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Si l'on m'avait affirmé que je retournerais à Vélmora aujourd'hui, j'aurais probablement balayé l'idée d'un revers de main, sans même lui accorder l'ombre d'un intérêt.

Et pourtant, me voilà de nouveau dans cette ville que j'avais quittée il y a à peine quelques jours.

Pourquoi ?

Parce que je veux savoir. Il le faut.

Je veux comprendre pourquoi le prince Akzak a ordonné qu'on me surveille. Comprendre ce que son mystérieux garde cherchait à me révéler lorsqu'il a laissé échapper, presque à regret, que je courais un danger.

En danger ? De quoi ? De qui ?

Que sait-on de moi que j'ignore encore ?

Est-ce lié à ces mystérieux messages que j'ai reçus ?

Je n'en ai pas la moindre idée.

Mais lorsque j'ai demandé au garde de me conduire auprès du prince, mes propres mots m'ont surprise.

Mais c'est indéniable qu'il faut que je lui parle et qu'il m'explique pourquoi il me fait surveiller.

Depuis plusieurs jours, je vis avec cette angoisse sourde, ce poids au creux du ventre qui me souffle qu'un regard se pose sur moi, constamment.

Je croyais à une simple paranoïa, une inquiétude sans fondement... jusqu'à ce matin.

Aujourd'hui, j'en ai eu la preuve.

Si le garde du prince me surveille depuis deux semaines, alors il n'y a plus de doute possible : je suis bel et bien en danger.

Et pourtant, selon lui, la seule manière d'obtenir des réponses était de m'entretenir directement avec le prince.

Une entrevue en personne, sans intermédiaire, sans détour.

J'ai hésité, longuement. Mais Vélmora n'était qu'à trois heures de Stormaven... Alors, portée par un instinct irrépressible, que je n'ai ni questionné ni offert à la sagesse de l'Esprit Saint, je me suis mise en route avec lui.

Il était exactement quinze heures lorsque nous atteignîmes Vélmora.

Dans mon esprit, tout était minutieusement chronométré : je ne devais rester que trente minutes avec le prince, pas une de plus.

Juste le temps d'obtenir les réponses nécessaires, avant de rentrer chez moi sans éveiller le moindre soupçon de mes parents.

Alors que nous approchions de la grande porte métallique, un souvenir me frappa.

La dernière fois que j'étais venue ici, la nuit couvrait tout de son voile épais, et mon esprit, agité, n'était pas en état de discerner les détails.

Mais aujourd'hui, la lumière dévoile ce que mes souvenirs avaient laissé flou.

Une chose, cependant, ne m'avait pas échappé, l'isolement de cette demeure.

La villa du prince est située à l'écart de tout.

Pas une maison voisine. Rien qu'un vaste silence.

Pour un homme qui prétend aspirer à une vie simple, fondue dans la foule, il semble avoir choisi la stratégie la plus contradictoire.

Mais je ne suis pas venue ici pour juger de ses contradictions.

Le portail s'ouvrit de lui-même, dans un murmure discret.

Nous pénétrâmes dans l'enceinte de la propriété.

Le garde, silencieux, guida le véhicule jusqu'à l'intérieur du vaste garage.

Trois voitures étaient déjà là, immobiles.

LE PRINCE ET LA CHRÉTIENNEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant