Chapitre 5

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Vous êtes arrivés deux minutes en avance chez les Cambria. Le temps pour papa de vous faire un rapide rappel de tout ce qui se jouait cette soirée et à quel point il vous fallait être la fille et l'épouse les plus parfaites. Vous êtes bien habillé, même toi dans ta jolie robe noire, tu as fait un effort. À dix-neuf heure pile, ta mère sonne à la porte alors que ton père tient une bouteille de vin dans ses mains. 

La porte s'ouvre et une magnifique dame apparaît devant vous. Elle pose sur toi un regard bienveillant alors que tu sens ta mère devenir verte de jalousie et ton père la dévorer du regard. Elle doit avoir l'habitude de provoquer ce genre d'effets ou ne pas s'en soucier car elle ne semble rien remarquer. La cascade de ses cheveux bruns donne envie d'y plonger sa main, elle semble irréelle tant elle est belle et pourtant ses yeux clairs ne portent pas la moindre expression, elle semble vide à l'intérieur d'elle même. 

__ Bonsoir, bienvenue, je suis Eléane Cambria, entrez, entrez !

Elle s'écarte alors que son mari apparaît derrière et bloque un peu plus le couloir. 

__ Ah ! Monsieur George, toujours aussi ponctuel à ce que je vois ! Voici donc votre épouse ? Vous êtes ravissante madame ! Oh et la petite Loredana, attendez, je vais vous aider à la faire entrer !

La belle dame prendre vos manteaux alors que ton père et monsieur Cambria soulèvent ta chaise pour te faire rentrer dans la jolie maison. Il y fait chaud et il y a une bonne odeur, votre hôte te conduit jusqu'au salon sans que tu ais ton mot à dire et te laisse près du divan. Dans un coin de la pièce, deux enfants en bas âges jouent avec un petit train et tu les regarde avec envie. 

Eléane les interpelle pour leur demander de nous saluer. La petite fille – qui semble être la plus grande des deux s'avance vers toi en tenant son petit frère par la main. 

__ Bonjour, je m'appelle Rosalie et lui c'est Phillipe mais il vaut mieux l'appeler Junior pour ne pas se tromper. 

L'enfant est adorable dans sa petite robe rose. Elle porte un nœud dans ses cheveux bruns comme ceux de sa mère et se dirige ensuite vers tes parents pour leur faire à peu près la même présentation. Le petite Phillipe juniors e cache derrière sa sœur comme s'il saluait les invités à contre cœur. Tu ne peux que le comprendre, tu n'aurais pas spécialement envie de faire connaissance avec tes parents à sa place.

Tu n'aimes pas trop le nom Rosalie, ça fait trop penser à Rose. Le petit garçon, lui, n'a vraiment pas de chance, porter le même prénom que son père... Quelle drôle d'idée. Eléane se dirige vers la cuisine et en ressort avec des zakouskis, tu l'aurais bien aidée mais elle aurait sûrement refusé que tu te mêles de ses préparations. Tes parents s'installent dans le salon entre adultes et tu pousses ton fauteuil jusqu'aux deux petits qui sont retourné à leur jeux. 

Le petit garçon semble plutôt méfiant mais la fille te donne directement un petit personnage et commence à jouer sur tes genoux. Elle doit être contente d'avoir de la nouvelle compagnie. 

Peu à peu, la glace se fissure. Maman se tient moins droite, la bouteille de vin se vide et des éclats de rires retentissent dans le salon. Junior veut monter sur tes genoux. Plusieurs fois, Eléane te demande si tu veux boire quelquechose et tu le demandes un verre d'eau. Le petit frère te câline et réclame que tu roules. Tu souris et active ta chaise roulante alorsqu'il rigole doucement. De loin, tu vois ton papa qui te jette un regard noir avant de se raviser en apercevant les yeux attendris que les Cambria posent sur la scène. Et toc !

Junior finit par redescendre alors que Rosalie veut monter. Tu as mal aux bras mais tu acceptes quand même, c'est la première fois que tu te sens aussi vivante depuis longtemps si on excepte l'épisode du sourire de Thomas. Le petit garçon te fait un dernier câlin.

__ Tu sens comme maman depuis qu'elle est revenue. 

Tu fronces les sourcils alors que Rosalie grimpe et niche sa tête au creux de ton cou avant de fermer les yeux pour mieux inspirer. 

__ C'est vrai, tu sens comme elle ! Maman ! Loredana elle sent comme toi !

Tu te retournes vers la dame qui t'observe déjà. Ta main se crispe sur ta chaise ; elle sait, cette femme, elle te croira.

__ Ne crie pas comme ça, Rosalie !


L'enfer est sur terreWhere stories live. Discover now