Homeless [LS]

Chapitre 3

La nuit était putain de profonde, elle avalait tout autour d'elle, même dans Londres, une ville qui ne dort jamais, elle triomphait. J'enfonçais un peu plus mes mains dans ma veste en jean, rentrent mon cou dans mes épaules essayant de me protéger un maximum du froid. Liam marchait, tranquillement à mes côtés, lui paraissait plutôt réchauffé.

-Tu penses qu'il dort dehors ?

-C'est un sans-abri, Louis

Sans même préciser de qui je parlais Liam, avait deviné sans peine. Je l'aimais un peu pour ça, c'était une personne compréhensible et à l'écoute d'autrui. 

-Pourquoi Liam ? Pourquoi des gens se retrouvent comme cela, sans rien ? Alors qu'ils sont bons, ce se sont des bonnes personnes. D'autres ne le sont pas mais séjournent en prison, une bien meilleure vie que dans la rue.

-Personne ne le sait, tu vois, les Hommes ont inventé la Justice parce que la vie n'en avait pas. Ce n'est pas vraiment un défaut de notre Gouvernement mais juste de la vie en général.

En rentrant dans le studio, Zayn nous attendait, il était sur son ordinateur portable certainement en train de finir une affiche graphiste pour un client. Je décidai de m'éclipser pour leur laisser un peu d'intimité, depuis mon arrivée, ils en avaient peu et même s'ils n'en avait pas évoqué le sujet, ça se laissait ressentir. Après une bonne heure, Zayn vient me rejoindre et on monta tout les deux sur le toit de l'immeuble, fumer une cigarette,c'était notre rituel du soir. On observait tranquillement la ville d'ici, c'était juste un noir immense parsemé de milliers de points jaunes blanchâtres.

- J'crois j'suis amoureux Zayn

C'était assez spontané mais ça restait ce que je ressentais au plus profond de moi, c'était fort et si j'aurais été seul, je l'aurais crié là dans la nuit.

-T'sais c'est le mec dont je t'avais parlé, Harry, il est beau, il me plait

-Tu fais chier Louis

Je me retournais vers lui, surpris, il regardait droit devant lui, ses yeux étaient humides. Il reprit :

-Liam veut faire un break avec moi, je vais pas tenir, tu te rends compte je voulais le demander en mariage, le 25 décembre à Noël. Lui demander d'être mon époux, faire de cet homme parfait, mien et voilà.

-J'suis désolé Zayn

Je l'enlaçais doucement, évidemment que Zayn m'en avait déjà parlé, je l'avais encouragé. A mes yeux, c'est un des plus beaux couples qu'il existe, c'est impensable que Liam veuille y mettre un terme. 

-Je rentre à Bradford, demain matin, tu peux venir si tu veux...

Je secoua la tête, dans deux jours j'avais rendez-vous avec Harry et je louperai cela pour rien au monde. 

Le lendemain, sans comprendre, je me suis retrouvé seul au studio, les deux étaient partis dans leurs familles respectives, pour les fêtes. J'me sentais un peu con, la journée passa vite, le restaurant était plein et j'avais pas eu le temps de souffler. Mon esprit, lui, était bien encombré je me faisais que de penser à Harry. 

C'est ainsi, ma journée de travail terminée, je me précipitais sur les quais, au bord de la Tamise. Sans surprise, c'est une douce mélodie joué à la guitare qui m'entraina et une voix profondément rauque et un brin cassé. Il était là, assis au sol en tailleur en train de chanter. C'était harmonieux. Et je n'étais pas le seul le penser, vu le petit groupe de personnes qui l'entourait. Il dégageait un truc, une chose inexplicable qui transperçait de tout son être. La chanson se termina. Les gens applaudirent, déposant au passage quelques pièces dans son bonnet en laine et se dispersaient. Il commençait à ranger quand j'osais enfin m'avancer. Tout de suite, il remarqua ma présence et un p'tit sourire s'étira sur son beau visage.

-Je n'ai pas pu attendre jusqu'à demain

-Je vois ça, je ne pensais pas avoir un tel effet sur les hommes

Il me taquina et me lança un clin d'œil

-J'aimerai beaucoup passer la soirée avec toi et t'inviter à dîner

-Je...écoute Louis, je... regarde moi...j'suis à la rue et j'ai pas un sous...j'vaux rien. Sur le coup, là, t'as pitié, tu penses m'offrir monts et merveilles. Mais j'en veux pas, j'veux pas ton argent ni de ta pitié et encore moins de ta gentillesse. La, c'est Noel, alors t'as, comme tout ces cons, un élan de bonté. Après, ça te passera, tu te lasseras et tu me laisseras alors non. Je pense pas que ce soit possible Louis, bonne soirée.

Encore la dernière fois, j'étais sur le cul mais là je ne sais même plus où je suis. Je ne pensais pas à ça, je ne pensais pas à l'acheter ou quoique ce soit.

-Harry, attends putain !

Je courrais aussi vite que mes p'tites jambes me le permettaient pour le rattraper, j'avais loupé tellement de choses dans ma vie que je refusais qu'il en fasse parti. Il méritait mieux, il méritait la lune et plus encore . Alors quand je l'atteignis enfin, je n'hésitais pas une seule seconde et me lançai :

-P'têtre que je vaux pas le coup moi aussi ! La question n'est pas : est ce que je voudrais de toi mais est ce que tu voudrais de moi, Harry ? Regarde moi bien, regarde mes putains de yeux ! P'têtre que j'suis pas à la rue, p'têtre que j'ai quelques sous qui me permettent de subsister à mes besoins. Mais au fond, Harry, j'suis rien, j'suis qu'une âme brisée. J'ai tout abandonné, j'ai tout laissé tomber car je n'en n'avais plus la force. Ma mère, la personne, la plus chère à mes yeux est morte et j'suis là pleurant à tes pieds alors que je te connais même pas. J'suis là car j'suis un orphelin du monde, un lâche qui a peur de prendre sa vie en mains. Un con qui tombe amoureux d'un mec alors qu'ils couchent avec des filles et qu'il se dit hétéro. Un gars qui a un avenir incertain et qui tombe amoureux d'un gars aussi paumé que lui. Et j'suis désolé Harry, si certainement, j'suis pas à la hauteur de tes attentes. Je n'ai pas le monde à t'offrir, je ne te propose pas monts et merveilles. Y'a juste cette petite lumière, une lueur d'espoir qui brille en moi en ta présence. Alors est ce qu'il encore envisageable que ce soit possible, Hazza ?

Pour seule réponse, il n'y eut que ses lèvres sur les miennes. Ce n'était pas la réponse la plus claire et explicit de tous les temps mais c'était la meilleure des réponses.