Depuis que Louis a quitté Paradise, huit mois ont passé. Avigaël a mûri; elle pense avoir tourné la page de leur histoire d'amour et a repris sa vie en mains.
Mais quand le jeune homme réapparaît lors d'un camp d'été, soudain ses certitudes vacillen...
Allongé sur mon lit, je fixe le plafond. Lenny et Niall dorment comme des loirs. Je n'ai pas parlé à Avigaël depuis que nous avons battu en retraite dans nos chambres il y a quatre heures de ça. Je lui ai avoué que j'avais toujours envie d'elle. J'ai reconnu que je n'avais jamais cessé d'avoir envie d'elle. Et elle s'est mise à parler d'amour. D'amour, putain. Et d'honnêteté.
L'amour n'a rien à voir avec l'honnêteté. Il s'agit de protéger les gens auxquels on tient. C'est ça, l'amour.
J'ai dit à Avigaël que j'avais toujours envie d'elle et qu'on devrait céder à nos désirs. C'était bête de ma part, je m'en rends compte. Mais les mots sont sortis tout seuls. À cause de la bière peut être. Mais non. Je savais parfaitement ce que je faisais. Ce qui ne rend pas la chose moins stupide pour autant.
Pendant toute la semaine qui suit, Avigaël m'ignore complètement. Chaque jour nous nous rendons dans un endroit différent. Damon nous présente à l'assemblée avant de nous inviter à raconter nos histoires sordides. On s'y colle tous. La mienne est la plus courte. « J'étais ivre et j'ai renversé une fille. Ça m'a valu une peine de prison d'un an. Mes parents m'ont pratiquement chassé de la maison et j'ai perdu ma petite amie. J'ai écopé d'une suspension de permis de trois ans et je vis plus ou moins dans la rue maintenant. Alors euh, ne prenez jamais le volant en état d'ivresse. »
La voilà mon histoire, et je m'y tiens. Jusqu'au jour où, à une table ronde dans un lycée quelconque, on me pose une question à laquelle je ne suis pas sûr de pouvoir répondre.
Elle vient d'un ado de quinze ans qui prend des cours de conduite pendant l'été.
– Ma question s'adresse au garçon en tee-shirt bleu au bout, fait-il.
Je regarde les autres. Malheureusement personne ne porte un tee-shirt bleu, à part moi.
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Diane me passe le micro.
– C'est quoi, cette question ? je demande d'un ton désinvolte, et ma voix résonne dans l'auditorium.
– Pourquoi est-ce que tes parents t'ont mis à la porte ?
Mince ! Suis-je vraiment obligé de répondre ? Ma sœur a refusé de dire la vérité à propos de l'accident, ma mère est accro aux médicaments et mon père en plein déni.
– C'est une bonne question, dis-je pour gagner du temps.
Je ne sais pas quoi ajouter. Vérité et mensonges se mêlent dans ma tête. Je me racle la gorge en réfléchissant à une réponse.
– Mes parents étaient gênés d'avoir un ancien détenu comme fils. En plus, ils n'ont pas trop apprécié que je flirte avec la fille que j'avais renversée.
– Pourquoi tu as fait ça ? persiste le gamin. Sortir avec la victime ? C'était une mauvaise idée, non ?
– Une très mauvaise idée, oui. L'une des plus idiotes que j'aie jamais eues. Question suivante ?
