« Père ! Laissez-moi parler, je vous prie ! Je ne connais guère cet homme dont vous vous évertuez tant à vanter les mérites. Je ne nous connais aucune passion commune et ne lui ai adressé la parole qu'une seule fois, lors du bal. Vous ne sauriez me contraindre à une telle union ! » fit-elle en s'agenouillant aux pieds de Capulet, serrant sa main en la baisant. « Mon cœur, lui-même, ne saurait lui appartenir. Il le crie à m'en faire souffrir. Il hurle que je ne serais point heureuse auprès de lui. Et je suis si jeune, mon père ! Supporteriez-vous de me voir malheureuse ? Pourriez-vous vivre avec cela sur la conscience ? »
Elle serrait fortement sa main dans la sienne, les larmes coulant le long de ses joues et le regardait avec des yeux suppliants.
« Le pourriez-vous Père ? Le pourriez-vous ? Vous qui clamez haut et fort votre amour pour moi ? Osez me le dire en face ! Osez me dire que mon malheur vous importe peu ! Et si tel est le cas, si après ce que je viens de vous dire vous ne changez point d'avis, j'irais me donner à la Mort ! Vous aurez mon décès sur la conscience, mon père. La mort de votre fille ! Celle dont vous aurez forcé l'union avec un homme qu'elle n'aimât pas. Un homme dont toutes les qualités que vous appréciiez n'avaient guère atteint son cœur ! Si vous ne m'en croyez pas capable, je puis vous assurez que vous auriez grand tort de penser ainsi. »
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Si Juliette avait répondu à Capulet...
Historische RomaneEt si Juliette avait répondu à Capulet quand il lui a annoncé son mariage avec Pâris ? Si elle lui avait tenu tête ?