Chapitre 4

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Tu as l'impression de le chercher pour mieux l'éviter. Les conseils de ta psychologue continuent à te trotter dans la tête sans que tu ne puisses les oublier.bLa situation devient plutôt gênante. Il est dans la classe à côté de la tienne alors pour l'observer c'est pas difficile, tu as entendu ses amis l'appeler Thomas et tu tends les oreilles pour attraper la moindre information qui voleraient près de toi. Tu as l'impression d'être un agent secret et ça fait un peu psychopathe dit comme ça.

T'essaie de l'oublier maisc'est plus fort que toi et pourtant dès qu'il tourne la tête, tu t'intéresses rapidement à autre chose. Il doit sûrement se rendre compte que quelque chose ne va pas, peut-être est-il assez poli pour feindre l'ignorance ou bien est-ce un simple abruti. Tu étudies le chemin qu'il prend pour éviter de le croiser, tes bras se fatiguent de faire un détour pour prendre l'ascenseur mais tu as peur de le faire fuir s'il a l'impression que tu le suis.

Depuis qu'Ariane t'a mit en tête l'idée de faire sa connaissance, tout tes sens sont en alerte dès qu'il s'approche un peu trop près. Comme le reste du monde, il t'ignore depuis que tu l'as remballé même s'il n'a pas vraiment l'air vexé. Tu as l'impression en pensant à lui qu'il y a quelque chose de dingue entre vous pourtant ça fait moins de vingt-quatre heure que tu sais qui il est.

__ Salut.

Tu tournes la tête et manque de t'étouffer avec l'eau que tu es en train d'avaler. Thomas se tient devant toi, l'air un peu soucieux, presque coupable.

__ S-salut.

Tu ne sais pas trop pourquoi tu as répondu, peut-être parce qu'il t'a pris au dépourvu, que tu ne t'y attendais pas ou qu'Ariane a vraiment une mauvaise influence sur toi mais qu'importe. Quand tu vois son visage s'illuminer et un sourire naître au coin de ses lèvres, tu ne penses plus à tout ça, t'essaie même pas parce que c'est la première fois depuis des années que tu as l'impression de rendre vraiment heureux quelqu'un.

__ Je m'appelle Thomas.

Tu hoches la tête avec la drôle d'envie de répondre : « je sais ».

__ Moi, c'est Loredana.

__ Tu veux manger avec moi ce midi ?

Tu as l'impression qu'il a mit tout son courage dans cette phrase. Il a débité trop rapidement ses mots et tu as besoin de quelques secondes pour comprendre le sens de ses dires. Il a les yeux brillants et la mine inquiète, comme si un refus le détruirait. Il semble en position précaire, tremblant sur un fil entre deux gouffres de par et d'autre de son chemin. Une seule secousse et c'est la chute. C'est un sentiment que tu ne connais que trop bien.

__ Non.

Tu actives brusquement tes mains et fuis le garçon pour t'engouffrer dans l'ascenseur. Tu te retournes juste un instant pour voir un autre garçon mettre sa main sur l'épaule du dénommé Thomas. C'est vraiment bizarre de voir un garçon en telle position de faiblesse, enfin de voir quelqu'un de toute façon dans cet état, peu importe son sexe.

Tu te mords la lèvre en appuyant sur le bouton de l'ascenseur qui te permet de descendre dans le réfectoire. Tu n'as pas écouté les conseils d'Ariane, tu as paniqué et voilà le résultat. Sans doute ne te parlera-t-il plus jamais maintenant mais c'est peut-être beaucoup mieux comme ça..

Dès que tu as fini d'avaler ta nourriture, tu ouvres un livre et reprend là où tu avais placé ton signet sans pouvoir t'empêcher de jeter des petits coup d'œil de temps à autres en direction de la table ou le brun rigole avec ses amis. Quelques fois, tu les envies. Dans ton roman, les deux personnages principaux galèrent comme toi pour arriver à terminer ensemble. La fille envoit une lettre d'amour au garçon et tout se passe bien. Tu crois pas être amoureuse de Thomas mais tu griffonnes quand même quelques mots sur un bout de papier en espérant trouver la force de lui donner. 

Ce soir, tu vas devoir subir l'épreuve du dîner chez le patron de ton père et autant dire que tu es loin d'être prête mentalement. À la fin des cours, tu te diriges vers la sortie rapidement en espérant trouver le garçon avant qu'il ne parte. Coup de chance, il semble attendre devant l'école. Tu avances vers lui et t'apprêtes même a ouvrir la bouche pour l'appeler quand une fille le rejoint et se met à rigoler avec lui. Tu n'es pas jalouse mais directement, tu n'as plus envie de l'approcher. Ton papier tombe au sol et tu roules dessus en avançant vers la voiture de ton père. 

« Désolée pour tout à l'heure, j'ai eu peur »

L'enfer est sur terreWhere stories live. Discover now