Je souffre de problèmes d'anxiété. Quand je dis cela, ça ne veut pas dire que je me ronge les ongles ou que j'ai tendance à être un peu stressée quand je vais chez le dentiste ou faire une prise de sang. Non, je souffre de troubles anxieux, ce qui implique qu'il m'arrive d'avoir des accès de panique complètement irrationnels et j'ai passé le plus clair de mon existence de jeune adulte à tenter de comprendre et de contrôler cet aspect de moi-même, je suis agoraphobe.
Pour ceux qui traversent la vie sans problèmes d'anxiété, les émotions sont relativement prévisibles et ont une certaine logique : quelque chose vous arrive ou est susceptible de vous arriver, et en réponse vous ressentez de la peur. Mais pour une personne qui souffre de crises d'angoisse, cela ne se passe pas ainsi. Parfois, une petite chose peut avoir des répercussions incontrôlables dans notre tête, jusqu'à devenir complètement disproportionnée par rapport à la gravité réelle de la situation. Certains pourraient dire que la douleur émotionnelle est ce qu'il y a de pire, d'autres ne reconnaîtront jamais l'impact physique que cela peut avoir, car oui, SURPRISE ! Les crises d'angoisse et l'anxiété font mal, et ne se privent pas pour donner le meilleur d'eux-mêmes lorsqu'il s'agit de faire souffrir. Tu pensais qu'une rupture était difficile à surmonter, persuadé de ne jamais te remettre de cette peine brisant ton coeur en petits morceaux ? Attends, laisse-moi te présenter l'anxiété ;
Lorsque j'ai rencontré Anxiété, je ne me suis pas tout de suite aperçue de sa présence, parce qu'il faut savoir qu'elle est plutôt du genre discrète et timide aux premiers abords. Elle reste dans l'ombre tant qu'on ne lui accorde pas d'attention, mais une fois les présentations faites... C'est de ce type de rencontre qui marque les esprits et les tourmente chaque nuit. C'était en 2013, l'année de mes 20 ans qu'elle a décidé de débarquer dans ma vie. Elle s'est présentée comme étant une amie de Dépression (une connaissance de longue date), je la connaissais bien, et sa présence ne me perturbait pas plus que cela. C'est comme les chutes de tension, à force de vivre avec on s'adapte et en oublie même ce que c'est d'être dans notre forme initial. Au début je ne la voyais pas souvent, elle apparaissait juste quand j'en avais besoin, après les disputes entre mes parents, les problèmes au lycée, les relations compliquées. Je crois que je n'ai pas réalisé tout de suite l'emprise et le pouvoir qu'elle prenait sur moi, mon corps, mon esprit. J'ai fini par la suivre aveuglément et lorsque j'ai compris qu'elle était là, vraiment là, tranquillement installée au plus profond de moi, je m'étais déjà perdue et elle invita tous ses petits amis à se joindre à la partie. Migraines, nausées, palpitations cardiaques, tensions musculaires, insomnies, épuisement, vertiges, difficultés respiratoires, voici ce qu'implique l'anxiété, sous différentes formes et intensités selon les individus. Certaines personnes ont le sentiment de se faire arracher les boyaux, d'autres contractent leurs muscles tellement fort que leur corps entier se retrouve courbaturé, quelques-uns ne supportent pas la douleur et finissent par faire un malaise. Alors oui, l'anxiété fait mal, mais pas que dans la tête comme certains se plaisent à répéter constamment. Croyez-moi, nous savons parfaitement que c'est dans notre tête et irrationnel, et c'est justement ce qui est le plus frustrant, d'avoir conscience d'une chose contre laquelle nous ne pouvons ni agir ni contrôler. Être prisonnier de son propre corps, témoin de cette démence infondée, la sensation d'avoir dans notre cerveau un système défectueux, comme une alarme incendie qui se déclencherait effleurée par la moindre petite particule de poussière.
