Julia paressait, confortablement installée sur un divan. À demi-allongée. Sous le péristyle du jardin. Elle s'éventait mollement, profitant de la fraîcheur venue avec la première veille après une journée particulièrement accablante de chaleur. Quintus avait été invité à dîner et elle avait refusé de l'accompagner. Rien ne la retenait pourtant à la villa. Gaïus se trouvait en parfaite santé et Routh s'occupait de lui avec dévouement. L'enfant avait tété au moment où Quintus avait commencé à se préparer, il n'aurait pas crié après sa mère avant la fin de la deuxième veille et elle serait rentrée bien avant que celle-ci ne sonnât. Mais Julia avait envie de rester tranquillement chez elle. Au calme..
Deux mois après leur retour à Patara, elle et Quintus étaient toujours le centre des attentions de leur clientèle respective. Et si Sotérios, l'intendant de Quintus, avait, comme il en avait l'habitude, géré toutes les affaires de Quintus, Andratus, après avoir su que Julia était en vie, en avait laissé beaucoup en suspens. Il avait envoyé les affaires courantes, géré les urgences, mais estimé la présence de Julia indispensable pour certaines autres. Particulièrement celles qu'elle menait de concert avec sa sœur et celles qui concernaient la gestion du Grand Domaine. C'est ainsi que Julia avait replongé à pieds joints dans la vie trépidante qui avait été la sienne depuis la mort de Saul à Alexandrie.
Elle avait rejoint Patara au printemps, au moment où le trafic maritime reprenait après cinq mois d'interruption. Les négociants, pris de frénésie commerciale, s'efforçaient de rattraper le temps perdu pendant l'hiver. Les ports débordaient d'activité et les navires s'élançaient joyeusement sur les mers, emportant dans leurs cales les cargaisons venues d'Orient qui attendaient depuis trop longtemps dans les entrepôts de partir vers d'autres lieux. Les capitaines de sa flotte avaient rappelé leurs équipages, recrutés leurs pilotes et se tenaient prêts à charger dans leurs cales tout ce que Julia leur ordonnerait de charger et d'emporter au-delà des mers ce qu'elle leur aurait confié. Les commis remplissaient des tablettes et trépignaient d'impatience. S'ils savaient ce qu'ils embarquaient, ils devaient encore recevoir des consignes et des commandes spécifiques. Que rapporteraient-ils d'Égypte, de Cyrénaïque, de Sicile, de Grèce, de Judée ou d'ailleurs ? Ceux qui n'embarquaient pas, s'occupaient des entrepôts et des magasins, et préparaient des convois qui partaient vers le nord, vers l'Arménie et les régions orientales. La domina était rentrée, tous étaient en attente de ses directives.
Sa vie mondaine avait aussi repris et elle ne pouvait échapper à nombre d'invitations. Elle courait les banquets, les spectacles, les soirées, recevait sa clientèle, les marchands, ses gens. Obligations aussi bien sociales que commerciales.
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Elle s'était inquiétée du domaine de Bois Vert et avait interrogé Quintus sur ce qu'il projetait de faire pour relever le domaine dévasté :
— Les brigands ont attaqué la veille d'un jour festif, lui déclara-t-elle un jour alors qu'ils finissaient de dîner. Tout le personnel n'était pas présent. Sais-tu ce que sont devenus les survivants ?
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Le sable rouge
Historical Fiction78 ap. JC. Province impériale de Lycie-Pamphylie. Une gladiatrice, deux sœurs. Les mirages de l'arène, la haine de l'Empire. Une rencontre entre deux mondes, celui des esclaves et des hommes libres. Des jougs à secouer. Une liberté à conquérir. Mai...