||Thirteen||

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J'avais donc choisi délibérément d'être avec Ibrahima, plutôt qu'avec Salem, malgré mon amour indéniable pour lui, parce qu'il me semblait que c'était la décision la plus convenable à prendre. Cela faisait plus de deux semaines que j'étais avec Ibou, et notre relation, comme je l'ai précisé dans la partie précédente, se passait à merveille. Il ne me donnait aucune raison de me plaindre : c'était un parfait gentleman. Il me faisait livrer des viennoiseries pour mon petit déjeuner tous les jours par son chauffeur, me faisait sortir tous les week-ends, m'emmenait dans des restaus luxueux, m'offrait des cadeaux de grande valeur (parfums de marque, robes de grands couturiers...).

Mais comment dire ? Je ne faisais que vivre selon la convention sociale qui imposait aux filles Sénégalaises de choisir un homme avec une bonne situation professionnelle, et qui s'avérerait un bon mari capable de subvenir à tous nos éventuels besoins. Je ne faisais donc que vivre ma vie et suivre les règles de bienséance que la société Sénégalaise édictait depuis l'aube des temps. Le seul hic du tableau, c'est que d'une part, lorsqu'Ibrahima m'embrassait, je ne ressentais rien. Absolument rien. Ses baisers me laissaient de marbre, et j'étais étonnée qu'il ne l'eût pas remarqué. Le pire, c'est que, quand il m'embrassait, pour faire passer le temps, mon esprit errait vers d'autres horizons : je m'imaginais être dans les bras de Salem, roucoulant de plaisir. D'autre part, je n'étais pas heureuse, je n'étais plus la Sarah d'avant, extravertie et gaie. J'avais perdu mon insouciance et j'avais vraiment du mal à me reconnaitre. D'ailleurs, je fuyais même mon regard à travers le miroir, je détestais tout simplement l'image qu'il me renvoyait : une jeune fille modèle qui se fondait dans le moule et qui n'était pas en phase avec ses convictions personnelles. Pour me rassurer, je me disais que peut être c'était ça le fait de grandir : prendre des décisions douloureuses, mais fort raisonnables et sensées.

Bref, donc j'avais suivi ma raison au détriment de mon cœur. Et je suivais mes résolutions dont le fil de conduite était d'oublier au plus vite Salem. C'était donc mon objectif premier. Et je m'y engageais tant bien que mal jusqu'au jour où ma mère, Malick et moi, revenions de chez ma Grand-mère et ma mère, par je ne sais quel hasard, décida de faire un crochet chez Tata Ndéye Fama (la maman de Salem), sous prétexte que cette dernière savait que j'étais à Dakar depuis un mois, et que la moindre des choses, c'était d'aller lui rendre visite.

Bien sûr, je ne pouvais me plaindre parce que ma mère ignorait tout simplement que Salem était l'objet de mes pensées. Elle était même très loin de s'en douter. Dans la voiture, je fis une prière silencieuse : pourvu que Salem ne soit pas chez lui. Pour dire vrai, j'étais partagée entre l'envie irrépressible de le revoir, et la peur, sans oublier la honte que le texto sec et tranchant que je lui avais envoyé, me causait.

Dès que Maman nous annonça qu'on ferait un détour chez Salem, Malick commença à crier des « Youpi », fou de joie. Ce gosse était tout simplement insupportable. Je ne savais guère comment mes parents faisaient pour le supporter. Mais bon, les enfants, c'est comme les pets, on ne supporte que les siens. En tout cas, Malick avait l'air de vraiment apprécier Salem, surement parce que ce dernier jouait à la playstation avec lui lol.

Arrivés chez les Salem, dans un quartier résidentiel de Dakar, je me mis tout bêtement à réciter des versets de coran et des invocations. Je sais, c'est bête de faire cela dans une situation aussi cocasse, mais je ne pouvais m'empêcher de le faire à chaque fois que j'étais déstabilisée. On sonna et une jeune fille nous ouvrit la porte. Elle était toute mignonne, mais ultra timide, et desserrait à peine les dents. D'après ce que j'avais compris, c'était Naima la petite sœur de Salem. On nous installa dans un salon marocain, et la fameuse Tata Ndéye Fama ne tarda pas à venir nous voir. Waouh, maintenant je comprenais mieux d'où Salem tenait sa beauté. Sa mère était divinement belle, avec des yeux marrons à vous couper le souffle.

Elle était très gentille, et apparemment c'était la nouvelle meilleure amie de ma mère, vu à quel point elles s'entendaient. Des éclats de rire à vous casser les oreilles, et à fendre les murs. Des vieilles aussi bavardes que des pies ! Bref, donc jusque-là, tout se passait bien, je buvais ma boisson tranquillement tout en observant discrètement la décoration. Mais c'était sans compter sur mon bigre de petit frère qui réclamait Salem. Qu'est-ce qu'il avait à piailler comme ça ce petit ? Tchiiip.

_Tata Ndéye Fama : Sarah, allez en haut, Salem et Naima sont là-bas. Vous serez plus à l'aise. Ta mère et moi avons d'ailleurs des choses à nous dire.