Les personnes qui en souffrent aimeraient bien que leur entourage proche ou non se rendent compte de ce que cela implique réellement. Il y a des jours où l'anxiété est plus forte que d'autres, et des jours où nous sommes comme exempté de tout ses symptômes. Et cela influe sur la manière dont nous réagissons aux différentes situations, ce qui peut nous donner l'air imprévisible. Comme pour tous ici-bas, nous avons des bons comme des mauvais jours, et nous nous réveillons chaque matin avec cette même question :
"À quelle sauce vais-je être mangé aujourd'hui ? "
La frustration que vous ressentez face à vos pensées qui partent en sucette, votre fatigue, le fait que vous nous trouviez difficiles à supporter, votre agacement face aux choses quotidiennes de la vie. Nous aussi, nous sommes frustrés, fatigués, énervés envers nous-mêmes. Votre désir de tout simplement nous arrêter lorsque nous faisons une crise, comme vous aimeriez interrompre les caprices d'un enfant de 5 ans. Nous savons que vous ressentez ces choses, cela se voit comme le nez au milieu de la figure. Et puis, nous le ressentons aussi envers nous-mêmes, ne l'oubliez pas. Qu'est-ce que je ne donnerais pas dans ces moments-là pour avoir la télécommande magique pour pouvoir appuyer sur "STOP". Nous aimerions vraiment pouvoir tout simplement nous arrêter au beau milieu d'une crise, avoir ne serait-ce qu'une petite pause, que notre esprit s'accorde avec notre corps pour obtenir une trêve.
Le pire que vous puissiez faire, c'est d'en rajouter une couche, accentuer notre détresse. Et je ne parle pas de ces petites frustrations comme lorsqu'on passe une mauvaise journée, en regardant les heures passer pour rentrer illico presto chez soi pour enfin se libérer de toutes ces agressions qui n'ont de cesse de nous piquer. Ce n'est pas comme les cris des enfants ou leurs pleurs incessants qui finissent par se taire, ni comme ce paquet de gâteau qu'on s'est mis de côté pour plus tard et qui a finalement été repéré et manger par un autre (oui, toi, toi qui me lis et qui fais ce genre de choses, je te déteste de toute mon âme, tu es un tortionnaire d'estomac et un briseur de coeur !). C'est plutôt délicat, car vous pourriez le faire sans même vous en rendre compte. Les personnes qui souffrent de ce genre de trouble sont souvent hypersensibles et perçoivent beaucoup de choses dans les comportements, les mots, les attitudes des autres. C'est peut-être aussi cela qui conduit à l'angoisse ; le fait de percevoir, justement, trop de choses.
Même si l'anxiété est une chose que nous devons gérer au quotidien, elle n'en reste pas moins une partie intégrante de nous. Elle nous influence dans les choix que nous faisons, dans notre manière de voir le monde, elle façonne même petit à petit notre personnalité. La voir uniquement comme un ennemi ou une chose à soigner, c'est rejeter cette partie de nous-même et lui retirer toute valeur. C'est difficile à accepter, autant que cette petite voix intérieur que l'on ignore et finit par ne plus entendre, et pourtant cela peut faire énormément de bien, de s'écouter, se comprendre réellement. Il est tout à fait acceptable d'être une personne anxieuse, et il n'y a aucune honte à avoir.
L'anxiété peut être perçue de différente façon, un peu comme tout au fond, car tout n'est qu'une question de point de vu. Tout commence lorsqu'on décide de cesser de paraître, et d'être, chaque événement n'est alors plus une punition, mais une invitation à grandir.
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Souᴌmission
Short StoryUn esprit libre dans un corps enchaîné, des sentiments enfermé qui ne cherche qu'une issue pour s'échapper, mais ils restent comme ces pensées, prisonniers, dans cette gorge tel un oiseau battant des ailes dans une cage, tout ces non-dits et omissio...