Chapitre 20: À jamais dans mes pensées

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Ashley ne parvient pas à aligner deux mots.

- Calme-toi Ash, respire sinon je ne vais pas réussir à comprendre, dis-je.

Elle prend une grande inspiration avant de déballer d'une traite :

- J'ai besoin que tu m'amènes d'urgence à l'hôpital. Tiago n'est pas là et il a pris notre voiture.

- Ne bouge pas j'arrive. 

- Merci ma belle.

Je raccroche rapidement et sors de la salle bain pour partir à la recherche de Steven. Heureusement, celui-ci n'est pas difficile à trouver. Je l'attrape par le bras et l'informe :

- Ashley a besoin de moi pour que je l'amène à l'hôpital voir sa mère. Tu veux bien me passer les clés de la voiture ?

- Je t'y conduis si tu veux.

- Non, je préfère y aller seule si ça ne te dérange pas.

- Ah euh... non pas de soucis. Tiens les voilà.

- Merci, dis-je en récupérant le trousseau. Je passe te récupérer après ?

- Non je me débrouille t'en fais pas. On se retrouve à la maison.

- Merci Stev' à tout à l'heure ! Tu m'excuseras auprès de tes parents.

- Oui. Fais attention sur la route.

Je sors de la maison et entre dans la voiture. Je mets le moteur en marche et me dirige vers chez Ashley qui doit habiter à un peu moins d'une demi-heure de route. Vu le son de sa voix tout à l'heure, je sais très bien qu'on ne va pas là-bas pour une bonne nouvelle, bien au contraire. Cette situation me rappelle tellement la mienne. J'étais dans le même état il y a quelques mois. Je me souviendrai toujours de ce jour-là : elle sortait du cabinet après un énième rendez-vous pour voir l'évolution de son cancer grâce à la chimiothérapie. Elle m'a serré tellement fort dans ses bras que j'ai cru mourir d'étouffement. Elle m'avait dit en pleurant :

- Ça y est ma chérie ! C'est fini !

Ce jour-là on pensait tous que c'était la fin de ce long combat. Cela faisait trois ans que le cancer la détruisait, trois ans qu'elle enchaînait les chimiothérapie, revenant toujours de plus en plus affaiblie. C'était une délivrance quand le médecin nous avait dit que le cancer était éradiqué. On avait repris notre vie normale : les pique-nique dans les bois, les batailles de coussins dans le salon, la préparation de gâteaux qui étaient la plupart du temps ratés. Tout ça faisait notre quotidien. C'était nos moments de bonheur. On était tellement heureux que la maladie ne l'ai pas emportée. Puis est arrivé ce jour où, après un scanner, le médecin nous a annoncé qu'elle avait besoin d'une chirurgie cardiaque d'urgence. Sa vie était en jeu. Je me souviendrai toujours des larmes qu'elle a versé quand elle nous l'avait annoncé. Elle connaissait les risques. Elle savait qu'une chirurgie à cœur ouvert était dangereuse. J'ai été la dernière personne qu'elle a pris dans ses bras. Elle m'a chuchoté en me serrant encore plus fort :

- Je vais revenir, ne t'inquiètes pas pour moi. Je t'aime ma chérie.

Je n'avais pas répondu. J'aurais dû lui dire que je l'aimais aussi, j'aurai dû lui dire tout ce que j'avais sur le cœur à ce moment. Mais je me suis contentée de la tenir dans mes bras. J'étais persuadée qu'elle allait revenir, je pensais que l'univers allait encore la sauver... Pendant les plusieurs heures de son opération, j'étais restée assise sur une chaise dans le couloir à attendre. Plus le temps passait, plus je stressais. Je sentais que quelque chose n'était pas normal. L'opération ne devait pas prendre autant de temps. Le médecin était arrivé après six heures d'attente et à la vue de son visage, j'ai directement compris qu'il ne nous apportait pas de bonnes nouvelles. Il n'avait même pas encore parlé que les larmes avaient commencé à couler le long de mes joues. 

Amour InterditOù les histoires vivent. Découvrez maintenant