Des commérages à commenter wesh. Tchip j'avais juste envie d'étrangler Malick. On monta donc, et je suivais Malick vu que c'était lui l'habitué des lieux. Il toqua dans une pièce, et....Salem ouvrit.
Il s'agissait de sa chambre, visiblement. Mon cœur commença à faire des siennes. S'il était aussi perturbé que moi, il n'en fit rien paraitre. Il était calme et gentil, comme à son habitude. Il nous installa dans un autre petit salon et brancha sa playstation (ou celle de sa sœur ?), et commença à jouer avec Malick. Il m'ignorait royalement et m'avait juste salué. Bon d'accord, je lui avais dit de « me laisser tranquille, et que je ne sortirais jamais au grand jamais avec lui à cause de son âge », mais, on pouvait bien se comporter en êtres civilisés, non ?

Naima nous rejoignit au salon, elle me fit juste un sourire timide et commença à s'intéresser au jeu des garçons. Non mais Oh !! Je me sentais comme un extraterrestre face à ces accros de jeux vidéos. De plus, l'attitude de Salem à mon égard m'énervait au plus haut point. Quelle preuve d'immaturité de sa part, au moins, maintenant il me confortait dans ma décision. J'avais bien fait d'avoir choisi Ibrahima, à la place. Plus aucune envie de retomber sur un gosse pire qu'Ismaël. Salem laissa sa manette à sa sœur, qui jouait avec Malick, et repartit dans sa chambre.


Je pianotais les touches de mon portable pour faire passer le temps et tromper ma nervosité. Mais je ne tenais plus en place, je le rejoignis dans sa chambre. Je toquai, et avant qu'il ne puisse dire quelque chose, je fis irruption dans la pièce. Il paraissait surpris de me voir.

_Salem : Euh.... Je peux t'aider ?

_Moi : Ta maman serait déçue si elle voyait comment son fils traite ses hôtes.

Il resta silencieux. Putain, je détestais qu'on m'ignore. Ça me rendait folle !

_Moi : Tu n'as rien à dire pour ta défense ? A ce que je sache, je t'ai rien fait pour que...

_Salem : Qui a dit que tu m'as fait quelque chose ? Je ne fais qu'exécuter tes ordres. Tu m'as bien demandé de te laisser tranquille non ? Je ne fais que ça.

J'étais gênée. Il avait raison, j'aurais juste pu lui expliquer aimablement que nous deux c'était impossible, sans pour autant être sèche.

_Moi : Écoute Salem, je suis désolée si je t'ai blessé, mais crois-moi, je l'ai fait pour ton propre bien. Toi et moi ensemble, cela ne nous aurait apporté que des ennuis.

_Salem : Donc, si je comprends bien, tu es la mieux placée pour savoir ce que je veux, moi Salem ? Je ne sais pas si tu es au courant, mais je suis majeur et vacciné. Par conséquent, je suis capable de prendre mes décisions tout seul, merci bien ! Et ce ne sont pas de petits ennuis qui vont me faire renoncer à mes désirs et ambitions, contrairement à toi, d'après ce que j'ai pu constater...

_Moi : Un an de différence d'âge, t'appelles ça « petit ennui » ?

_Salem : Notre prophète Mouhamed (PSL) était moins âgé que sa femme Khadija de 15 ans. Je ne vois pas où est le problème Sarah. Mon âge ne définit ni ma maturité, ni ma personnalité. Trouve autre chose comme excuse bidon STP.

Je ne sus quoi dire, troublée par ses mots. Il continua :

-Salem : Déjà avec ton visage de bébé là, je me demande qui te croirait si tu disais que t'étais plus âgée que moi d'un an.
Je souris. Il avait réussi à détendre l'atmosphère.

_Salem : Bon, je suis désolé de t'avoir ignorée. C'était idiot de ma part. Mais c'est parce que je t'en ai longuement voulu pour m'avoir déclaré « affaire classée » juste à cause de mon âge. Je trouve ça injuste. Mais bon, ce qui est fait, est fait. Tournons la page maintenant, et soyons amis, comme on était destinés à l'être depuis le début, veux-tu ?

Je hochai tristement la tête, mais je ressentais des pincements au cœur. Putain ! Je l'aimais ce mec. Je l'aimais comme une folle, comme jamais je n'avais jamais aimé quelqu'un. C'est en le revoyant, que je réalisais que de toute ma vie, tout ce que j'avais ressenti auparavant pour mes ex, n'était que de l'attirance. Salem suscitait en moi des sentiments qui m'étaient, jusque-là inconnus.
Il m'invita ensuite à m'assoir sur son lit et on regardait ensemble « Ma famille d'abord ». C'était un épisode hilarant avec Michael Kyle qui faisait le pitre comme à son habitude. Mon malaise était donc passé, et j'étais concentrée sur l'épisode. Au bout d'un moment, Salem se retourna vers moi et me regarda intensément comme il savait si bien le faire et me dit :

-Salem : je suis vraiment désolé Sarah, mais je vais devoir faillir à ma parole...

Avant que je puisse saisir le sens de sa phrase, il m'embrassa. Oh mon Dieu, c'était juste indescriptible. Il m'embrassait goulument, et je me laissais aller, à savourer ses lèvres sucrées. Je nouais mes mains autour de son cou, m'adonnant à mon plaisir, et oubliant complétement que j'étais en couple avec Ibrahima. Notre baiser a dû durer 5 minutes au moins, et serait surement interminable, si quelqu'un n'avait pas subitement ouvert la porte. Oh mon Dieu ! On était foutus. C'était..............

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TOME 1 : Entre désillusions et trahisons, notre amour survivra-t-il ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant