E N P A U S E
Un bus. Une carte. Un pays. Six adolescents. Six histoires. Six secrets.
"Mesdemoiselles, messieurs, merci d'attacher vos ceintures. Les turbulences de la vie risqueront de secouer le navire durant quelques années mais, pas de paniqu...
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Nicolas.
Ni Charline, ni moi, ne parlons. Je pousse son fauteuil tandis qu'elle m'indique la route à suivre. Nous avons déjà photographié une dizaine de balises et il ne nous reste qu'une petite demi-heure avant de devoir retourner au bus.
- Je peux te poser une question ?
- Tourne à droite, m'ordonne-t-elle sans prêter attention à ma demande.
Je m'exécute, levant les yeux au ciel. Les roues grincent sur les pavés et la route se transforme brusquement en une impressionnante montée.
- Laisse-moi faire, dit-elle alors qu'elle observe une perte de vitesse de ma part.
- Non, c'est bon.
- Je te dis de me laisser faire. J'ai l'habitude.
Malgré son ton tranchant, je ne lâche pas les poignées du fauteuil et redouble d'efforts.
- Nicolas !
Je l'ignore, fatigué de ces incessants reproches.
- Nicolas, je ...
- Tais-toi, on est bientôt en haut, la coupé-je fermement.
Vexée, la jeune femme se renfrogne et marmonne quelques insultes inaudibles.
Finalement, nous arrivons en haut de la rue et observons avec contentement la ville de Toulouse.
- C'est cool d'être ici, déclaré-je, essoufflé.
Elle n'ajoute rien et nous repartons en direction de la balise en empruntant une petite ruelle à gauche.
- Merde, lâche Charline.
- Quoi ?
Elle pointe quelques marches nous barrant le passage.
- Tant pis. Fais demi-tour.
- Pas question ! On est tout près de la balise.
Elle lève les bras au ciel et s'exclame :
- Bordel, on ne peut pas passer ! Retournons à ce fichu bus.
- Je ne vais pas laisser un ridicule escalier nous faire perdre la course !
- Tu crois vraiment qu'on peut la gagner ? raille-t-elle.
- Et pourquoi pas ? rétorqué-je sur le même ton.
- Tu es sacrément naïf.
- Je préfère optimiste.
Charline rit et dit après quelques secondes :
- Comment comptes-tu passer cet escalier ?
- J'ai juste à porter le fauteuil.
- C'est le pire plan que j'aie jamais entendu, se moque-t-elle.
Je hausse les épaules et lui offre mon plus beau sourire, sachant pourtant pertinemment qu'elle a raison. Je n'arriverai jamais à passer ce ridicule escalier tout seul.
