Chapitre I

1K 49 24
                                    

Quand je me suis réveillé ce matin-là, j'ai bien cru que je sortais du coma. J'avais l'impression d'avoir dormi pendant au moins mille ans et mes paupières ne voulaient pas s'ouvrir. Je tentai de me souvenir de la soirée qui m'avait mis dans cet état mais je fus rapidement confronté à un curieux voile qui m'empêchait de me rappeler précisément tout ce qui s'était passé. Je restai au fond de mon lit douillet, bien au chaud, à essayer de me remémorer quelque chose, jusqu'à ce qu'il me vienne suffisamment de lucidité pour comprendre que la sensation étrange que je ressentais à l'arrière de la tête était en réalité un terrible mal de crâne. Au secours, il me fallait absolument du paracétamol à haute dose ! Ayant trouvé une motivation pour sortir du lit, je commençai d'abord par laisser échapper un orteil, puis un pied, une jambe et je me retrouvai brusquement par terre. Par chance, mon lit n'était pas à très haute altitude et je m'en sortis quasiment indemne. C'est en me relevant que les choses se compliquèrent. J'eus soudain l'impression que toute ma chambre tournoyait autour de moi et il me fallut m'asseoir un instant le temps de laisser passer cette désagréable sensation. Décidément j'y étais allé un peu fort au niveau alcool hier soir. Je laissai passer quelques instants puis je me relevai et, de nouveau, une horrible sensation de vertige me secoua le ventre et je dus m'appuyer contre le mur. Heureusement cela ne dura pas longtemps et je pus continuer mon chemin hors de la chambre en direction de la cuisine pour avaler cul sec un doliprane et un verre d'eau. J'allais sortir dans le salon quand Maxime entra soudainement.

— Tiens ça y est t'es debout ? me dit-il. Puis, me regardant de haut en bas : Qu'est-ce que tu fous à poil ?

Oh my god, j'étais à poil devant Maxime. Ce n'était pas dans mes habitudes de me balader nu et encore moins devant Maxime, mon coloc sexy sur qui je fantasmais depuis des lustres.

— Oh merde !!! Tu n'as rien vu ! Tu n'as rien vu ! m'écriai-je, en me précipitant dans le salon pour attraper un coussin et cacher ce sexe qu'il ne devait pas voir.

— Ah ah ! Ça va Théo... Tu peux te ballader à poil comme tu le sens, on vit ensemble depuis un moment maintenant... Je crois qu'on a franchi un cap tous les deux, me répondit-il en riant depuis la cuisine.

— Pas question ! Je suis pudique moi !

— Tu fais comme tu le sens mais moi dorénavant je ne me priverai pas !

Voilà qui allait s'avérer intéressant, me dis-je en imaginant son corps musclé se baladant devant moi, nu.

— Au fait tu n'as pas vu ma gourmette ? demanda-t-il en passant la tête à travers la porte. Ça fait vingt minutes que je la cherche et impossible de remettre la main dessus.

— Non désolé, je ne peux pas t'aider. J'ai une gueule de bois de dingue.

— Ah tu vois je te l'avais dit : il faut toujours bien s'hydrater quand on se prend une cuite !

— Si tu le dis, lui répondis-je sans grande conviction.

— Bon il faut que je file, je vais être en retard pour la communion de ma nièce. Mais surtout ne te gène pas et balade toi à poil tant que tu veux pendant mon absence !

Je lui fis une grimace et lui balançai un coussin dans la figure puis, satisfait d'avoir atteint ma cible, je retournai dans ma chambre pour aller m'allonger dans mon lit.

Maxime et moi étions en colocation depuis environ deux ans. J'avais répondu à une annonce sur internet pour prendre la place de son précédent coloc et c'est moi qu'il avait choisi pour le remplacer. L'appartement était parfait et le loyer raisonnable. Nous avions chacun une chambre et il était suffisamment grand pour qu'on ne soit pas constamment en train de se marcher sur les pieds. J'étais vraiment content de cet appartement. Mais j'étais aussi content de Maxime. Ça se passait super bien avec lui. Bon c'est vrai qu'on n'était pas souvent là en même temps à cause de nos emplois du temps respectifs – j'étais étudiant en informatique et Maxime venait juste de commencer un job dans le commerce – mais quand même je crois qu'on pouvait dire qu'il y avait un certain feeling entre nous. On avait chacun nos petites habitudes certes, mais chacun faisait de son mieux pour accepter l'autre avec ses défauts d'une façon constructive.

Allongé sur mon lit, j'essayais de reprendre le fil de mes souvenirs pour reconstituer la soirée. Quelques flash me parvinrent comme autant d'étoiles dans une nuit noire mais impossible pour moi d'établir une chronologie précise des évènements. Il fallait que je reprenne tout à zéro, que je démêle complètement cette pelote de laine de souvenirs qui se logeait dans mon cerveau.

Mémoire EnnemieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant