Arriver

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L'air était étouffante, irrespirable, asphyxiante et ce, malgré l'ombre du mur planant autant sur la capital que sur les habitants. Malgré cela, l'agitation qui régnait était étourdissante. De chaque ruelle sortait des passants convergeant vers l'immense marché qu'était la place principale. Chose étonnante, celle-ci était construite en périphérie de la cité, servant davantage aux gens de passages qu'aux citadins. Les étales étalaient leur plus beau article, arguant d'un air avenant leur qualité supérieur avec ferveur.

Certain traînait leur troupeau personnel aux côté de leurs concurrents. Une véritable guerre commençait, d'un côté les acheteurs exigent et de l'autre les vendeurs tout aussi exigeants. Au milieux, les pauvres victimes de ce conflit se retrouvaient traîner par leur nouveau propriétaire avec résignation, ayant accepté leur sort depuis bien longtemps. Ces victimes finiront tristement leur vie abattue comme des chiens pour une maladresse ou simplement pour une lubie de leur maître. Telle était la vie d'esclave et courbé l'échine était la meilleur moyen de survie.

Néanmoins, ceux ayant le regard trop farouche, ceux n'attirant l'intérêt d'aucune personne ou encore ceux maîtrisant la magie se voyaient rapidement évacuer par leur geôlier. C'est là que la position peu habituel, autant de la capital que du marché, prenait tout son sens. Ici, à Nocre, siégeait la plus grande fierté du royaume de Sochero. : Le Colisée.

Construit à même le Mur du Temps, une gigantesque falaise s'étendant bien au delà du nord et du sud bloquant ainsi tout l'est du continent et si haute qu'on la croirait toucher le ciel, ce lieu est le théâtre ou s'exhibe les héros et les perdants. Gloire et défaite, mort et vie, le tout dans un spectacle dédié uniquement au plaisir des spectateurs. Cet endroit est une tombe et les champions paradent sur un tapis qui sert de linceul aux mort, rouge d'un sang qu'ils ont eux même fait couler.

C'est là que finissent les rebuts que les marchands sont incapables d'écouler, vendu à moindre coût comme chair à canon. Ainsi, des files de prisonniers s'entassent devant les immenses portes du Colisée, destiné à une mort adoucie par le parfum mensonger de l'espoir. Une chance les attendent peut-être à l'intérieur de ces murs...

Les gardes circulaient parmi les colonnes, comptant les têtes. Les femmes étaient séparée des hommes, donnant souvent lieu à des crises de larme et de violente protestation. Qui se soldaient toute par un coup de masse sec. Les malchanceux, mort sur le coup, se faisait rapidement évacuer et cela devenait le rôle des prisonniers, pied et point enchaîner, de transporter ceux simplement assommé.

Les geôliers reprirent leur ronde, les prisonniers relativement silencieux mais néanmoins calmé. Pour les plus chanceux, ils portaient encore leur pantalon, voir leur chemise, souvent dans un piteux état. De côté des femmes, le constat était désolant. Certaine était couverte d'un sac de patate mais nombreuses se sont drapé d'un voile de saleté censé camoufler les sévices s'étalant sur leur peau ainsi que leur honte. Après des jours entiers de marche avec une pitance à peine suffisante pour nourriture un chat, certain tenait à peine debout, leur peau moulant leur os leur donnant un air de squelette avant l'heure.

Un peu plus loin, un jeune homme s'avançait parmi les prisonniers, les dévisageant avec curiosité. Il leva le nez en l'air, admirant la vue qu'offrait le Mur du Temps à cette endroit. La vue était effectivement magnifique. Gravé sur l'imposante double porte en bois franc, d'une hauteur respectable d'une dizaine de mètre, dansait dans ces cieux des combattants humanoïde vaguement humain, tombant sur des hommes et des femmes répliquant sauvagement à chacun de leur assauts. De chaque côté de la porte, environs à son deux tiers, des meurtrières discrète mais bien présente se cachait au travers de gravure représentant des dragons et des êtres d'une beauté phénoménal regardant la scène d'un œil critique. Puis, à chaque dizaine de mètre vers le haut, des arches dans le mur font office de fenêtre. Le tout continue ainsi d'un côté comme de l'autre sur une centaine de mètre, les gravures faisant de plus en plus référence à des événements récents comme des champions s'étant pratiquement élevé au rang de légende.

