prête pour cette nouvelle aventure.

La créature mythique TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant