12.Avigaël

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La fille qui serre un chemisier quasi inexistant sur sa poitrine attend une réponse. Elle a manifestement du mal à croire qu'avec mon physique, je puisse sortir avec un garçon comme Louis.

Le dégoût me retourne l'estomac. Louis n'est pas mon petit ami, il ne l'a jamais été. Il n'empêche que ça fait un mal de chien de le voir là dans ce couloir, la braguette ouverte, manifestement sur le point de coucher avec cette fille.

Je préfère ne pas l'entendre dire à cette garce que je suis bien la dernière personne au monde qu'il appellerait sa petite amie. Douleur ou pas, j'ai promis à Lottie de veiller sur son frère. Elle a senti qu'il avait des ennuis. Sa perception extra-sensorielle ne l'a pas trompée.

J'ai renoncé à aller au cinéma avec les autres après le dîner. J'étais fatiguée, et je commençais à avoir mal à la jambe. Je ne m'attendais vraiment pas à trouver Louis avec une fille.

C'est une gifle en pleine figure de les voir comme ça. Il est clair qu'ils ont déjà passé un bon bout de soirée ensemble. Elle est canon. De grands yeux bruns, des cheveux blonds, brillants et une taille tellement fine que je me demande comment tous ses organes peuvent tenir dans son corps. Ils sont peut-être tous allés se fourrer dans son opulente poitrine.

– Non, je ne plaisante pas, j'insiste, ayant miraculeusement retrouvé ma voix. Viens dans notre dortoir, Louis.

Il a l'air désemparé.

– Tu as laissé ta chemise dans ma chambre, lance la fille avec un grand sourire.

Elle espère sans doute qu'il va m'envoyer balader, ce en quoi elle n'a pas tort.

À mon grand étonnement, Louis me prend par le cou. Il sent la bière.

– Faut que j'aille avec elle.

Il bafouille un peu, ce qui confirme qu'il a trop bu. La fille retourne dans sa chambre, pour réapparaître une seconde plus tard. Elle lui expédie sa chemise à la figure.

– T'es un loser, lance-t-elle. Puis, se tournant vers moi, elle ajoute :

– Je te le cède volontiers.

Avant de claquer sa porte.

Louis et moi nous retrouvons seuls dans le couloir. J'écarte son bras d'un haussement d'épaules. Il n'a toujours pas remis sa chemise ni remonté sa braguette.

– Tu viens ? dis-je d'un ton impatient.

Je m'étonne un peu qu'il me suive. Je déverrouille la porte du dortoir derrière nous.

– J'ai besoin d'aide, bredouille-t-il en me prenant à nouveau par les épaules. La chaleur de sa peau rayonne à travers mes vêtements. Jadis j'aurais donné n'importe quoi pour qu'il m'enlace. Plus maintenant.

– Tu empestes la bière, je proteste en le repoussant. Et si c'est pour fermer ta braguette qu'il te faut de l'aide, tu te trompes de nana.

Il titube dans la pièce derrière moi et s'effondre sur le divan.

– Tu n'es pas la fille qu'il me faut, mais pour Niall, ça va très bien, c'est ça ?

– Ferme-la, Louis. Niall et moi, on est juste copains.

– Je te crois pas. Tu le chauffes, à mon avis.

– Mes relations ne te regardent pas. Ce n'est pas parce que je discute avec un garçon que je le drague.

– Ça, je le savais.

Il regarde autour de lui d'un air perplexe.

– Où est passé le reste de notre petite bande de barjots ?

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