La texture métallique d'une armure contre sa joue mit rapidement fin à son observation et il dû ramener son attention sur ce qu'il se passait devant lui. Un geôlier, probablement haut gradé, le toisait d'un regard suspicieux. Le crâne chauve, la balafre barrant le côté droit de son visage, ses sourcils froncés et sa quarantaine passé lui donnait un air des plus antipathique.

Les regards des autres prisonniers étaient braqués sur lui, la tension était palpable mais le jeune homme ne semblait même pas s'en rendre compte. Il fixait d'un air de plus en plus défaillant le geôlier dont le regard se faisait de plus en plus dur. Ce dernier scruta le visage du jeune homme avec attention, s'attardant sur ses traits vaguement asiatiques, sa peau tellement couverte de crasse qu'elle était de la couleur du sable, ses vêtements en lambeaux et son visage creusé par la faim. Le fixant à nouveau dans les yeux, le jeune homme tressaillit et et se tassa sur lui même, intimidé. Il évita soigneusement son regard, promenant ses yeux avec frénésie partout autour de lui. Suspect, il n'y avait aucun autre mot pour décrie cet individu.

- Qu'est ce que tu fais ici??

La voix rauque du geôlier claqua dans l'air, clair malgré le brouhaha s'échappant du marché non loin. Le jeune homme ramena rapidement son regard sur son interlocuteur, nerveux.

- Je cherche minou...

- P'TIT CON, TU t'FOU D'MA GUEULE!

Ce n'était même pas une question mais une affirmation. Sans ménagement et à la grande surprise du jeune homme, il se retrouva enchaîner comme les autres prisonniers, à l'arrière d'une file. Des menottes au poignet, relier à l'homme devant lui par une autre chaîne, il tenta de protester mais sans succès.

Une note ajoutée sur un calepin, son identité réduite à l'état d'une unité parmi tant d'autre, il venait de perdre sa liberté, prit pour un esclave en fuite. Il jeta un regard à gauche et à droite et il s'humidifia les lèvres sous la nervosité. Finalement, son regard échoua sur les épaules carrés et le dos musclés bardés de cicatrice de l'inconnu devant lui, enchaîné comme lui. Il se racla la gorge, tentant d'attirer son attention.

- Hum... Est-ce que tu as vu minou?

L'inconnu se tourna à moitié, dévoilant un profil au trait grossier mais néanmoins jeune, une barbe de plusieurs jours lui mangeant le bas du visage et ses cheveux sombre dissimulant partiellement ses yeux semblables à des charbons qui le fixait. Il déglutie, l'inconnu le dépassait largement d'une demi tête. Il était aussi banal qu'il était effrayant, semblant pouvoir tuer n'importe qui de sang froid sans sourciller alors qu'on ne lui accordait aucune attention particulière. Le temps sembla se suspendre et le jeune homme déglutit. Finalement, après un claquement de langue agacé, l'inconnu se détourna, se concentrant sur ce qu'il se passait autour de lui. Souffler par ce vent brûlant, le jeune homme se tut, regardant ses pieds avec malaise.

Finalement, après de longue, très longues minutes où le soleil eut le temps de passé par dessus le mur pour les narguer de ses rayons ardent, ils passèrent finalement par une porte dérobée, avançant dans l'ombre de la gloire des vainqueurs. 

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⏰ Last updated: Dec 19, 2018 ⏰

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L'Épopée du ColiséeWhere stories live. Discover now